Aérien et tourisme durable : l’éternelle cacophonie des compagnies
C’est un sujet inévitable désormais, surtout lors d’un congrès du monde aérien. Comment pourra-t-on un jour conjuguer le transport en avion et le tourisme durable ?
« L’avenir, tu n’as pas à le prévoir, mais à le permettre.» C’est avec cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry que Vincent Etchebehere, le directeur du développement durable du groupe Air France-KLM, a conclu son intervention lors d’un débat du World Connect, organisé par APG. Cet événement, qui a réuni des compagnies du monde entier à Monaco, était l’occasion pour l’aérien mondial de se retrouver mais aussi d’envisager le futur après cette pandémie qui a exacerbé des problématiques, notamment celle du transport de demain.
Et une chose est sûre, c’est que les compagnies ne sont pas prêtes. Tout du moins pas prêtes pour avoir une voix commune. Chacun y va à son rythme et avec sa position.
Un constat qu’a fait d’emblée Thorsten Lange, le vice-président de Neste, une entreprise de l’Etat finlandais spécialisée dans le raffinage et leader mondial du diesel renouvelable.
« C’est fou le nombre de personnes qu’il faut encore convaincre qu’une aviation durable est la voie à suivre. Désormais il n’y a plus d’excuse à ne pas saisir l’urgence du sujet. Chaque pays, chaque compagnie, chaque citoyen doit agir. Je suis fatigué d’entendre encore les excuses de certains. Ce temps est terminé. Nous devons ensemble prendre nos responsabilités », a martelé Thorsten Lange devant le parterre de dirigeants de compagnie.
Des intérêts divergents : une situation beaucoup trop durable
Il faut dire qu’auparavant, sur l’estrade Tim Clark, le dirigeant d’Emirates, n’avait pas été dans le sens d’une aviation raisonnée. « Nous vivons actuellement le début de la fin de la pandémie. Je n’ai jamais douté que les gens voudraient revenir dans les avions le plus vite possible. Je n’ai jamais cru à un monde d’après qui se passerait du voyage aérien. L’aérien a une croissance régulière et cela va revenir très vite. Les conférences vidéos, les mails vont nous permettent d’augmenter nos transactions. Ils ne vont nous dynamiser. »
Alors comment faire pour que toutes les compagnies aillent toutes dans le même sens, à l’heure où elles sont en priorité tournées vers leur propre survie avant de penser à celle de la planète ? « Nous manquons d’objectifs clairs à atteindre, de feuille de route à suivre, sur le court et le moyen terme, reconnaît Vincent Etchebehere. Ce qui permettrait de plus vite mobiliser tout le monde, du client au gouvernement »
Yannick Assouad, la patronne de Thalès avionics abonde : « Il faut faire face à la réalité. L’agenda politique est trop lent. Les mesures prises sur les sustainable aviation fuel (SAF, Ndlr) sont trop timides. Nous devons faire face à la réalité. L’industrie doit faire sa révolution dès que possible. »
On le voit bien, entre constructeurs, pétroliers, prestataires et compagnies : les envies, les moyens et mêmes les intérêts divergent. Une situation qui dessert les intérêts environnementaux. Une situation qu’a très bien résumé Pierre Vellay, ancien d’Air France, désormais consultant spécialisé : « Joignez vos efforts. Passez outre les questions de concurrence et de confidentialité entre vous. Cela devient urgent ! »
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