A Paris, « des dégâts considérables » pour l’activité touristique
Le Comité Régional du Tourisme Paris Île-de-France vient de publier son bilan pour le premier semestre. Alors que l’activité a été mise à l’arrêt par le Covid-19, le manque à gagner est estimé à 6,4 milliards d’euros.
Des millions de touristes envolés, et des milliards d’euros de recettes perdues. C’est le bilan catastrophique publié ce jeudi matin par le Comité Régional du Tourisme Paris Île-de-France pour le premier semestre. Stoppée net par le Covid entre la mi-mars et mai, la fréquentation touristique se chiffre essentiellement par ses pertes : 14,3 millions de touristes en moins par rapport au premier semestre 2019 (9,4 millions, contre 23,7 millions) et un manque à gagner de 6,4 milliards d’euros (3,8 milliards d’euros de consommation, contre 10,2 milliards à sur la même période l’année précédente).
Sans surprise, la baisse est plus marquée au niveau de la clientèle internationale, avec une chute au 1er semestre du 68% des séjours, contre un recul de 54% pour la clientèle française. Ce qui, en termes de volume, représente un repli quasi identique de 7 millions de touristes. Mais l’absence de la clientèle internationale a un impact bien plus fort au niveau économique : -4,6 milliards d’euros, contre -1,8 milliard d’euros pour les touristes français, nettement moins dépensiers.
L’effondrement est particulièrement sévère pour les hébergements marchands. Sur l’ensemble du 1er semestre 2020, les nuitées hôtelières ont reculé de 61% par rapport au premier semestre 2019. Locations et meublés saisonniers accusent eux une chute de 47%. Au cours des mois de juin et juillet, plus d’un hôtel parisien sur deux était encore fermé. En Ile-de-France, hors de Paris, les chiffres sont meilleurs souligne le CRT, puisque près de 70% des hôtels étaient ouverts. “L’année 2020 sera une année de triste record de baisse de la fréquentation”, commente le CRT.
Sur l’été, des chiffres d’affaires qui plongent 60%
Les musées et monuments ne s’en sont pas mieux sortis au premier semestre, avec des baisses comprises entre 60% et 80%. Le musée du Louvre, musée habituellement le plus fréquenté au monde, fait état d’une chute de 64% de sa fréquentation. Lui aussi en mal de visiteurs étrangers, le Château de Versailles dévisse de 77%.
Sur l’été, en dépit d’une reprise progressive, la fréquentation touristique est restée largement en dessous des niveaux habituels, avec des diminutions de l’ordre de 50 à 60%. Les professionnels estiment leurs pertes de chiffres d’affaires à plus de 60% au cours des mois de juillet et août, rapporte le CRT. Une reprise progressive a malgré tout été observée à partir du 11 mai, souligne-t-il, avec d’abord le retour de la clientèle française, puis celui de la clientèle internationale de proximité, surtout en juillet et sur les premières semaines d’août. Les Allemands, les Britanniques, les Néerlandais, les Belges et les Espagnols étaient ainsi les clientèles les plus présentes. Le rebond de la fréquentation de ces clientèles entre juin et juillet est notable allant de +76% pour la clientèle espagnole à près de + 130% pour les Néerlandais (source Orange, connexion en roaming de téléphones mobiles étrangers).
Vers un label de sécurité sanitaire
Mais les mesures de quarantaine prises par le Royaume-Uni, puis la classification de certaines zones, dont Paris, en rouge par l’Allemagne et la Belgique, risquent de porter un nouveau coup à l’activité sur le deuxième semestre. « Paris et sa région sont « une destination sûre », a réagi Valérie Pécresse, la présidente de la Région Ile-de-France. « Nous avons été un peu inquiets et marris de voir que l’Allemagne et la Belgique l’inscrivent comme une région à risques. » Afin de rassurer les touristes étrangers, l’Ile-de-France travaille à élaborer un « label de sécurité sanitaire », qui comportera des « mesures très strictes », a-t-elle annoncé.
D’ici la fin du mois d’octobre, plus de la moitié des professionnels anticipent malgré tout une amélioration de leur activité, d’après le CRT. « Cette amélioration est toujours portée par les clientèles françaises et européennes de proximité. Les prévisions pour les marchés lointains restent pour l’instant très négatives. Sur la période de septembre à décembre 2020, le niveau des réservations aériennes venant des marchés lointains est inférieur de 80% à celui de l’année précédente, pour les aéroports parisiens. Pour les réservations venant des marchés européens, les prévisions sont légèrement meilleures”, indique-t-il.
Des aides pour les pros
Plusieurs dispositifs d’aide ont été déployés afin de venir en aide aux professionnels du tourisme de la Région Paris Ile-de-France. Plus de 210 M€ ont été accordés aux entreprises du secteur touristique en Ile-de-France dans le cadre du fonds de solidarité, soit 16% du total (1,3 Md€). 12% des Prêts à taux zéro Rebond Ile-de-France leur ont été accordées et ils représentent près de 20% des 2 800 demandes au « Fonds Résilience Ile-de-France et collectivités », détaille un communiqué. La Région Île-de-France a proposé début juillet un plan de relance incluant 15 M€ pour le secteur du tourisme. Ces financements ont permis de lancer des opérations de communication et de promotion, et 7 M€ sont directement fléchés pour venir en aide à des acteurs touristiques, précise le CRT.