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Comment l’aérien français se défend face à la polémique des jets privés

Critiqué, le secteur aérien tente de démontrer son importance, notamment celle de toutes les liaisons d’intérêt général. Un peu maladroitement.

Quand on parle d’environnement et de changement climatique, le transport aérien est de plus en plus invoqué. Voire ciblé. Il y a quelques jours encore, le gouvernement annonçait l’introduction de nouveaux prélèvements sur l’aérien pour financer le plan rail et la transition énergétique. Longtemps épargné, notamment en France où il joue un rôle économique majeur comme il se plaît souvent à le rappeler, le secteur de l’aérien le sent, la bataille des idées, tout du moins sur la scène médiatique, est en train de lui échapper.

C’est pourquoi la Fnam (Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers), l’UAF (Union des Aéroports Français), l’EBAA (European Business Aviation Association), le GIPAG (Groupement des Industriels et Professionnels de l’Aviation Générale) et le SNEH (Syndicat National des Exploitants d’Hélicoptères) ont décidé de prouver l’importance et la valeur de l’aviation générale et d’affaires, en s’appuyant sur une étude commandée au cabinet Arthur D Little. L’aviation générale et d’affaires est l’aviation des avions de moins de 19 places, des hélicoptères et des autres aéronefs (planeurs, aérostats, ULM).

L’aviation « générale » : un rôle important

D’après l’étude qu’ils ont commandée, l’aviation générale et d’affaires en France est un écosystème complet composé de plus de 500 entreprises. En majeure partie des PME et TPE localisées sur l’ensemble du territoire, regroupant près de 36 000 emplois directs et générant en 2019 un chiffre d’affaires de 7,6 milliards d’euros.

L’aviation générale et d’affaires « permet par exemple de fixer en région des centres de décision économique clefs comme les sièges de grandes entreprises ou de PME et ETI à rayonnement national ou international ». Plus de 75% des vols de l’aviation de transport à la demande sont effectués entre des villes sans liaison ferroviaire à grande vitesse rapide (inférieure à 3 heures 30) et sans alternative par l’aviation de ligne régulière.

Enfin, l’étude indique que l’aviation générale et d’affaires est par ailleurs une aviation utile. Le transport de personnes opère près de 80% de ses vols pour des déplacements à motif professionnel. L’essentiel des heures de vols réalisées pour le « travail aérien » le sont pour des motifs relatifs au service au public et à l’intérêt général. L’aviation générale et d’affaires est ainsi mobilisée en premier lieu pour les évacuations médicales, sanitaires et le secours aux personnes, puis pour la surveillance des réseaux d’infrastructures critiques et la lutte contre les incendies. L’aviation générale et d’affaires ne représenterait enfin que 4,6% des émissions de CO2 de l’aviation en France avec des émissions stables sur ces 10 dernières années.

Un argumentaire qui laisse songeur

Toutes ces informations sont donc à mettre au crédit de l’aviation générale. Mais il semble dommage que ce soit perçu par le secteur aérien comme des arguments opposables actuellement quand on parle d’environnement. En effet, quand celle-ci est pointée du doigt, c’est au travers des jets privés, utilisés par une certaine élite financière. Ce que l’étude appelle elle, « l’aviation à la demande ». Jamais n’ont été remis en cause la lutte anti-incendie, les vols de surveillance ou de maintenance. Seulement l’usage disproportionné des jets.

Comme l’explique le média Bon Pote, « les jets privés sont en moyenne 10 fois plus polluants que les avions commerciaux (par passager). En une heure, un seul jet privé peut émettre deux tonnes de CO2. La moyenne annuelle d’émissions d’un Européen est de 8,2 tonnes CO2, celle d’un Français est d’environ 10 tonnes. En 2019, un vol sur dix au départ de la France a été effectué en jet privé, et la moitié a parcouru moins de 500 km. »

C’est d’ailleurs ce que confirme l’étude Arthur D Little. On voit bien, dans la deuxième figure ci-dessous, que l’aviation à la demande constitue une part peu importante des heures de vol. En revanche, elle représente un peu plus de la moitié des émissions de CO2. Par ailleurs, ces associations, qui sont dans leur rôle en faisant du lobbying et en défendant leurs intérêts, semblent souvent oublier que 11% seulement des Français disent prendre régulièrement l’avion (2% plusieurs fois par mois, 9% plusieurs fois par an), 56% le prennent occasionnellement (21% une à deux fois par an, 35% de façon exceptionnelle), tandis que 33% ne le prennent absolument jamais.

Crédit : Arthur D Little

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