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Un an après, les agences se passent d’Oséo

Avec seulement 28 dossiers traités par Oséo en un an, le dispositif mis en place dans le cadre du plan de relance gouvernemental semble peu adapté aux professionnels du tourisme. La méconnaissance des agences et des banques sur les solutions développées par l’organisme public est en cause.

Après les défaillances successives de Wasteels et de Switch, il y a un an, la profession retenait son souffle, alors que la crise financière ne faisait que commencer. Le Snav demandait en « urgence » l’aide des pouvoirs publics et plus précisément celle d’Oséo, l’organisme chargé d’accompagner financièrement les PME dans le cadre du plan de relance de l’économie, avec des moyens renforcés de 2 MdsE. Dans son discours prononcé en janvier dernier, lors du congrès du Snav à Biarritz, Hervé Novelli, le secrétaire d’État en charge du Tourisme, s’était engagé à « imaginer des financements originaux avec l’appui d’Oséo », en apportant une « série d’aides spécifiques aux agences » à travers deux volets : le renforcement de la trésorerie et l’accompagnement dans les projets de diversification. « Depuis février, une trentaine d’agences et TO bénéficient de l’aide d’Oséo », indique Jean-Marc Rozé, le secrétaire général du Snav, en charge du dossier au syndicat. « Ce sont des entreprises qui ont besoin de maintenir des lignes de crédit à court terme. Elles ont donc sollicité leur banque pour un prêt. Celle-ci s’est ensuite tournée vers Oséo pour ne pas assumer le risque seule », poursuit-il. L’objectif de ce fonds de garantie spécifique consiste en effet à favoriser l’octroi de prêts à court et moyen terme (de douze mois à sept ans) pour financer l’augmentation du besoin en fonds de roulement. Oséo garantit jusqu’à 70 % du risque pris par la banque. Le plafond est fixé à 1,5 ME par dossier pour les PME et à 15 ME pour les ETI (entreprises de taille intermédiaire). Cette garantie s’adresse à l’ensemble des entreprises françaises de moins de 5 000 salariés. « Ce n’est en aucun cas un produit spécifique aux agences de voyages » rappelle Richard Livet, le responsable tourisme chez Oséo. Pour en bénéficier, les entreprises doivent être saines et rencontrer des difficultés qui ne sont pas d’origine structurelle. « Les professionnels du tourisme doivent monter un dossier, prouver que leurs difficultés sont conjoncturelles et argumenter sur le potentiel de développement. Ce n’est pas la peine d’espérer une aide si l’entreprise a trois bilans négatifs » rappelle Jean-Marc Rozé.

C’EST LA BANQUE QUI CHOISIT D’Y ALLER

Cependant, l’organisme ne semble pas opposer de résistance aux demandes justifiées. « Oséo est assez souple. Il n’y a eu que deux dossiers refusés sur une quinzaine traités par HSBC », indique Marc Savino, le directeur adjoint du département tourisme au sein de la banque. Du côté du Snav, qui intervient lorsqu’il y a un dysfonctionnement dans le système (il faut en moyenne une dizaine de jours pour monter un dossier), « pour deux ou trois cas, il a fallu mettre de l’huile dans les rouages, car Oséo a ses limites : si la banque fait barrage, l’organisme ne peut rien faire ». Car c’est en effet la banque qui choisit d’aller ou non vers Oséo. Tout dépend de la nature du crédit. « Si c’est un crédit de trésorerie, HSBC fait systématiquement appel à Oséo. Si c’est juste pour une ligne de découvert ce n’est pas nécessaire », explique Marc Savino. Vu le nombre peu élevé de demandes, beaucoup d’agences ont donc réussi à négocier en direct avec leurs banques. « Nous avons très exactement monté 28 dossiers dans le cadre du plan de relance gouvernemental ce qui est minime », remarque Richard Livet, qui, tenu par le secret bancaire, ne peut dévoiler les noms des entreprises. Mais ce n’est pas l’unique raison. Le principal obstacle relèverait de la méconnaissance des professionnels du tourisme et des banques des solutions proposées par Oséo. « Les petites agences bancaires de proximité, habituées aux comptes de particuliers, ne maîtrisent pas toujours le dispositif. Il y a même des banques qui ont répondu aux professionnels qu’Oséo n’était pas pour les agences » explique le secrétaire général du Snav. Pour palier ce manque d’informations, le syndicat va éditer conjointement avec l’organisme accompagnateur, d’ici une quinzaine de jours, un dépliant qui listera les produits adaptés aux agences. Le document, cosigné des deux présidents, Georges Colson et François Drouin, sera ensuite distribué aux agents de voyages pour qu’ils puissent le présenter à leur banquier. Le plan de relance de l’économie, dont l’échéance est fixée au 31 décembre prochain, devrait être prolongé. L’annonce devrait être faite mi-novembre.

LA DIVERSIFICATION NE FAIT PAS RECETTE

« Les besoins existent toujours », note Jean-Marc Rozé, même si le recul de l’activité des distributeurs et des producteurs est finalement moins important qu’imaginé il y a un an. Pour preuve, le BSP prévoit cette année 1,7 ME d’impayés contre 16 ME en 2008. L’APS, inquiète fin 2008 par la cascade de sinistres enregistrés en quelques mois, est, depuis l’été dernier, plus sereine. Les agences ont su développer des défenses naturelles sans avoir la nécessité de recourir à une aide extérieure. Mais la profession ne se tourne pour autant vers l’avenir. La solution mise en place par Oséo pour accompagner les agences dans leurs projets de diversification, à la veille de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de développement et de modernisation des services touristiques, n’a pas suscité d’intérêt. « Il n’y a pas encore eu de demandes à ce sujet. Les professionnels sont dans une situation d’attentisme car les décrets d’application ne sont pas encore sortis », explique Richard Livet. « La diversification ? « Personne n’en a pas parlé, c’est beaucoup trop tôt », confirme Marc Savino. Les hôteliers, qui ont trois ans pour rénover leurs établissements afin de répondre aux nouvelles normes de classification des hôtels, ne se sont pas non plus précipités. Depuis le 20 octobre, Oséo assure aussi la gestion des aides accordées aux porteurs de projet. Elles s’adressent aux entreprises de taille intermédiaire pour des projets entre 300 000 E et 3 ME. « Il s’agit d’un prêt sur sept ans pour relancer l’investissement en milieu industriel » souligne Jean-Marc Rozé. Elles ne s’adressent donc pas aux agences.

Le Snav et Oséo vont éditer, d’ici une quinzaine de jours, un dépliant qui listera les produits adaptés aux agences

Les agences ont su développer des défenses naturelles sans avoir la nécessité de recourir à une aide extérieure

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