Transparence salariale : en finir avec « une certaine opacité »
D’ici la mi-2026, une directive européenne impose aux entreprises une communication claire et structurée sur leurs grilles de rémunération. Les entreprises du secteur du tourisme sont pleinement concernées.
Portée par une directive déjà adoptée au niveau européen, cette réforme ambitionne de transformer durablement les pratiques salariales. Et de réduire les écarts de rémunération, notamment entre les hommes et les femmes. Elle vise également à instaurer une nouvelle culture d’entreprise, plus transparente et plus équitable, en imposant des obligations concrètes aux employeurs.
Un webinaire au sein des EdV
« Nous avons organisé la semaine dernière un webinaire pour alerter sur ce sujet », précise à L’Echo touristique Valérie Boned, présidente des Entreprises du Voyage. Car dit-elle, « il va falloir s’y préparer, et nous allons accompagner nos adhérents sur ce point ».
Parmi les mesures phares, l’obligation d’indiquer une fourchette de salaires dans les annonces de recrutement. Une pratique déjà courante dans d’autres pays européens, mais totalement nouvelle en France. « La culture sur ce sujet varie d’un pays à l’autre. En France, les questions de salaire restent très taboues », souligne la présidente des EdV présente lors de la convention du Cediv au Sénégal.
Réduire les écarts de rémunération pour un même poste
Autre disposition clé, comme l’a rappelé Valérie Boned, « les entreprises devront désormais fournir aux salariés des données sur les salaires moyens par catégorie de poste. Ce qui permettra à chacun de mieux situer sa rémunération dans l’organisation ». C’est une réponse directe aux inégalités salariales persistantes, en particulier entre femmes et hommes à poste égal.
Philippe Bertholet (Relais d’Asie), administrateur du Cediv, insiste lui aussi sur l’ampleur du changement à venir. « Transparence salariale, ça veut dire que tout salarié pourra avoir connaissance du salaire de son collègue. C’est une directive européenne. Et nous sommes le dernier pays à ne pas encore l’avoir appliquée. » « On va enfin pouvoir corriger des écarts que certaines entreprises traînent depuis des années », ajoute-t-il.
Des sanctions financières en discussion
Les TPE et PME bénéficieront d’un calendrier adapté. Mais à terme, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, devront se conformer à ces nouvelles règles. La directive prévoit également un dispositif de sanctions financières, actuellement en discussion dans le cadre de la transposition dans le droit français.
« Ce n’est pas une question de rendre public le salaire de tout le monde, mais de mettre fin à une certaine opacité », rappelle Valérie Boned.
Anticiper plutôt que subir, tel est le mot d’ordre de la profession. « C’est un dossier discret, mais explosif s’il est mal anticipé », avertit Philippe Bertholet. « Certaines entreprises vont devoir faire un vrai travail d’équilibre. Et il vaut mieux augmenter progressivement maintenant que de devoir verser 500 euros de plus d’un coup. » A bon entendeur !