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Tourisme fluvial : une année record malgré la sécheresse estivale selon VNF

La sécheresse estivale a bouleversé l’activité des cours d’eau en France. Mais le bilan n’est pas négatif, bien au contraire, selon Nicolas Delaporte, responsable Développement tourisme pour Voies navigables de France (VNF).

L’Echo touristique : L’été a été marqué par une sécheresse historique en France. Comment l’activité touristique fluviale a-t-elle été impactée ?

Nicolas Delaporte : Ce genre d’épisodes météorologiques a des impacts sur le tourisme fluvial, mais pas forcément de conséquences négatives. Tout dépend du secteur d’activité. Sur ce qu’on appelle le « petit gabarit » – canaux, rivières, plaisance locative, péniche-hôtels… -, une large partie du réseau a été affectée par la sécheresse, et rapidement fermée. Mais, grâce à leur important travail d’anticipation, les opérateurs concernés ont pu déplacer leurs bateaux. Cela a donc condamné l’activité de certains cours d’eau, au profit d’itinéraires plus inhabituels. Par exemple, le canal du Loing, qui relie Fontainebleau à la Loire, a accueilli nombre de ces bateaux. Finalement, la saison a été bpnne pour les petits gabarits.

Et pour les grands gabarits ?

Nicolas Delaporte : Sur ce segment, la sécheresse a aussi eu des effets positifs. Tout d’abord parce que certains de nos fleuves majeurs, comme la Seine et le Rhône, sont canalisés. Il y a des barrages et des écluses qui permettent de maîtriser et de tenir le niveau d’eau. La gestion hydraulique a donc été efficace, ce qui n’est pas le cas sur tous les grands fleuves européens où se pratique le tourisme fluvial. Le Rhin, pour la partie allant de Strasbourg à Amsterdam, ou encore le Danube sur l’axe Vienne/Budapest, n’étaient pas navigables de façon normale. Des opérateurs étrangers ont donc repositionné leurs bateaux sur la Seine et le Rhône, permettant de constater une hausse de la fréquentation des cours d’eau français de l’ordre de 5% par rapport à 2019. Surtout, ça nous a permis de soigner notre réputation auprès des opérateurs étrangers, qui ont déjà prévu de placer plus de bateaux en France pour l’été 2023.

L’ouverture du Canal Seine Nord Europe, prévue à l’horizon 2030, permettra de rejoindre Budapest depuis Le Havre.

La concurrence est forte entre les différents axes fluviaux touristiques européens ?

Nicolas Delaporte : Oui, il y a une véritable concurrence entre les grands fleuves européens. Les bateaux habitables séduisent une clientèle majoritairement européenne, et surtout allemande. Les paquebots fluviaux attirent principalement une clientèle long-courrier. Ces clientèles veulent naviguer, pendant deux ou trois semaines, sur un ou plusieurs fleuves européens. Ca n’est pas toujours possible en France, pour des raisons techniques, mais nous devons nous préparer à l’avenir. L’ouverture du Canal Seine Nord Europe, prévue à l’horizon 2030, permettra de rejoindre Budapest depuis Le Havre. Le tourisme fluvial français a une vraie carte à jouer dans cette perspective.

Dans quels domaines la France accuse-t-elle du retard par rapport à ses concurrents ?

Nicolas Delaporte : La photo qu’on a par rapport aux autres escales européennes, c’est qu’on a un déficit de services techniques. Nous devons donc trouver des partenaires privés pour appliquer un modèle concessif, un peu à l’image de ce qui se fait dans les aéroports. Il s’agit donc d’entreprises spécialisées qui investissent dans nos escales, contre une future rémunération, via le paiement d’une redevance par les opérateurs de croisières. Tout ça ne dépend pas que de VNF, même si nous contribuons. Notre rôle, c’est d’organiser la coordination entre les opérateurs et les prestataires terrestres. Nous venons de lancer un « Club croisière » sur l’axe Rhône/Saône pour rassembler les acteurs du tourisme fluvial et avoir une meilleure compréhension mutuelle des besoins et des attentes de nos clientèles. Nous avons créé trois groupes de travail dont l’objectif sera d’avancer concrètement sur les sujets des prestations terrestres, de l’élaboration d’une charte de la croisière fluviale et de l’avitaillement des navires.

Même si le secteur a su résister pendant l’été 2022, les épisodes de sécheresse ne sont pas rassurants pour les années à venir…

Nicolas Delaporte : Evidemment, nous ne voulons pas connaître ces épisodes trop fréquemment. Nous avons réussi à traverser l’été grâce à un gros travail de coordination des différents opérateurs. Mais tout le monde a passé l’été sous tension. Nous avons déjà connu une sécheresse très importante en 2019, et celle de l’été 2022 a été encore plus sévère. Donc nous observons tout cela, et nous constatons que la fréquence de ces sécheresses s’intensifie. Il y a peu de chance que cela change dans les années à venir… VNF continue donc de jouer son rôle. Nous avons démarré des travaux sur les plus vieillissants barrages de notre parc (VNF en exploite une cinquantaine, NDLR). L’objectif étant d’avoir plus de stocks d’eau, à l’avenir, que nous en avions en 2022.

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