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Toulouse : « Nous anticipons une vraie mutation du tourisme d’affaires »

Nouvel équipement phare de la destination, attendu de longue date, le Meett aura ouvert en plein marasme sanitaire. Comment Toulouse, fortement positionnée sur le tourisme d’affaires, traverse-t-elle la crise ? Nous avons interviewé Jean-Claude Dardelet et Adrien Harmel.

2020 avait pourtant bien commencé. Mais à Toulouse comme ailleurs, le Covid a mis un coup d’arrêt brutal au tourisme. « Nous étions dans une euphorie de croissance à l’ancienne », se remémore Jean-Claude Dardelet, le PDG de l’Agence d’attractivité Toulouse Métropole. Et puis, sans préavis, le premier confinement est venu tourner une page du secteur. « Le 17 mars, toutes les lumières s’éteignent, l’aéroport va revenir à ses performances de 1989 avec 3,1 millions de passagers et on s’attend à une année catastrophique », lâche Jean-Claude Dardelet, également adjoint au maire de la ville rose, en charge notamment de la politique touristique municipale. Si le choc est rude, la destination a sauvé une partie de l’été l’an dernier, encaissant une chute de fréquentation limitée à 50%, quand d’autres métropoles dévissent de -70%, souligne Jean-Claude Dardelet.

Sur l’ensemble de l’année, 3 millions de visiteurs* auront été accueillis dans la métropole toulousaine, contre 5,5 millions en 2019. Pour sauver les meubles, la destination s’est tournée vers la clientèle de proximité et compte bien en tirer les leçons pour l’avenir, en adaptant son offre, dans l’espoir, aussi, de lisser la saisonnalité. Toulouse s’est également rapprochée de la distribution depuis le début de la pandémie. « On a participé à plusieurs actions avec cet objectif de renforcer les liens avec les agences, confirme Adrien Harmel, le directeur de l’Office de Tourisme de Toulouse Métropole. Nous avons beaucoup profité des flux qui ont été envoyés par les agences. Nous avons par exemple de nombreux contacts pour le Festival des Lanternes, qui se tient cette année à Blagnac. »

Hybridation et nouveaux formats

Si Toulouse entend monter en puissance sur le loisir, la « vache à lait » de la destination, c’est bien le tourisme d’affaires : la ville se classe d’ailleurs quatrième dans l’Hexagone, selon le classement Icca. Covid oblige, seuls 14 congrès auront pu se tenir en 2020, qui généreront 8370 journées congressistes. A peine 10% du volume habituel. L’activité événementielle est aussi très impactée, avec seulement 13 événements corporate accompagnés par le Toulouse Convention Bureau qui auront pu avoir lieu en 2020.

La destination parie sur les reports et une reprise à partir de septembre. « Nous avons toujours 80% de dossiers vivants et de beaux dossiers qui rentrent sur 2021 et 2022 », indique Jean-Claude Dardelet. Sous l’impact du Covid, le tourisme d’affaires est en plein bouleversement. Vieux serpent de mer dans le secteur, l’hybridation des événements est en marche. En témoigne le dernier colloque de l’Académie de l’Air et de l’Espace, qui a connecté 1500 participants lors de sa dernière édition. Il en reçoit habituellement 300 en présentiel. « Le numérique n’est pas un substitut au présentiel, estime Jean-Claude Dardelet. Ca va être un accélérateur. » « Le modèle du tourisme d’affaires va évoluer », anticipe-t-il. L’aller-retour de l’ingénieur d’affaires dans la journée, ça va changer. On va sans doute aller vers des formats plus immersifs, des réunions qui dureront trois ou quatre jours. Nous sommes en train de travailler là-dessus. On se prépare, on consulte les entreprises, et on est en lien permanent avec les acteurs partenaires, notamment les hôteliers. Nous anticipons une vraie mutation du tourisme d’affaires. »

Top départ pour le Meett

En guise de tremplin, la destination compte aussi sur son nouvel équipement phare, le Meett. En chantier depuis quatre ans, un parc des expositions et centre de convention flambant neuf a été livré en plein marasme sanitaire. Planté sur quelque 55 hectares, le Meett compte pouvoir faire enfin parler de lui avec l’organisation de L’Essentiel Festival, un événement mis sur pied par la filière événementielle toulousaine, qui aura lieu début juillet.

Pour soutenir les professionnels du tourisme, Toulouse Métropole a consacré 2,5 millions d’euros à un plan de relance touristique, dont 1 million d’euros venant alimenter un fonds congrès, destiné à attirer de nouveaux congrès et événements au profit du tourisme d’affaires. Courant 2020, Toulouse a rejoint le Global Destination Sustainability Index (GDS-Index), s’engageant dans une démarche de développement durable pour orienter le tourisme d’affaires, ses acteurs et sa filière événementielle vers un tourisme et une gestion événementielle plus respectueuse de l’environnement. En France, seules trois autres villes ont pour le moment adhéré à cette démarche (Lyon, Bordeaux et Nantes). Le nouveau centre de congrès est d’ailleurs certifié Leed (Leadership in Energy and Environmental Design).

Des liens resserrés

Depuis le début de la pandémie, les liens se sont aussi resserrés entre les professionnels du tourisme de la destination. « Nous avons organisé beaucoup plus de réunions ainsi qu’un rallye pour que les professionnels du tourisme puissent se rencontrer, faire connaissance. On voit que des projets émergent. Ça existait avant le Covid mais ça s’accélère », se réjouit Adrien Harmel.

Grâce aux dispositifs d’aides de l’Etat, la casse devrait être limitée sur la destination, estime Jean-Claude Dardelet. « Il n’y en a pas tant que ça, mais en revanche, il y aura de la consolidation », pense-t-il. Ça risque d’être difficile pour les acteurs qui étaient déjà fragiles. » A Toulouse, le tourisme représente 25000 emplois. L’été qui arrive se caractérise à nouveau par un manque de visibilité, au-delà de la première quinzaine de juillet. Et les réservations de dernière minute devraient être la règle cette année encore. Toulouse espère le retour des clientèles étrangères à partir de la mi-août, quand les campagnes de vaccination auront bien avancé.

En attendant, la destination se prépare. Et comme ailleurs en France, on manque de bras dans le tourisme : réceptionnistes, personnel d’accueil font partie des profils recherchés, insistent Jean-Claude Dardelet et Adrien Harmel. Le tourisme toulousain recrute, le message est passé.

*Estimation hors visiteurs à la journée pour des motifs professionnels.

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