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Prospective : que sera l’industrie du tourisme et du voyage en 2050 ?

C’est à cette question que Michelle Kunegel, présidente des Entreprises du Voyage Grand Est, a invité les professionnels à réfléchir.

Michelle Kunegel, présidente de LK Tours, dresse un constat que beaucoup d’opérateurs partagent : « C’est la folie furieuse dans les agences, a-t-elle insisté lors du récent congrès des Entreprises du Voyage Grand Est à Chypre. Nous pensions avoir des clients qui nous demandent leur impact carbone et nous interrogent sur nos actions dans le tourisme durable. Dans nos agences, la question ne se pose même pas… »

Marie Stutzmann © LL

Bousculer nos zones de confort

Mais pas question de faire l’autruche à l’heure où le Giec tire à nouveau la sonnette d’alarme. « N’oublions pas, nous sommes dans un réchauffement climatique. Nos ressources naturelles se tarissent. Que nous le voulions ou pas, que nos clients le souhaitent ou pas, nous devons petit à petit nous préparer à des changements majeurs. Il faut se poser des questions essentielles pour l’avenir de l’industrie touristique : pourrons-nous voyager en 2050, et surtout comment ? Nous avons une part de responsabilité pour inviter notre avenir. »

C’est ensuite Marie Stutzmann, anthropologue spécialiste des questions de transformation, qui a embarqué les 48 participants de la convention Grand Est à Chypre dans un champ des possibles (et des impossibles). Avec cette question de prospective obligeant à sortir la tête du guidon : quelle sera l’industrie touristique en 2050 ? 

« L’idée, c’est qu’on parte ensemble explorer ce territoire des futurs, a expliqué Marie Stutzmann, reprenant l’imaginaire du voyage. Nous allons repérer des scénarios, soit d’éventuels pays puis essayer d’atterrir pour construire le pays de demain ».

« Nous allons bousculer nos zones de confort et idéalement grandir ensemble », a ajouté Michelle Kunegel.

Six scénarios fictifs… ou pas

« Quand on est dirigeant, se demander où je vais avec mon entreprise et mes salariés permet de mobiliser ses équipes. De ne pas subir », martèle Marie Stutzmann.

Avant un travail de brainstorming en petits groupes, l’anthropologue, qui a notamment travaillé pour Carrefour, Seb, Air France, Mercure, a présenté « 6 scénarios prospectifs du tourisme » à l’horizon 2050. Histoire de bousculer son public, et d’ouvrir les chakras.

1.L’hyper-globalisation

C’est la continuité du monde d’aujourd’hui, avec pour moteur la soif de consommation. « On est dans un perpétuel Black Friday, le monde entier devient un parc d’attraction », s’amuse l’anthropologue. 

2.La techno-transhumanisme

« C’est le scénario d’Elon Musk, selon lequel la technologie va nous sauver » et parfois « conduire à notre perte ». Un monde où les GAFAM dominent, où l’on « peut tout changer » jusqu’au climat. « On fait du tourisme depuis son canapé, dans le métavers, et du coup on ne pollue plus. » Même si c’est plus « un cauchemar qu’un rêve », surtout pour les opérateurs de voyage.

3.La démondialisation 

Dans ce scénario, le fils de Donald Trump est élu… Avec l’arrivée au pouvoir de populistes, les frontières se ferment. « Pour le tourisme, on se replie à l’intérieur de son pays. Donc on se déplace moins, ce qui entraîne un ralentissement des émissions de carbone. »

4.L’effondrement

« Le scénario des collapsologues » résultant de pénuries, et conduisant à un climat de guerre.

5.La coercition

« Des Greta Thunberg mettent en place des règles contraignantes, comme la quasi interdiction de voyage. » Avec TousAntiCovid pour contrôler les émissions de carbone.

6.La résilience

« Le scénario le plus sympathique », reposant sur le verdissement de l’économie. Tout le monde joue le jeu pour mieux gérer les ressources. » Et là, « le voyage devient rare, donc précieux. Ce n’est pas du divertissement comme du cinéma, mais quelque chose d’exceptionnel qui a de la valeur. »

Boîte à idées

Après la présentation de ces scénarios, entre utopie et dystopie, Marie Stutzmann a invité les participants à la convention à travailler en groupe, pour faire mentir ces hypothèses, en réinventant leurs métiers. De ces ateliers ont émergé des pistes de plan d’actions : construire et vendre des voyages plus vertueux, développer le tourisme de proximité, se spécialiser, davantage travailler ensemble. Soit dans un esprit de coopétition, contraction des mots « coopération » et « compétition ».

Les ateliers ont fait émerger des idées très concrètes comme des tournées communes entre commerciaux, sachant que les voitures individuelles sont un émetteur majeur de carbone. Ou encore l’affichage simplifié de l’empreinte carbone des produits de voyage, sur le modèle du nutri-score dans l’alimentaire et ses lettres de A à E. Soit un étiquetage qui va du vert au rouge pour les produits les moins vertueux. 

Et après ?

Le travail en atelier sur 2050 avait pour vocation de faire travailler le collectif pour que l’activité touristique demeure pérenne. De stimuler la coopétition entre pros du voyage, au sein des EdV régionales. Sans fatalisme.

« Vous partez avec quoi ? Vous rentrez avec quelle graine à planter ? Quelle action à entreprendre ?
Partagez vos intentions », a demandé Marie Stutzmann à la fin de la convention.

Pour aller plus loin, Michelle Kunegel va préparer une synthèse des travaux à l’adresse des participants. Le questionnaire de satisfaction interrogera les professionnels sur leur perception des ateliers, et leur envie de poursuivre des travaux de prospective ensemble, selon les principes de l’économie régénérative. Car le risque, c’est que chacun, se remette très vite le nez dans le guidon. Rattrapé par des problématiques de recrutement, de vols annulés ou tout simplement de carnets de voyage à monter… Malgré la pénurie de sièges d’avion et d’hôtels à des prix raisonnables.

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2 commentaires
  1. PIERRE MARIE GEDEON PRIM dit

    Nous avons perdu le sens du sacré et du précieux. Appliquons le au voyage. Donnons de la valeur à notre voyage, en le rendant moins fréquent et en lui donnant plus de valeur

  2. Anonyme dit

    toujours cette fixette sur Trump…cela en devient risible de stupidité

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