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Qatar, voyage en démesure

La stratégie touristique nationale place la Coupe du monde de football en point de mire pour la construction de plus de 200 hôtels et infrastructures. Le pays prévoit près de 35 milliards d’euros d’investissements publics et privés. Immersion dans le monde à part du Qatar.

Le Waldorf Astoria à Doha n’est encore qu’un chantier protégé des curieux par une longue palissade, dans un quartier de gratte-ciel en construction derrière l’immeuble de la bourse du Qatar. D’ici fin 2016, la chaîne entend inaugurer un luxueux hôtel de 42 étages composé de 250 chambres et 80 appartements, avec un taux d’occupation confortable (70 % dans le segment luxe) garanti dès l’ouverture. Bienvenue au Qatar, petit pays de deux millions d’habitants voisin de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis et qui a, comme Dubai et Abu Dhabi, de folles ambitions touristiques. Sur les onze premiers mois de 2014, le Qatar a accueilli 2,56 millions de visiteurs, dont 380 000 Européens. La croissance (+ 7,5 %) est néanmoins en retrait par rapport aux deux années précédentes, bouclées à + 11 %. Mais le pays entend bien inverser les proportions entre les arrivées des pays du Golfe (70 %) et les visiteurs d’autres origines (30 %) d’ici 2030. Et il s’en donne les moyens.

Un budget de promotion confidentiel

Depuis 2013, la QTA (Qatar Tourism Authority) a confié sa promotion internationale à des bureaux de représentation locaux sur les marchés prioritaires (France, Royaume-Uni, Allemagne, Singapour, Arabie Saoudite). « Le budget de promotion de QTA est strictement confidentiel », prévient Christelle Zucchelli, responsable des relations publiques pour le Qatar chez Interface Tourism à Paris. Les moyens déployés sur les salons professionnels (IFTM Top Resa, ITB) et en voyages de familiarisation reflètent pourtant des ambitions élevées. En décembre, cinq tour-opérateurs français ont par exemple voyagé en classe affaires sur Qatar Airways avant de découvrir, sur place, capacités et services de quatre hôtels cinq étoiles, douceurs de la table locale d’Alain Ducasse et visites guidées…%%HORSTEXTE:1%%

Une destination en combiné

Résultat : le spécialiste des séjours culturels Intermèdes annonce un départ (22 personnes) en mars 2015, sur 9 jours, en combiné avec Dubai. « On ne pourra pas programmer le Qatar en solo. La destination ne s’envisage que dans un combiné avec Dubai ou Abu Dhabi », note Marie-Noëlle Barraud, responsable de production chez TUI France, qui était, comme nous, du voyage. Les arrivées depuis la France (38 000 voyageurs) sont stables entre 2013 et 2014, avec la présence dominante de voyageurs d’affaires. Le Qatar a pourtant les dents longues sur le marché touristique français. La compagnie nationale, qui effectue trois rotations quotidiennes vers Doha depuis Roissy, promet d’augmenter ses capacités de 14 % en remplaçant, avant la fin de ce mois de janvier, un A340 par un second A380 (461 sièges). Une partie seulement de ces sièges servira au tourisme local. L’essentiel alimentera le hub aérien de plus en plus puissant de Qatar Airways, sur la route entre l’Europe et l’Asie.%%HORSTEXTE:2%%

Plus de 40 Mds de dollars d’investissements

La demande d’hébergements est elle aussi en croissance, en moyenne de 11 % entre 2008 et 2013. Et les chantiers se multiplient en prévision de la Coupe du monde de football qui se tiendra au Qatar en 2022. Le football est en effet un pilier de la stratégie de diversification touristique du grand État gazier, qui va injecter 20 % de son PIB dans des hôtels, des stades et des moyens de transport pour accueillir ce grand événement. Le Qatar consacrera entre 40 et 45 milliards de dollars (33 à 37 milliards d’euros) aux chantiers jusqu’en 2030. Dans son rapport sur l’intelligence économique dans l’hôtellerie au Moyen- Orient (voir encadré), le cabinet d’audit et de conseil Deloitte dénombre 44 hôtels déjà en chantier ou en projet dans le pays, soit 11 000 chambres qui s’ajouteront très vite aux 13 595 chambres existantes. À Doha, au coeur de la capitale de 800 000 habitants, la Corniche n’a pas encore l’allure séduisante promise par les urbanistes. Sur cette route à huit voies, en longeant le littoral, cinq kilomètres sur sept sont encore un chantier poussiéreux à ciel ouvert. Quatre lignes de métro, un musée, des hôtels, des immeubles de bureaux et un village culturel doivent contribuer prochainement au rayonnement de la ville et du pays, à peine plus grand que la Corse (11 500 km2). La première tranche du nouvel aéroport Hamad International, prévue pour accueillir 30 millions de passagers, est opérationnelle depuis mai 2014. Ce terminal aux allures futuristes permet au pays de tripler ses capacités d’accueil. Une deuxième tranche (50 millions de passagers) est prévue ultérieurement, en phase avec la montée en puissance de la compagnie nationale Qatar Airways, premier client du nouvel Airbus A350-XWB avec 80 appareils commandés.%%HORSTEXTE:3%%

Des conditions de travail dangereuses

Pour les ouvriers étrangers, l’avenir est moins radieux : payés 240 euros par mois, mal équipés et soumis en été aux chaleurs accablantes de la région du Golfe, ils ont des conditions de travail qui ont amené Amnesty International à publier un rapport accablant, évoquant « la traite d’êtres humains » dont sont victimes ces hommes originaires d’Inde ou du Sri Lanka. L’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, a répondu que son pays avait beaucoup fait pour améliorer les conditions de ces migrants, évoquant des projets de loi relatifs à la protection des travailleurs sur les chantiers. Une réponse qui n’a pas convaincu la Confédération Syndicale Internationale…

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