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Pourquoi Transat veut céder Look Voyages et Vacances Transat

Patrice Caradec, président de Transat France, a décrypté ce matin, lors d'une conférence de presse, le projet de mise en vente par le groupe canadien Transat de sa filiale française.

L’annonce de la mise en vente de Transat France hier, par un communiqué émanant de sa maison mère canadienne, a pris tout le monde de court. Pourquoi ce timing ?
Patrice Caradec :
Cette annonce a surpris parce que le secret a été bien gardé. Rien n’a fuité, mais le management de Transat France était au courant depuis début septembre. Le dossier circulant actuellement, il était temps de faire une annonce officielle. Les salariés ont été avertis hier en comité d’entreprise et un communiqué de presse a relayé l’information qui confirme la volonté de notre actionnaire de céder ses filiales françaises, Look Voyages et Vacances Transat, et grecque, Tourgreece, cette dernière étant rattachée à Transat France depuis 18 mois.

Qu’est ce qui motive cette décision ?
Le message est clair, même si le communiqué était un peu alambiqué. Le groupe Transat veut se concentrer sur l’Amérique du Nord et notamment les Etats-Unis, un marché qui l’intéresse car il est très complémentaire du canadien, contrairement au marché français. Les Américains voyagent plus l’été que l’hiver alors que les Caraïbes sont plus prisées par les Français et les Canadiens en hiver. Le groupe souhaite par ailleurs se développer dans l’hôtellerie, particulièrement en République dominicaine, à Cuba, au Mexique. Dans cette stratégie, la France n’est pas prioritaire et l’Europe est loin. Plutôt que d’être marginalisé sur ce marché européen, le groupe Transat préfère donner son indépendance à sa filiale française, le 3eme TO français, en lui offrant l’opportunité d’être adossé à un nouvel actionnaire. L’idée est d’être acteur et pas spectateur.

Transat ne vous lâche donc pas pour cause de mauvais résultats ?
2015 n’a pas été une année facile mais Transat France a plutôt bien résisté dans un marché dégradé. Le chiffre d’affaires de Look Voyages et Vacances Transat s’est tassé de seulement 2%, à 441M€ pour 375 000 clients, soit une baisse de 1,5%. Le résultat est proche de zéro, avec une perte de 190 000 euros contre – c’est vrai – un bénéfice de 8,5M€ au cours de l’exercice précédent. Les marges se sont dégradées l’an dernier avec plusieurs faits saillants qui l’expliquent. La migration de Vacances Transat sur son nouvel outil technologique Travel box a été laborieuse, et nous a coûté au moins 20 000 clients. La surcapacité et la concurrence sur l’Europe du Sud ont eu un effet dévastateur sur nos marges. Le taux de change dollar/euro a été un autre handicap. Enfin, nous avons eu du mal à optimiser le remplissage de nos circuits. Des destinations block-busters comme la Tunisie, le Maroc, la Turquie et le Sénégal ont par ailleurs continué à faire défaut. Elles étaient des vaches à lait en termes de marges qu’on ne retrouve pas sur l’Europe du Sud. Donc, l’exercice n’est pas un bon cru, mais nous avons eu des années bien moins performantes. Et surtout les premières tendances pour 2016 sont bonnes.

Votre maison mère mise donc sur une vente rapide ?
Elle met en vente une belle entreprise, très saine, avec aucune dette, leader sur beaucoup de ses destinations et qui a fait mieux que les tendances du Seto en 2015, même avec un chiffre d’affaires en baisse de 2%. A date, les réservations sont en avance de 12%, individuels et groupes confondus, quand 10% étaient budgétés. 45% de l’objectif de l'année est d'ores et déjà atteint. Vacances Transat est en train de retrouver ses parts de marché et Look est toujours dans une dynamique de croissance affirmée.

Quel est le calendrier de la transaction ?
Le dossier a été confié à la banque Rothschild, mandatée pour nous accompagner dans cette transaction qui concerne le pôle tour-operating mais aussi  distribution, avec les 44 agences en propre. De nombreuses marques d’intérêt se sont déjà manifestées. Il n’y a pas pour l’instant de négociations chaudes mais plusieurs cibles avec des contacts nourris. Des acheteurs sont intéressés, particulièrement à l’international et des fonds aussi en France. Maintenant si la question est : avez-vous trouvé un repreneur ?  La réponse est non. 

Mais allez-vous en trouver un ?
La réponse est : sans doute.

Il pourrait être Chinois ?
Joker.

Quel est le prix fixé pour acquérir Transat France ?
Pas de communication sur le sujet, évidemment. D’autant qu’on est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Mais si le prix n'est pas le bon, la vente ne se fera pas.

Mais quel serait le délai idéal ?
Le temps qu’il faudra. La vente d’Havas Voyages à Marietton a pris 8 à 10 mois. C’est un délai raisonnable et envisageable. Transat n’est pas pressé et veut le faire bien. Le groupe ne vendra pas à n’importe quel prix à n’importe qui. Transat France est une entreprise de qualité qui ne sera pas bradée. Nous avons rassuré nos salariés en ce sens hier. Oui, nous allons changer d’actionnaire mais l’équipe dirigeante ne changera pas, le modèle et le plan de développement non plus. Nous sommes un beau dossier sur le marché mais ce ne sera pas  une vente au feu comme on dit au Québec, pas une vente au rabais. Nous voulons nous adosser aux bonnes personnes.

Le management pourrait-il être partie prenante dans le montage de la vente ?
Oui. L’hypothèse du rachat par un fonds d’investissement avec une implication capitalistique du management est tout à fait possible. L’équipe est d'ailleurs très motivée. Mais ce pourrait être aussi un investisseur étranger, avec une donne  différente donc, mais pas forcément avec un changement de management. Tout est ouvert en fait. Et en attendant, le business continue, as usual.

L’annonce de la vente n’est donc pas une mauvaise nouvelle ?
Mais non, c’est plutôt une bonne nouvelle. En France, on accueille toujours ce genre d’annonce avec circonspection, voire négativement. Nous sommes au contraire très enthousiastes et confiants. Et si nous aurons moins de liens affectifs avec notre maison-mère, nous pourrons garder des liens commerciaux.

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