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Les autocaristes cherchent la bonne voie

L’activité tourisme des autocaristes est bousculée par des évolutions structurelles : nouvelles attentes des clients, hausse des coûts, concurrence de l’aérien, technologies… Les opérateurs révisent leurs schémas.

Pas facile d’échapper aux images désuètes du métier ! Pourtant, l’autocar n’est pas forcément un vieux produit, pour peu que l’on s’en donne les moyens, affirme Stéphane Le Pennec, DG de Salaün Holidays. Dans notre métier, la survie passe par la capacité à s’adapter et à rester créatifs, renchérit Joseph Jouanno, président de Voyages Jouanno et du réseau National Tours et de Voyages Terrien. A la veille du salon Mit International, les autocaristes producteurs de voyages entendent plus que jamais se montrer réactifs bien que, comme les autres métiers du tourisme, ils n’échappent pas aux turbulences et aux déplacements rapides des repères traditionnels. Et prouver qu’il va falloir toujours compter sur eux demain.

L’union fait la force

En quelques décennies, le métier d’autocariste a déjà beaucoup évolué. Certes, ces entreprises (en majorité des PME familiales) conservent le plus souvent deux métiers bien différenciés, pratiqués en parallèle pour optimiser les moyens et répartir les risques, ce qui s’est avéré par exemple intéressant quand l’autocar a connu un regain d’intérêt pendant les crashs aériens de l’été 2005. Le premier métier est celui de transporteur (principalement en contrat avec les collectivités territoriales) pour organiser des transports urbains ou interurbains, à travers des lignes régulières ou des transports scolaires. Le deuxième est le tourisme. Mais cette activité est difficilement rentable si elle ne devient pas un coeur de métier. Je soupçonne beaucoup de collègues de chercher à se faire plaisir, en finançant le tourisme grâce à leurs lignes conventionnées avec les pouvoirs publics, lâche un grand patron, pour qui il est difficile d’utiliser les mêmes autocars et les mêmes chauffeurs pour les deux activités.

Un grand nombre d’autocaristes sont entrés dans le tourisme par la petite porte, en travaillant avec une habilitation autorisée par la loi de 1992 (tant que le tourisme reste accessoire, c’est-à-dire représentant moins de 30 % de l’activité et pour des produits d’une valeur inférieure à 1 000 E). Mais de plus en plus de sociétés (30 % selon le Syndicat national des entreprises de tourisme, SNET), disposent aussi désormais d’agences de voyages classiques, détentrices d’une licence. Elles y revendent leurs produits, ceux d’autres tour-opérateurs classiques, mais aussi ceux de groupements d’autocaristes. Car, pour résoudre le problème de l’insuffisance des clientèles locales et remplir les autocars, l’union fait plus que jamais la force. Des réseaux de partenaires régionaux se sont créés, sur le modèle de National Tours qui rassemble aujourd’hui 45 autocaristes. Leurs objectifs : acheter et produire en commun moins cher, disposer d’une force de frappe marketing plus puissante (d’abord via des distributions dans les boîtes aux lettres, aujourd’hui sur Internet) et organiser le ramassage des clients près de leur domicile, pour faire la différence avec les TO nationaux. Une dizaine de réseaux sont ainsi apparus en France ces dernières années.

Le terme de car-opérateur est parfois utilisé pour refléter cette double activité des autocaristes qui ont développé, à côté du transport, une production de voyages. Pascal Girardot, directeur de Voyages Girardot Organisation (en Bourgogne), le juge toutefois trop réducteur parce que de plus en plus d’autocaristes proposent des voyages en avion ou même des croisières. Il est dépassé, confirme Joseph Jouanno, pour qui beaucoup de car-opérateurs sont en fait devenus des voyagistes à part entière. Mais à la différence des grands TO classiques, leur spécialisation est de produire pour des clientèles locales des circuits tous modes de transports, plutôt que des séjours.

Du coup, certains autocaristes se sont même séparés de leur activité de transport conventionné, à l’image des groupes Michel ou Jouanno, et ont parfois ajusté à la baisse leur parc de véhicules. Mais le recours à la sous-traitance totale des autocars est peu répandu, ne serait-ce que pour laisser bien en vue la marque sur des véhicules vecteurs d’image. Quelques rares entreprises, comme Mont Jura Tourisme, ont même vendu tous leurs bus. A l’inverse, certains ont préféré céder leur branche tourisme (Fast ou Schidler) et n’interviennent plus dans le tourisme que comme fournisseurs de cars secs, pour leurs collègues qui produisent des voyages.

Plus d’espace et de confort

Aujourd’hui, ces voyagistes autocaristes (qu’ils soient habilités ou licenciés) sont confrontés à plusieurs évolutions majeures qui les obligent à s’interroger sur leur métier et sur la bonne manière de s’adapter pour survivre. La première est une rapide augmentation des coûts : hausse du carburant qui n’a pas été répercutée automatiquement au client, comme c’est le cas chez les compagnies aériennes ; augmentation du prix des prestations terrestres en Europe liée à l’euro et à l’élargissement de l’Union ; difficultés du marché de l’emploi des conducteurs et évolution des réglementations…

Ainsi, en avril prochain, de nouvelles règles européennes imposeront aux conducteurs de prendre un repos obligatoire au septième jour de voyage. Les autocaristes sont donc obligés de refondre leurs circuits printemps/été 2007 dépassant une semaine, avec un double surcoût : une journée de repos pour le chauffeur, et un affrètement local en complément pour cette journée, avec la crainte de ne pas trouver le même niveau de service (qualité du véhicule et langue parlée par le conducteur pour les voyages à l’étranger). La concurrence va être faussée car tous les pays ne respecteront pas de la même manière cette réglementation, redoute Thierry Schidler, président du Snet. Au global, Joseph Jouanno (National Tours) estime que les différentes augmentations de coûts subies par la profession ont entraîné des hausses de tarifs comprises entre 25 et 30 % depuis quatre ans.

Cette pression est encore accentuée par les nouvelles attentes de la clientèle. Elle exige tout d’abord de plus en plus de confort. Un autocar de tourisme étoilé, avec vidéo, climatisation et toilettes atteint aujourd’hui 300 000 E, un investissement qu’il faut bien amortir, souligne Mark Watkins du cabinet Coach Omnium. Un exercice difficile car, dans le même temps, les voyageurs demandent davantage d’espace, poussant les autocaristes à réduire le nombre de sièges. Le groupe Espaces (Marne et Morin), en Seine-et-Marne, a par exemple investi dans un car VIP de 39 sièges (qui en contiendrait normalement 59) ; Voyages Girardot a aménagé un véhicule avec 24 fauteuils en cuir (au lieu de 45), Salaün Holidays s’est équipé d’une flotte baptisée Royal Class.

Par ailleurs, la clientèle traditionnelle des autocaristes, à savoir les seniors, évolue rapidement avec l’arrivée des papy boomers. Ces nouveaux retraités ont davantage bougé, disposent de moyens plus importants et sont de moins en moins enclins à voyager en groupes constitués (à la manière des clubs et autres associations de troisième âge). Ils préfèrent les voyages plus individualisés, ou du moins les groupes reconstitués, d’amis ou par affinités. Il est moins nécessaire d’encadrer, de rassurer, d’accompagner, qu’il y a quelques années, remarque Pascal Girardot à Dijon. Par conséquent, les groupes se fragmentent et il devient plus difficile de remplir un autocar. Même le remplissage en GIR (individuels regroupés, NDLR) devient moins facile, alors que l’on achète des autocars de plus en plus grands pour répondre à la demande des scolaires, souligne Catherine Buratti, responsable de l’agence Marne et Morin, à Meaux.

Conséquence de ces tensions sur les coûts (donc sur les prix) : une concurrence exacerbée du voyage en autocar avec le transport aérien. Les prix des circuits en autocar ont augmenté plus vite que ceux des forfaits aériens les plus concurrentiels, notamment les prix d’entrée dans le bassin méditerranéen et en Europe centrale, souligne Joseph Jouanno. Cette compétition est encore plus flagrante pour les autocaristes du grand Ouest, qui doivent traverser la France (en deux fois 12 ou 15 heures) pour atteindre une destination européenne. Pour lutter contre ce handicap, National Tours propose désormais des circuits de 8 j/5 n en hôtels, avec un aller et un retour de nuit en autocar. Cette solution économise pour le client des trajets autoroutiers souvent sans intérêt, et pour l’opérateur deux nuits d’hôtel. Toutefois, ces avantages sont en partie éclipsés par l’espacement et l’inclinaison des sièges, qui doivent être plus importants, limitant le nombre de voyageurs.

L’attrait de l’exotisme

L’attrait de l’aérien est d’autant plus fort que les clients eux-mêmes demandent de plus en plus à voyager en avion. Au-delà de 700 km, ils demandent systématiquement un vol, constate Catherine Buratti. Il y a 20 ans, on partait sans se poser de questions en autocar pour la Turquie ou la Russie. Aujourd’hui, on accepte le bus pour l’Italie, l’Allemagne, la Belgique ou l’Espagne, à condition que ce ne soit pas l’Andalousie. La clientèle évolue depuis 15 ans vers le voyage en avion car les clients ont appris à voyager et qu’il est plus exotique de partir en Tunisie qu’en Normandie, ajoute Pascal Girardot.

Cette part de voyages avec transport aérien devient donc plus importante dans l’offre des autocaristes, et spécialement chez ceux du grand Ouest. Elle atteint par exemple 70 % chez Salaün Holidays. National Tours, qui avait créé une formule autocar + avion en 1987 (avec l’aller ou le retour en avion), l’a abandonnée au profit de vols charters et ne la garde que pour assurer la mise en place des vols en début et fin de chaîne. Aujourd’hui, même des autocaristes moins importants, ou situés à l’Est, n’hésitent plus à affréter, comme Voyages Jouanno, de manière ponctuelle au départ de Dijon. Salaün Holidays propose 25 000 sièges par an et en revend 70 000 liés à des forfaits aériens. La concurrence avec les TO classiques devient alors féroce, les autocaristes mettant en avant leur notoriété régionale rassurante, ou le ramassage des clients dans les petites villes afin de les acheminer à l’aéroport, pour faire la différence.

Concept de l’autocar charter

Reste la révolution Internet, dont les autocaristes ne perçoivent pas encore nettement les conséquences pour leur métier. Salaün Holidays, qui entend continuer à développer ses produits autocar en parallèle de forfaits avec vol, a déjà mis en place une contre-attaque aux petits prix en ligne. Avec sa marque Viva la Costa, il se tourne v

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