Le tourisme d’affaires : une manne pour les régions françaises
Le contexte : Le tourisme d'affaires en France poursuit sa progression malgré la crise. Les entreprises continuent à se réunir mais en privilégiant des destinations moins chères et de proximité. Le constat : Pour attirer les entreprises, les collectivités investissent sur le tourisme d'affaires : construction de palais des congrès, organisation d'événement
La crise économique n'a pas mis un coup d'arrêt aux déplacements des entreprises, qu'ils soient individuels ou en groupes. Selon l'étude annuelle publiée par Bedouk/Coach Omnium, le volume de dépenses des entreprises sur le marché du MICE (séminaires, conventions, congrès, incentive) a progressé en 2011 de 1,2 % pour atteindre 8,91 milliards d'euros. Mais si elles continuent à voyager et à se réunir, les entreprises ont changé leurs habitudes en réduisant, en tout premier lieu, la durée des manifestations (elles durent en moyenne deux jours) comme des distances. En misant désormais sur les destinations de proximité – elles aussi équipées d'infrastructures capables de réunir des milliers de personnes – les sociétés (grandes comme petites) goûtent de plus en plus souvent aux avantages d'un séminaire ou d'un congrès en régions.
Ainsi, Lyon, à seulement deux heures de TGV de la capitale, est devenu un lieu prisé des congressistes. Le Grand Lyon (qui réunit 58 communes) a accueilli près de 2,8 millions de journées – participants pour plus de 18 000 manifestations en 2011, soit une fréquentation en progression de 15,2 %. « La cible des congrès est devenue prioritaire. Nous avons développé toute une gamme de services pour attirer les entreprises : banque d'accueil, agents mobiles, mise à disposition de lieux… » détaille Valérie Ducaud, directrice du Bureau des Congrès et des Salons du Grand Lyon. Dans un autre style, la région Nord-Pas-de-Calais enregistre, elle aussi, de bonnes performances. Au 2e trimestre 2012 (d'avril à juin), elle a accueilli 5 200 manifestations pour un total de 223 000 participants (+11 %), attirant à 67 % des entreprises originaires de la région. « Notre ambition est de développer cette filière économique tout en misant aussi sur les valeurs partagées de la région : chaleur humaine, sens de l'accueil mais aussi valeurs de sérieux et de travail », explique Laurence Péan, directrice de Nord France Convention Bureau.
ÉVITER AU MAXIMUM L'OSTENTATOIRE
Ce marché, facteur de dessaisonalisation, est également considéré par les destinations comme créateur de valeur. Une notion sur laquelle misent de plus en plus les entreprises, qui, dans un souci d'économie mais aussi d'image, recherchent des lieux moins ostentatoires.
C'est en s'appuyant sur cette tendance que l'Auvergne a ouvert son premier « pop up store ». Du 21 novembre au 2 décembre, 40 000 professionnels et visiteurs sont attendus pour assister à des concerts, expositions, projections de courts-métrages ou encore dégustations de produits du terroir. « L'un des objectifs est de montrer que l'Auvergne n'a pas perdu les valeurs de l'après-crise », explique Jean Pinard, délégué général d'Auvergne Nouveau Monde, une association née l'an dernier à l'initiative du Conseil Régional d'Auvergne et de ses quatre agences territoriales.
Pour renforcer leur attractivité, les régions se sont progressivement structurées et équipées de services pour développer la filière : agence réceptive, convention bureau, club régional … « Les collectivités françaises ont compris que le tourisme d'affaires était économiquement rentable. Pour un euro de subvention, on perçoit 50 euros de recettes », affirme Jean Pinard. Les synergies entre acteurs du public et du privé s'avèrent, en effet, plus que nécessaires particulièrement pour se doter d'une infrastructure dédiée, critère indispensable pour asseoir une destination de congrès. Ainsi, Nancy et Metz, reliées par le TGV depuis 2007, mais également Tarbes et Agen investissent des sommes colossales pour avoir leur palais des congrès. Agen a d'ailleurs fait de l'implantation d'un hôtel la condition sine qua non de la construction de son nouveau palais des congrès. Car c'est souvent là où le bât blesse. Les villes, même les plus grandes, sont fréquemment en sous-capacité hôtelière ce qui freine leur rayonnement à l'international. À titre d'exemple, Lyon ne dispose que de 15 000 chambres et son plus gros porteur compte 245 chambres. Faute de financements de grande ampleur, la 3e ville de France est régulièrement contrainte de dispatcher ses congressistes dans différents établissements. « Le risque pour les investisseurs est trop important. Aujourd'hui, nous n'avons plus de visibilité à trois mois », confie Valérie Ducaud
LE PRIX EST LE CRITÈRE N°1
Confronté de plus en plus aux ventes de dernière minute, le tourisme d'affaires connaît donc les mêmes contraintes que le tourisme de loisirs. « Le prix est devenu le premier critère de choix des entreprises et il n'y a désormais presque plus de programmes accompagnants », ajoute Valérie Ducaud. Du coup, pour attirer les entreprises, Lyon met gratuitement à leur disposition un lieu de prestige pour organiser un cocktail et offre l'usage des transports publics pour les événements de plus de 1 500 participants. La région Centre Val de Loire mise quant à elle sur une offre thématique à la mode comme l'oenotourisme et le cyclotourisme pour encourager les congressistes à prolonger leur séjour. « Les séminaires se déroulent encore majoritairement à la journée », relève Vincent Garnier, directeur du CRT Centre-Val de Loire. Sachant que la moitié des entreprises dépensent dans le cadre d'un séminaire résidentiel plus de 230 E par participant et par jour, c'est tout un revenu financier qui lui échappe encore.
« Les collectivités françaises ont compris que le tourisme d'affaires était économiquement rentable », Jean Pinard, délégué général d'Auvergne Nouveau Monde.
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