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L’Euro baisse, le tourisme tangue

La dévaluation de l’euro par rapport au dollar pourrait conduire les tour-opérateurs à revoir leurs prix à la hausse. Dans un contexte aussi morose, le danger de casser la saison estivale sur certaine destination est réel. En revanche, le réceptif se frotte les mains.

Rien ne va plus pour l’euro ! Malgré le vaste plan d’aide initié par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), la monnaie unique poursuit ses accès de faiblesse. Qui devraient durer, les « marchés » semblant loin d’être rassurés et pariant, du coup, sur une croissance européenne à la baisse. Le 18 mai, l’euro franchissait ainsi le seuil de 1,25 dollar, à 1,237, son plus bas niveau depuis mars 2009. Cette dégringolade est une mauvaise nouvelle, une de plus pour les professionnels du tourisme, qui s’accommodaient plutôt bien d’un euro conquérant et d’un billet vert en petite forme. À l’export, l’euro fort gonfle le pouvoir d’achat des voyageurs du Vieux Continent dans les pays de la zone dollar et les incite au départ. Contrairement aux achats aériens payés en général en devise européenne, les voyagistes, qui règlent leurs prestations terrestres en monnaie américaine pour revendre ensuite en euros, étaient par ailleurs avantagés avec des prix de revient à la baisse. La marge appliquée restait pourtant inchangée. La zone dollar couvre grosso modo l’Amérique du Nord, du Sud, les Caraïbes (incluant le Mexique mais hors Cuba) et une partie de l’Asie. Aux Maldives, si l’euro a gagné du terrain, beaucoup d’achats se font encore en dollars.

UNE PARITÉ SOUS SURVEILLANCE

Chez un généraliste, la proportion d’achats en billet vert tourne autour de 40 %, de 40 % à 50 % chez Asia, mais moins chez Fram, dont l’activité moyen-courrier est plus marquée, ou Marmara sachant que l’Égypte s’achète aussi en partie en euros. Chez Vacances Transat, près des deux tiers des achats terrestres sont payés en dollars. Même si la zone dollar a eu tendance à rétrécir ces dernières années, tous les prestataires voulant bénéficier de l’aubaine euro, elle reste donc importante. D’où l’inquiétude des voyagistes qui avouent tous regarder l’évolution de la parité euro/dollar avec la plus extrême attention. « Les politiques de couverture de change n’interviennent en rien sur la problématique. On va être obligés de bouger », reconnaît Emmanuel Foiry, président de Kuoni France, à l’instar de Patrice Caradec, président de Vacances Transat, ou de Jean-Paul Chantraine, PDG d’Asia. Bouger ? En clair, réajuster les prix à la hausse sur certaines destinations. « Nous avons fait notre coasting sur la base d’un euro à 1,40 voire 1,50 dollar », remarque Patrice Caradec. « On n’a plus le choix et l’enjeu financier est trop important, ajoute Emmanuel Foiry, sachant qu’il n’y a pas que le dollar américain qui est impacté. L’euro baisse par rapport à toutes les autres devises mondiales ». À l’exception de ceux qui, comme Marmara, se sont engagés sur la garantie des prix, « quelles que soient les fluctuations des cours du carburant et des devises », et ne répercute donc aucune hausse mais aucune baisse non plus, la plupart des tour-opérateurs devraient être concernés. En général, ils ont adopté la règle suivante, édictée clairement dans leurs conditions particulières de vente : « Si la fluctuation du cours des devises venait à influencer sur le prix total du voyage de plus de 5 %, cette incidence serait intégralement répercutée dans les prix de vente du voyage (tant à la hausse qu’à la baisse), sachant qu’au cours des 30 jours qui précèdent la date du départ prévue, le prix fixé au contrat ne peut faire l’objet d’une majoration. » Ces réajustements à la hausse devraient, sans surprise, intervenir rapidement. Sans doute fin mai-début juin. Un nouveau pensum pour la profession, déjà bien perturbée par les reports et réclamations post-nuage de cendres volcaniques. Pour les clients qui ne sont pas encore inscrits, pas de problème, le nouveau tarif leur sera appliqué. Pas de soucis non plus pour ceux à partir dans les 30 jours suivant la révision des prix et dont les tarifs seront maintenus. En revanche, il va falloir prévenir tous les inscrits à plus de 30 jours sur les destinations concernées.

« RECALCULER TOUS LES PRIX »

« Nous allons recalculer tous les prix en fonction des nouveaux taux de change et en aviser les agences », explique Emmanuel Foiry. Et la rallonge ne sera pas indolore. Les spécialistes du long-courrier, avec de circuits dont la part du terrestre est une composante importante du prix, seront les plus pénalisés. Sur la base d’un forfait moyen à 2 500 E, ce sont ainsi 125 E au minimum par pax qui seront demandés en supplément au client. « Sur certains dossiers, cela pourrait monter jusqu’à 300 à 400 E par personne, estime Emmanuel Foiry. Mais nous serons sans doute amenés à plafonner. » « C’est une mauvaise nouvelle pour l’Amérique du Nord en particulier », regrette Hélion de Villeneuve. L’été s’annonçait radieux pour les spécialistes des États-Unis, mais il va falloir aviser les clients du changement tarifaire. Et dans le contexte actuel ce n’est vraiment pas opportun… « Cela va être pénalisant, reconnaît Patrice Caradec. Mais les règles sont claires ». « Il faut, malgré tout, remarquer que le prix moyen de vente des voyages a baissé de 5 % à 10 % en moyenne entre 2009 et 2010, du fait de la baisse du dollar et de la fin des surcharges carburants, remarque Emmanuel Foiry. Les clients en ont bénéficié. Le voyage revient à son juste prix ». Un message pas forcément facile à passer ! Les voyagistes s’attendent donc à des annulations, les clients pouvant refuser la révision du tarif et renoncer à leur voyage moyennant les frais d’annulation à plus de 30 jours du départ.

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