« J’en veux à TUI France » : la détresse d’un ancien cadre écarté en pleine crise Covid
Après plus de trente ans de carrière chez TUI France, Eric Bouladou a été poussé vers la sortie en pleine pandémie. Un départ brutal qu’il juge préjudiciable tant sur le plan moral que financier.
Comme d’autres anciens cadres, il était présent lors de l’audience (voir notre article) qui s’est tenue le 20 mai devant le Conseil de Prud’hommes de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Ancien chef de produit et responsable de coordination chez TUI France, Eric Bouladou est aujourd’hui âgé de 63 ans. Il a été évincé en juin 2020 au plus fort de la crise sanitaire. Une mise à l’écart qu’il estime brutale et qui l’a épuisé. « Après 34 ans de bons et loyaux services », rappelle-t-il avec amertume.
De l’ascension à la limite du burn-out
Entré en 1988 chez Nouvelles Frontières, alors dirigée par Jacques Maillot, Eric Bouladou gravit les échelons un à un. À son apogée, il encadre plusieurs chefs de produits et coordonne plusieurs services. Il bénéficie alors de deux assistantes, avant que les plans sociaux successifs n’érodent progressivement ses moyens.
En 2017, après le rachat de Transat et une série de départs parmi les cadres dirigeants, Eric Bouladou se retrouve à gérer seul plusieurs postes, sans aucune aide pendant plus de six mois. « Je ne suis pas allé jusqu’à la dépression, mais j’étais à la limite du burn-out », raconte-t-il. Passionné par son métier, il tient bon. Mais la pandémie finit par l’achever moralement et professionnellement. En 2020, son poste est supprimé. Il est incité à « partir », sans alternative.
Un préjudice moral et financier estimé « entre 300 000 et 400 000 euros »
« J’en veux à TUI. Je comptais travailler encore quinze ans. J’ai tout perdu », ajoute l’ancien responsable qui estime le montant de son préjudice « entre 300 000 et 400 000 euros ».
Depuis plus de trois ans, il est au chômage. Malgré « des centaines de candidatures » envoyées dans son domaine de compétence, il n’a reçu que des réponses négatives. « Le principal obstacle, c’est mon âge. Et dès que je dis que j’ai quitté TUI, on me demande pourquoi. Que voulez-vous répondre à ça ? ».
Eric Bouladou a aussi tenté de revenir dans le groupe. Des collègues en interne qui l’estimaient ont même appuyé sa candidature. « Via Linkedin, j’ai postulé à plusieurs postes de production. Je n’ai jamais reçu la moindre réponse. » Une absence de considération qui renforce son sentiment d’abandon. « J’en veux vraiment à TUI » martèle-t-il une seconde fois.
Une reconnaissance pour lui et aussi pour les autres
Au-delà de son cas personnel, l’ancien cadre pointe une désorganisation chronique de l’entreprise. « Les plans sociaux n’ont pas été faits pour aider les salariés ni améliorer la performance du groupe. Ils ont été mis en place pour sauver les postes de certains directeurs », résume l’ancien chef de produit.
Aujourd’hui, Eric Bouladou attend beaucoup de la procédure engagée. Il espère une condamnation de TUI pour licenciement abusif et reconnaissance du préjudice moral et financier. « Je ne veux pas que d’autres vivent ce que j’ai vécu. On vous presse, on vous use, et on vous jette » confie-t-il. La décision du Conseil de Prud’hommes est attendue le 23 septembre prochain.