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Interview croisée de deux patrons de Booking

Parité tarifaire, tribunal de commerce, chiffres France : nous avons abordé toutes ces questions avec les directeurs EMEA et France de Booking, lors d’une interview à L'Echo touristique.

L’Echo touristique : D’après nos estimations, Booking atteint des ventes de 2 à 2,5 milliards d’euros en 2014, en France. Pouvez-vous confirmez une telle fourchette ?
Peter Verhoeven (directeur EMEA de Booking) :
Nous ne communiquons pas nos résultats par pays, notamment parce que nous sommes cotés en Bourse. Booking représente 75% à 80% de l’activité globale de Priceline. En France, nous avons 45 000 partenaires, sur 635 000 dans le monde, ce qui vous donne une indication en termes de part de marché (soit 7,1%, NDLR). En moyenne, nous vendons 3 à 4 chambres d’un hôtel de 50 chambres, tous les jours de l’année, en France. Cette tendance ne tient pas compte du taux de remplissage des établissements, que nous ne connaissons pas.

L’Echo touristique : Concernant la parité tarifaire, que vous inspire la décision de Paris à l’encontre d’Expedia ?
Carlo Olejniczak (directeur France, Espagne et Portugal de Booking) :
Nous ne commentons pas les décisions de justice. Notre procédure avec le tribunal de Commerce de Paris est toujours en cours.

L’Echo touristique : Le tribunal a rendu sa décision concernant Expedia, mais pas encore à votre égard ?
Peter Verhoeven : Oui. Nous avions demandé au tribunal que la décision soit prise après celle de l’Autorité de la concurrence, ce qui nous a été refusé. Nous avons fait appel de cette décision. Aujourd’hui, nous espérons que le tribunal de Commerce de Paris suivra la position de l’Autorité de la concurrence, qui a récemment rendu ses conclusions, en évoquant nos engagements : nous sommes arrivés à un compromis équilibré, dans lequel l’hôtelier a plus de marge de manœuvre. Les hôteliers peuvent pratiquer des tarifs moins élevés sur d’autres OTAs ainsi qu’offline et via leur éventuel programme de fidélité. Mais ils ne doivent pas être plus chers sur Booking. S'il l'étaient, notre modèle économique ne tiendrait pas.

L’Echo touristique : En tant qu’ancien d’Accor, entendez-vous les doléances des hôteliers ?
Peter Verhoeven :
En tant qu’ancien d’Accor pendant 7 ans (de 2007 à 2014, NDLR), Booking m’intéressait aussi longtemps qu’il apportait des ventes incrémentales. Bien sûr, chaque groupe doit avoir une politique multicanale, avec une part de ventes directes. Mais pour le consommateur, c’est important d’avoir un agrégateur d’hôtels.
Carlo Olejniczak : Nous ne forçons personne à être sur Booking ! Nous sommes un partenaire de l’hôtelier, auquel nous offrons une plate-forme de réservations et une force de frappe marketing, moyennant 16,1% de commission. Nous aidons les hébergeurs à attirer des clients du monde entier. En 2013, 12 millions de touristes étrangers ont réservé sur Booking.com leur hébergement en France. Nous générons du trafic et de la demande dans plus de 635 000 solutions d’hébergement, Booking.com est disponible dans 42 langues. Aucun groupe hôtelier ne peut se permettre d’avoir son site traduit en 42 langues. Et nous avons 14 services clients dans le monde, pour répondre aux besoins des utilisateurs. Nous enregistrons plus de 600 000 réservations par jour, soit 800 000 nuitées.

L’Echo touristique : Avec le rachat de PriceMatch et BookingSuite, vous devenez fournisseur technologique, n'est-ce pas ?
Carlo Olejniczak :
Nous avons récemment lancé la nouvelle division BookingSuite pour effectivement apporter des services digitaux et marketing à nos partenaires. Nous avons une expertise technologique reconnue, que nous mettons ainsi à la disposition de nos partenaires hôteliers. Nous avons commencé par le lancement d’un premier service de création de site Internet, pour les hôtels qui n’ont pas de site web ou pas de site suffisamment performant. Première option, un site très standardisé peut être créé gratuitement, en une quinzaine de minutes, moyennant une commission de 10% sur les réservations. La deuxième option, c’est un site personnalisé qui sera payant, avec des frais de mise en service et un abonnement mensuel. PriceMatch est une brique supplémentaire de BookingSuite.

L’Echo touristique : Vous ciblez désormais les voyageurs d’affaires avec Booking Business. Pour les PME ? Il n’y aura pas de possibilité de paramétrer une politique voyage ?
Peter Verhoeven :
Nous sommes en phase d’expérimentation, et nous resterons attentifs aux demandes du marché.
Carlo Olejniczak : Aujourd’hui, nous répondons aux trois demandes des entreprises : des tarifs attractifs, du reporting, et la localisation des salariés pour des questions de sécurité. Nous permettons aux travel managers de créer un compte, d’inscrire tous les voyageurs d’affaires et de suivre les dépenses. Notre programme Genius permet aux hôteliers, qui acceptent d’accorder 10% de réduction, d’être fortement visibles auprès de voyageurs fréquents. Booking Business, c’est de l’Open Booking. Nous voyons de plus en plus de voyageurs d’affaires qui sortent des programmes sociétés. Nous parlons de plus en plus de blurring, les frontières s’estompent entre voyages privés et professionnels.

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