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« Il faut reconnaître à Paris la place qui est la sienne »

Le DG de l’Office du tourisme et des congrès de Paris fait le point sur la fréquentation parisienne au lendemain du week-end de Pâques, qui marque le lancement de la saison. Il évoque aussi la belle image de la capitale à l’étranger, de même que les futurs défis sur le réceptif et le développement hôtelier.

L’Écho touristique : Pour commencer, faisons un point conjoncturel sur l’activité touristique dans la capitale. Pâques étant un indicateur significatif en termes de fréquentation, que nous disent les chiffres aujourd’hui ?

Paul Roll : Paris souffre comme tout le monde. Cependant, les chiffres ne sont pas si alarmistes. Les statistiques sur la fréquentation du week-end de Pâques montrent que le taux d’occu-pation est en baisse de 6,6 % par rapport à l’an dernier.Le prix moyen a chuté de 7,8 %, et le RevPar de 14,8 %. Mais n’oublions pas que 2008 était une année record. Or nous sommes à l’étale par rapport à 2007 et en avance par rapport à 2006, une année normale.

Quels sont les marchés qui font défaut ?

Le recul de la clientèle américaine se dessine depuis deux ans et persiste aujourd’hui. Les Japonais ont suivi dès janvier 2008, puis les marchés européens à partir de septembre. On a cependant le sentiment que les choses repartiront par le marché américain, comme toujours, car ce recul n’est pas lié aujourd’hui à l’image de Paris ni à la problématique des surcharges carburant et de la parité euro/dollar.

Cette baisse est-elle compensée par d’autres clientèles ?

Le marché domestique s’avère assez réactif, grâce aux ventes de dernière minute. Cette crise nous amène également à regarder sérieusement les comportements des nouveaux marchés, les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), auxquels j’ajouterais le Mexique. Les principaux problèmes sont le manque de visibilité, qui nous oblige à naviguer à vue, et de réactivité de la part des restaurateurs.

Le secteur de la restauration est-il particulièrement touché ?

Oui, car il a beaucoup de mal à s’adapter aux attentes de la clientèle loisirs. Il y a 20 ans, les restaurateurs ont compris l’importance du menu affaires. Or, aujourd’hui, rares sont ceux qui ont saisi la nécessité de proposer également un menu le soir, lors du repas principal. Certains groupes comme Flo ou les Frères Blanc ont été réactifs en sortant un menu avec un habillage produit. Avec la crise, on constate aussi un vrai retour à la bistronomie, plus décontractée et avec des tarifs plus abordables.

Et le segment affaires ?

Les congrès ne souffrent pas trop, car ce sont des manifestations réservées longtemps à l’avance. Mais c’est un segment qui ne représente que 5 % de l’activité de la ville. Pour faire prendre conscience aux hôteliers de l’importance de ce secteur, nous venons de lancer l’opération Paris Destination Congrès, portant sur la mise en place d’une charte engageant les signataires à présenter une offre attractive aux associations souhaitant tenir leur congrès à Paris. Un congrès qui se tient dans la capitale accueille entre 10 et 30 % de participants de plus que sur une autre destination.

Le plan de développement porte-t-il aussi sur l’extension du parc hôtelier ?

La mairie de Paris s’est engagée sur le lancement d’un vaste chantier portant sur la création de 7 000 chambres d’ici 2020. Nous identifions actuellement les terrains sur lesquels la ville pourrait mettre à disposition des surfaces pour des établissements de plus de 100 chambres. Une taille qui manque aujourd’hui pour les incentives dans la capitale, car la superficie moyenne du parc est de 50 chambres. Ce seront des hôtels de chaîne majoritairement milieu de gamme.

Actuellement, comment se structure le marché parisien ?

Nous avons aujourd’hui 40 % de parts de marché national et 60 % international. Nous sommes dans une situation où nous avons toujours un marché qui compense l’autre. D’après les derniers chiffres de l’OMT, le tourisme international va doubler à Paris à l’horizon 2020, alors que le tourisme national va suivre la croissance du PIB.

Dans ce contexte, l’activité réceptive est-elle satisfaisante ?

Les professionnels français sont trop dédiés au marché national. Que ce soit la Suisse, l’Allemagne ou l’Espagne, ils ont tous de puissants réceptifs continentaux qui proposent un produit global à un tarif unique avec accompagnateur. En France, il n’y a pas un seul opérateur qui offre un tour d’Europe. On ne croise jamais une antenne d’un réceptif français à l’étranger. Le fait de ne pas pouvoir récupérer la TVA est un véritable problème, car il empêche nos autocaristes d’être compétitifs.

Comment la distribution se répartit-elle ?

Paris reste une destination de TO, même si beaucoup d’entre eux n’ont pas su s’adapter aux nouvelles évolutions multicanal. Internet prend donc une place de plus en plus prépondérante dans le circuit de distribution. Le Web a notamment permis à de nombreux hôtels indépendants d’être présents sur la Toile. L’offre est donc de plus en plus à la carte. Les marchés émergents, en revanche, continuent à proposer des formules classiques dans le cadre d’un circuit européen. C’est vraiment lors de la seconde visite que les touristes restent un peu plus longtemps et sortent de Paris.

Que pensez-vous de la mise en place de produits touristiques communs à la France, l’Italie et l’Espagne ?

Le binôme France/Italie fonctionne très bien. Les deux pays sont déjà présents dans les circuits classiques européens. L’Espagne, en revanche, est plus loin et souffre d’un problème d’image et de positionnement entre Barcelone et Madrid.

En parlant d’image, quelle est aujourd’hui celle de Paris ?

Elle est très bonne. D’après une étude récente, 97 % des touristes qui ont séjourné à Paris reviennent et 86 % disent qu’ils sont contents ou très contents. Paris vient également d’être élue ville la plus accueillante du monde en 2008 lors d’une remise de prix organisée par Condé Nast. Il faut en revanche communiquer auprès de ceux qui ne sont jamais venus. La mise à mal des Franciliens sur l’accueil de la ville est également négative : chauffeurs de taxi pas aimables, mauvaise signalétique des transports… À ce propos, nous allons travailler avec la RATP sur un décodage du réseau de bus parisiens. La charte mise en place par Aéroports de Paris (ADP) dans les aéroports améliore également très nettement l’accueil.

Et plus généralement, quelle est la perception de la France ?

Son image reste très liée à des clichés sur le patrimoine ou la gastronomie, car chaque région agit de son côté et il n’y a pas de stratégie marketing globale. Je milite pour que chaque site augmente sa cotisation à Maison de la France, ce qui permettrait de renforcer la déclinaison marché par marché et de reconnaître à Paris la place qui est la sienne. La capitale reste la porte d’entrée de la destination France.

Comment communique l’Office à l’étranger ?

Nous n’avons pas de budget de communication propre. En revanche, chaque année nous regroupons une vingtaine d’opérateurs parisiens intéressés (hôteliers, grands magasins, cabarets, excursionnistes…) et partons en tournée dans les grandes villes internationales faire des conférences de presse, des présentations produits, des workshops, des soirées de gala…

« D’après une étude récente, 97 % des touristes qui ont séjourné à Paris reviennent »

« La capitale reste la porte d’entrée de la destination France »

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