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Gérard Feldzer : « L’avion électrique sur batteries ? Il ne faut pas rêver ! »

Ancien pilote de ligne et vulgarisateur émérite de l’aérien, Gérard Feldzer explique pourquoi cet avion électrique lui paraît totalement utopique… Il parie, notamment, sur l’hydrogène.

Ingénieur de formation, Gérard Feldzer a le sens du pragmatisme. « Quand on allège un avion de 50%, on y gagne considérablement du point de vue de la demande d’énergie », a-t-il expliqué lors du récent Forum du Syndicat des entreprises du tour-operating.

Partant d’un tel postulat imparable, que peut-on faire pour être en compétition avec le kérosène ? Avant de répondre, Gérard Feldzer a tenu à évacuer ce qu’il considère comme une piste farfelue : « Un litre de kérosène, pour avoir l’équivalent en électrique, c’est 30 kilos de batteries afin d’avoir les mêmes performances. » Sur cette base, pour un Boeing 777 ou d’un Airbus A350, « il faut 3000 tonnes de batteries, calcule-t-il. On oublie l’avion électrique sur batteries, il ne faut pas rêver ! »

« L’hydrogène, c’est l’avenir »

L’ancien pilote avance toutefois une autre piste qui rime avec électricité : « Nous aurons des moteurs électriques… Mais (avec) de l’électricité fabriquée à partir de l’hydrogène, transformée en électrique à travers une pile à combustible. Je pense qu’en 2035, nous aurons un premier prototype avec 70 passagers, pour des vols court-courriers. Pour du long-courrier, je suis un peu plus réservé, cela prendra plus de temps. »

L’avion à hydrogène sur du long-courrier s’avère « impossible », a ajouté Jean-François Rial. Le PDG de Voyageurs du Monde était aux côtés du célèbre ingénieur, pour débattre au Forum de la décarbonation de l’aérien. « L’avion à hydrogène, c’est possible dans 15 ans, mais que sur le moyen-courrier, qui pèse 60% du trafic », estime-t-il.

Selon Gérard Feldzer, la difficulté de l’hydrogène n’est pas de le fabriquer, mais de le maintenir à l’état liquide (et non gazeux, trop volumineux)… à -256 degrés. Soit « avec de belles bouteilles thermos gigantesques », précise-t-il avant d’insister : « L’hydrogène, qui est encore cher aujourd’hui, c’est notre avenir ».

Les carburants de synthèse, une solution ?

Pour décarboner l’avion, Gérard Feldzer croit aussi aux carburants de synthèse, au demeurant très coûteux. Même s’il pointe là aussi un « petit problème » : « On est dans un univers extrêmement concurrentiel. Il y a des compagnies – notamment celles du Golfe – qui vont continuer avec du kérosène. »

Les carburants de synthèse, « cela peut marcher à condition qu’il y ait un accord international contre les compagnies opportunistes qui continueront à utiliser le pétrole, moins cher. » Et là, ce n’est pas gagné, même si les enjeux sont considérables… Certains considèrent qu’une taxe carbone aux frontières sur les avions les moins vertueux, au niveau de l’Europe, pourrait s’imposer comme solution contraignante. L’ancien pilote en fait partie.

Quelles que soient les options retenues pour décarboner l’avion, une quasi-certitude : les prix des billets vont augmenter avec le changement de paradigme en cours. Pour le bien de la planète.

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