Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Comment sont rédigées les fiches Conseils aux voyageurs ?

Suite à l’enlèvement de deux touristes au Bénin, libérés vendredi dernier, les Conseils aux voyageurs établis par le Quai d’Orsay sont au cœur de l’actualité. Qui rédige les fiches Conseils aux voyageurs, comment l’information est-elle compilée, analysée, pour livrer les recommandations pays par pays ? L’Echo touristique avait interviewé en juin 2017 Patrice Paoli, alors directeur du Centre de crise et de soutien du Quai d’Orsay*. Extraits.

L’Echo touristique : Qui rédige ces Conseils aux voyageurs ?

Patrice Paoli : La proposition initiale part de l’Ambassade, qui est celle qui connaît le mieux le terrain. De la procède une première ébauche, suivie d’un échange avec Paris. Nous travaillons aussi avec les Renseignements, avec d’autres ministères qui peuvent eux aussi avoir une vision, avec la Direction géographique au sein du Quai d’Orsay… Nous sommes là pour prendre au maximum les éléments que l’on peut avoir à notre disposition et en faire sortir une vérité.

Les pros du tourisme ne sont pas toujours d’accord avec les arbitrages effectués. N’y a-t-il pas parfois des considérations diplomatiques, politiques, qui pèsent sur les décisions ?

Patrice Paoli : Nous ne faisons pas des fiches favorables pour faire plaisir aux uns ou aux autres. Surtout pas. Mais bien sûr, nous sommes constamment sous pression. Nous sommes sous pression des acteurs étatiques ou des milieux économiques des pays comme ceux des pays du pourtour méditerranéen, qui vivent du tourisme. Toutefois, nous ne donnons des conseils plus favorables pour les voyageurs que si nous estimons que la situation le justifie. Il ne faut pas oublier que c’est une responsabilité. Les pressions peuvent aussi venir de notre appareil d’Etat. Certains, très sécuritaires, vont nous dire que nos conseils sont trop laxistes. D’autres nous trouveront au contraire bien sévères. Il y a des cas dans lesquels intervient quand même un contrôle politique. Pour les pays où la situation est très sensible, il peut nous arriver de faire valider.

Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Patrice Paoli : Après l’attentat de Sousse**, nous avons décidé de laisser la carte du pays en jaune (vigilance renforcée, NDLR). C’est une décision politique qui a alors été prise par les ministres français et allemand des Affaires étrangères. Ils ont estimé que le risque que l’on ferait courir à la Tunisie si on la dégradait (en orange, ndlr) serait supérieur et qu’il y aurait des conséquences sur la sécurité. Ce n’était pas pour faire plaisir aux Tunisiens. (…) D’une manière générale, les tour-opérateurs et les agences de voyage trouvent que nous cassons un peu la baraque. Mais tout ça est parfaitement normal. Il y a un échange dans lequel chacun joue son rôle.

Quelles sont vos relations avec l’industrie du tourisme ?

Patrice Paoli : Nous sommes en lien étroit avec l’industrie du tourisme. D’abord parce que nous avons beaucoup à partager, les entreprises du tourisme ont une connaissance du terrain, nous avons aussi notre vision. Tout ce que l’on va dire sur les Conseils aux voyageurs pourra avoir un effet sur leur métier, sur leur vie. Il y a donc une interaction. Nous veillons à ce que tout le monde échange. Nous ne dépendons pas du regard des autres, mais nous le prenons en compte. Je pense pouvoir dire aujourd’hui que nous avons une relation de confiance avec beaucoup d’acteurs à l’extérieur. Y compris dans le monde des opérateurs du tourisme. C’est ça que je veux développer. C’est grâce à ça que les choses fonctionnent.

 

 

Retrouvez l’intégralité de cette interview dans L’Echo touristique de juillet 2017.

* Patrice Paoli a depuis quitté ses fonctions, remplacé par Eric Chevallier.

Les commentaires sont fermés.

Dans la même rubrique