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Fin de l’accord iranien : quelles conséquences pour le tourisme ?

Certaines entreprises du secteur, y compris en France, vont être directement impactées par la fin de l’accord entre les Etats-Unis et l’Iran et les sanctions qui en découlent.

La destination était redevenue “fréquentable” depuis l’accord sur le nucléaire signé en juillet 2015, signature qui avait notamment donné le top départ d’une course au développement hôtelier en Iran, nouvel Eldorado pour de nombreux investisseurs étrangers. Si les groupes américains avaient dû se contenter de “regarder passer le train”, toujours soumis à des sanctions empêchant les entreprises américaines – y compris Airbnb – d’investir dans le pays, la décision du président Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions pourrait aussi changer la donne pour certaines entreprises en Europe, qui avaient recommencer à commercer avec Téhéran.

La décision des Etats-Unis impose en effet aux entreprises étrangères des délais très courts, de l’ordre de six mois, pour se retirer d’Iran, indiquait mercredi matin Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, lors d’un entretien sur France Culture, sous peine de se voir interdire l’accès au marché américain. Et ce alors qu’en deux ans, la France avait multiplié par trois son excédent commercial avec l’Iran (tous secteurs confondus, ndlr), a souligné Bruno Le Maire lors de cette interview.

Des projets à l’arrêt ?

La question se pose notamment pour l’hôtelier français AccorHotels, qui s’est implanté en Iran dès 2015. Le groupe a été le premier à ouvrir deux unités (un Novotel de 300 chambres et un Ibis de 200 chambres) à l’aéroport international Imam Khomeini, se trouvant à une soixantaine de kilomètres de la capitale iranienne. « L’Iran est devenu un pays stratégique pour le groupe. Nous projetons de développer un réseau important d’unités, de l’Ibis à Sofitel, à Téhéran, mais aussi à Mashad, Ispahan, Shiraz, Tabriz et d’autres villes secondaires selon les besoins », confiait en janvier 2017 Christophe Landais, directeur des opérations en charge du développement pour AccorHotels en Iran. Quelles seront les conséquences de la décision de Donald Trump sur les projets du groupe ? Contacté mercredi matin par L’Echo touristique, AccorHotels ne souhaite pour le moment pas s’exprimer sur le sujet.

L’espagnol Melia est soumis à la même problématique. La chaîne annonçait en effet en 2017 avoir des projets « partout dans le pays sous les enseignes Mélia, Gran Mélia, Innside by Melia aussi. »

Du côté des transports, les avionneurs américains Boeing et européen Airbus sont également concernés, avec des contrats représentant des sommes astronomiques. Après des années d’isolement économique, Téhéran souhaitait en effet moderniser sa flotte vieillissante. Dans l’ensemble, c’est un coup dur pour l’industrie aéronautique car l’Iran aura besoin de 400 à 500 avions de ligne dans la prochaine décennie, estime l’Organisation iranienne de l’aviation civile. De leur côté, les compagnies aériennes British Airways et Lufthansa, qui avaient repris des vols directs vers Téhéran, vont devoir stopper ces lignes pour pouvoir continuer à opérer librement des vols transatlantiques.

Au final, c’est aussi la destination, qui a notamment besoin d’investisseurs pour moderniser et développer ses infrastructures, aussi bien en termes de transports que d’hôtellerie, qui risque d’en pâtir. Ses ambitions sont en tout cas fortes : l’objectif est d’accueillir 20 millions de visiteurs d’ici 2025. En 2016, le pays a accueilli 4 942 000 touristes internationaux (-5,6%) dont 34 922 Français*. Un marché hexagonal qui a quant à lui affiché une hausse de 95%, et ce alors que la destination a rejoint les brochures de plusieurs TO.

*Source : Palmarès des voyagistes 2017, L’Echo touristique.

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