Ferries : le pavillon français prend l’eau
SNCM, MyFerryLink, Brittany Ferries : pour les trois compagnies tricolores, le mois de juin s’achève par un tunnel de difficultés. De quoi continuer à attiser les craintes sur leur avenir.
Sale temps pour les compagnies de ferries françaises. Le hasard veut qu’en cette fin de mois de juin, les coups durs s’enchaînent pour le secteur. De loin la plus menacée, dans son existence même, la SNCM a vu s’effondrer vendredi la perspective d’un renouvellement de sa flotte de navires. Le conseil de surveillance de l’entreprise, qui se tenait ce jour-là, n’a en effet pas confirmé la lettre d’intention pour la commande de quatre nouveaux bateaux.
Les deux principaux actionnaires de la compagnie, l'Etat et Transdev, ont refusé de participer au vote sur la prolongation de cette lettre d'intention, qui arrivait à échéance le 30 juin, ce qui la rend mécaniquement caduque à partir de ce lundi. La commande de ces nouveaux navires faisait pourtant partie du plan de redressement de la compagnie initié l’an dernier par la précédente direction. Elle avait alors été soutenue par l’Etat, qui avait lancé une mission sur la recherche de financement pour la faire aboutir.
7e jour de grève à la SNCM
Mais la reprise en main par Transdev, l’actionnaire principal, et la nomination de nouveaux dirigeants ont rebattu entièrement les cartes. Ce dernier refuse désormais d’engager le moindre investissement compte-tenu des incertitudes qui pèsent sur les finances de la compagnie. Pour les syndicats, le fait que l’Etat adopte la même position prouverait que les pouvoirs publics ont décidé de lâcher la SNCM.
Dans ces conditions, la grève a été reconduite ce lundi pour la septième journée consécutive. Une situation qui devient intenable à quelques jours du début de vacances scolaires d’été. Pour tenter de débloquer la crise, une rencontre est normalement prévue ce lundi après-midi entre les syndicats et le secrétaire d’Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, soit sur place à Marseille, soit en visioconférence.
Interdite d'accès à Douvres, MyFerryLink fait appel
Dans le même temps, la journée de vendredi a également porté un coup à MyFerryLink. L'autorité britannique de la concurrence a en effet confirmé dans sa décision finale l'interdiction pour la compagnie française (ex-SeaFrance), qui loue ses bateaux à Eurotunnel, d'opérer depuis le port anglais de Douvres. Elle donne à MyFerryLink "six mois pour arrêter son service" ou pour devenir "complètement indépendante" d’Eurotunnel.
Pour le gendarme britannique de la concurrence, en étant propriétaire des navires exploités par MyFerryLink, Eurotunnel occupe une position dominante sur le marché des liaisons transmanche, ce qui pourrait aboutir à une augmentation des tarifs.
MyFerryLink a annoncé vendredi qu'elle allait faire appel de cette interdiction. "La décision d'appel étant rendue au plus tôt à la fin de l'année 2014, la compagnie maritime assure tous ses clients que ses navires continueront à opérer pendant toute la saison et bien au-delà", indique-t-elle dans un communiqué. Frédéric Cuvillier a lui-aussi annoncé vendredi que l'Etat français allait "déployer tous les moyens" pour permettre à MyFerryLink de "continuer l'exploitation des navires".
Brittany Ferries : la construction du nouveau navire toujours pas lancée
Devra-t-il aussi venir au secours de Brittany Ferries ? La compagnie bretonne semble en difficulté dans le bouclage financier de sa commande d’un nouveau navire, le plus grand bateau fonctionnant au gaz naturel liquéfié. Alors que cette commande ferme a été signée auprès des chantiers STX France de St-Nazaire en janvier dernier, la compagnie avait jusqu’à ce lundi 30 juin pour réunir les fonds nécessaires et lancer officiellement la construction, ce qu’elle n’a toujours pas fait.
En l’absence de cette confirmation, au mieux le démarrage des travaux serait reporté d’un an, en raison du planning de construction extrêmement chargé des chantiers STX, au pire le contrat se verrait annulé.