Événement productif

Au lendemain du passage de Sandy, on continue de mourir à Haïti dans l’indifférence générale du choléra, du sida ou de criminalité. À New York, on court les rues à la recherche d’un peu d’essence ou d’une batterie pour recharger son smartphone et l’on se déchire sur la question de l’annulation du marathon. Problèmes de riches ? Certainement, bien qu’il soit simpliste d’opposer causes humanitaires et égoïsmes particuliers. En revanche, la polémique qui enfle autour du marathon de New York et de son annulation tardive dénote d’une étonnante naïveté. Événement de résonance internationale, le marathon de New York est une manifestation à fort enjeu économique pour la destination. Si c’est seulement vendredi soir que les autorités locales et l’organisateur ont décidé d’annuler l’épreuve, cédant in extremis à la pression des voies indignées des sinistrés, c’est qu’ils ont fait le choix de laisser arriver les participants internationaux. Or, ces derniers, venus participer à une compétition sportive et non faire du tourisme à New York, se sont sentis piégés. Certes, dans une Amérique qui n’aime pas se montrer le genou à terre, tout le monde aurait souhaité voir se dérouler le marathon dimanche dernier, renvoyant ainsi l’image d’une ville capable de relever rapidement la tête. Sur ce registre, les organisateurs ont raté le coche en ne faisant pas évoluer l’événement dans la dimension humanitaire qu’imposait la situation. Quitte à être cloués sur place, les marathoniens pouvaient se décentrer de leurs problèmes d’apports caloriques journaliers et participer à un événement productif autrement plus fort en sens. C’est d’ailleurs ce que certains d’entre eux ont fait, en s’organisant via les réseaux sociaux pour courir à la rescousse des sinistrés de Staten Island. Et faire la démonstration des valeurs d’entraide chères à la communauté sportive.

Événement de résonance internationale, le marathon de New York est une manifestation à fort enjeu économique pour la destination.