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Égypte, ces spécialistes qui résistent

Malgré les faillites de Djosair et Autrement Voyages, et les difficultés persistantes de STI, tous les TO spécialistes de l'Égypte ne sont pas au bord du gouffre. Diversification de la production et distribution en ligne sont les clés de leur réussite.

Les voyagistes spécialistes de l'Égypte finiront-ils tous par mettre la clé sous la porte ? Alors que les statistiques du Ceto sur la destination, tout comme les chiffres de fréquentation des Français publiés par l'Office de tourisme égyptien, n'en finissent pas de dégringoler, deux défaillances de TO viennent de noircir encore le tableau. Après Djosair, placé en liquidation judiciaire fin mars, après 22 ans d'activité, c'est au tour d'Autrement Voyages de déposer le bilan, un an et demi après le rachat par Georges El Hayek de Voyages Itinéris, qui opérait à l'époque les marques Autrement l'Égypte et Autrement l'Italie. En interne, on ne met pas en cause le rythme des ventes (elles étaient, paraît-il, en forte hausse depuis le début de l'année, et l'Égypte n'avait représenté qu'un quart des volumes l'an dernier), mais la promesse non tenue des partenaires financiers égyptiens de l'entreprise d'accompagner le développement de l'activité par un apport de trésorerie, nécessaire notamment pour payer à l'avance les fournisseurs.

Chez STI, au contraire, les actionnaires sont bien au rendez-vous, au-delà même de toute logique économique : en quinze mois, ils ont injecté plus de 5 millions d'euros dans les caisses du TO, dont environ 2 millions tirés de la cession des locaux parisiens, mi-avril. Mais les ventes peinent à redécoller. Et la diversification promise vers de nouvelles activités (ouverture d'un bureau réceptif et développement de nouvelles destinations outgoing) va prendre du temps.

 

La diversification, une question de survie

 

Pour Tour Indicom, cette diversification est pourtant la planche de salut. « Avant la crise, l'Égypte représentait plus de 20 % de mon chiffre d'affaires. Aujourd'hui, on est encore plus bas que l'an dernier, et proche de zéro », commente Amine Salama, PDG. Même s'il reconnaît avoir perdu « un peu d'argent » en 2012, le TO ne doit sa survie qu'à son positionnement, déjà ancien, sur d'autres destinations. « Les gens l'oublient souvent, mais je travaille depuis 20 ans sur l'Irlande, la Norvège, la Croatie, la Bulgarie, la Russie, etc., rappelle Amine Salama. Et je suis en train de préparer le lancement d'une destination culturelle d'hiver, qui puisse se substituer à l'Égypte en attendant le jour où cette dernière repartira, ce dont je suis sûr. »

Est-ce à dire que tous les spécialistes de l'Égypte sont condamnés soit à mourir, soit à aller voir ailleurs ? L'exemple de Travel Evasion et d'Uniques Vacances semble accréditer le contraire. Ces deux TO ne produisent que l'Égypte, uniquement en séjours balnéaires sur la mer Rouge, et disent le faire avec succès. La recette ? « Nous travaillons exclusivement en marque blanche pour les pure players », résume Patrick Abenin, président de Travel Evasion. Installé à Toulouse, ce TO est l'ex-Toutenlowcost, qui a dû abandonner son nom en 2010 lors du rachat d'Italowcost/Toutenlowcost par XL Airways. Récemment entré au Ceto, il revendique 25 000 clients en 2012. « Ça a été une année record en volumes, et contrairement aux idées reçues, nous avons pu atteindre des paniers moyens appréciables, de l'ordre de 900 E, tout en maintenant une tarification agressive, et nous sommes bénéficiaires », poursuit Patrick Abenin.

 

Une conjugaison de plusieurs facteurs

 

Pour maintenir cette équation, le TO conjugue maîtrise des coûts (5 salariés seulement), gros engagements aériens, ventes de dernière minute et concentration sur des hôtels de chaînes internationales haut de gamme « pour éviter toute réclamation ». En outre, « nos partenaires locaux nous permettent d'acheter à des prix très bas, pour ne pas voir disparaître le marché français », assure Patrick Abenin. Uniques Vacances s'appuie sur les mêmes fondamentaux, mais ses objectifs ne sont pas tout à fait identiques. « Nous appartenons au groupe koweitien Kharafi, qui est propriétaire de 5 hôtels en Égypte, dont 3 à Marsa Alam [sud de la mer Rouge, Ndlr], d'un réceptif local, et de l'aéroport de Marsa Alam, explique Fathi Fartoun, directeur de l'entreprise. Donc notre devoir est d'abord de remplir les hôtels et faire tourner les activités de la maison mère. » Quitte sans doute à ne pas gagner d'argent, même si le TO promet qu'il ne vend pas à perte. Annonçant 6 000 clients en 2012, son directeur dit vouloir accélérer le rythme. Un projet d'affrètement complet sur Marsa Alam serait à l'étude pour les prochaines semaines. Plus étonnant, il envisage de s'ouvrir désormais aux agences de voyages physiques, avec le lancement prochain d'un site B2B et la publication d'une brochure à l'automne.

 

TO et agences se détournent de l'Égypte

 

Étonnant, car les agents de comptoir sont justement décrits comme des freins aux ventes. « Ils découragent leurs clients de voyager en Égypte », assure Nahed Risk, directrice de l'Office de tourisme égyptien en France. Et ils seraient d'autant moins actifs que « les TO généralistes ne font plus aucun effort pour promouvoir cette destination, ajoute Patrick Abenin. Entre leurs problèmes internes et les énormes capacités qu'ils ont pris sur des destinations de report, ils ont concentré leurs énergies ailleurs. » Sans surprise, leurs volumes sur l'hiver sont donc à nouveau en baisse. Chez Thomas Cook France, on annonce par exemple une dégringolade de 40 % par rapport à l'an dernier, soit le plus fort recul parmi les destinations programmées par le groupe, et les tendances sur l'été « ne sont pas bonnes ». À ce rythme-là, l'Égypte aura-t-elle encore sa place dans les prochaines brochures des généralistes ? C'est bien la question sur laquelle planchent en ce moment les équipes de production.

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