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CWT : le déclin d’un géant, jusqu’au rachat par Amex GBT

Aux Etats-Unis comme en France, la TMC CWT a enchaîné une série de mauvais feuilletons au cours des dernières années. C’est l’une des plus vieilles marques du voyage, née en 1872, quand le belge Georges Nagelmackers créa la société Wagons-Lits.

American Express Global Business Travel (Amex GBT) est donc en passe d’absorber son principal concurrent mondial, CWT, pour 570 millions de dollars. Un montant proche de l’enveloppe qui a permis l’acquisition d’un opérateur de 18 parcs de loisirs, Looping, à titre de comparaison.

Le rachat de CWT est l’épilogue d’une succession de mauvaises nouvelles et d’embûches sur la trajectoire de la TMC et de ses équipes. Il suffit pour s’en convaincre de regarder dans le rétroviseur.

Cyberattaque et chapitre 11

En 2020, le spécialiste du voyage d’affaires a subi, comme un nombre croissant d’entreprises, une cyberattaque d’ampleur. Le groupe américain accepte même de verser une rançon de 4,5 millions de dollars aux pirates informatiques pour récupérer des données, selon CybelAngel. C’est suffisamment rare pour être signalé. Selon les spécialistes du sujet, il faut tout faire pour ne pas céder au chantage, sous peine de prouver sa vulnérabilité à tous les hackers du monde.

Très rapidement, le trou d’air provoqué dans le secteur du voyage d’affaires a affaibli les fondations déjà fragiles de la TMC américaine. Le géant du voyage d’affaires n’a pas échappé au « Chapter 11 », ce qui a provoqué l’effet d’un tsunami dans le business travel. Dès 2021, le groupe sort de cette procédure de faillite américaine. Avec à la clé, un futur investissement de 100 millions de dollars dans la plateforme myCWT et « un nouveau souffle », se réjouissait alors Stéphane Birochau, VP EMEA, interrogé par nos collègues de Déplacement Pros. Avec aussi une réduction de 900 millions de dollars de la dette qui s’élevait auparavant à 1,6 milliard de dollars. Mais la recapitalisation n’aura pas suffi.

Et pour CWT France ?

En France, les ennuis ont commencé bien avant la pandémie. C’est ce que nous rappelait hier Carole Lalanne, déléguée syndicale CGT au sein de CWT France SAS. Depuis 15 ans, les effectifs de la TMC ont fondu comme neige au soleil, suite à plusieurs plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). L’entité CWT France, qui englobe les plateaux d’affaires, compte actuellement 487 employés. Ils étaient 3600 en 2008. CWT a réduit son maillage, en fermant des sites. Désormais, le groupe dispose de plateaux d’affaires à Lille, Belfort, Saint-Etienne, Paris/Boulogne-Billancourt (siège), Lyon. Et la restructuration n’est pas terminée. Un double PSE est en cours.

Jusqu’en 2019, Brigitte Nisio a dirigé la TMC en France. Depuis, personne ne l’a remplacée poste pour poste en France. La plupart des décisions sont pilotées depuis les Etats-Unis, semble-t-il.

Comme l’explique Christophe Roth du cabinet EPSA, à DéplacementsPros, CWT « a perdu de sa superbe » ces dernières années. Pendant ce temps, Amex GBT a racheté Egencia afin d’accélérer dans le digital. Avec l’appui stratégique du fonds américain Certares (Voyageurs du Monde Marietton…), il aime se développer par croissance externe.

Consolidation post-Covid

Espérons qu’Amex GBT donne les moyens à CWT de se redéployer… Même si le rapprochement entre les deux TMC pourrait conduire à de nouveaux arbitrages difficiles pour les équipes… Amex GBT compte économiser plus de 450 millions de dollars d’ici trois ans « grâce » aux synergies entre les deux entités.

Pour l’instant, l’opération doit être validée par les autorités compétentes. Surtout en matière de respect de la concurrence. Ce qui va prendre de nombreux mois.

Ce rachat « est une nouvelle preuve que 2024 sera l’année la plus importante pour les fusions-acquisitions dans le secteur des technologies du voyage, commente de son côté Morgann Lesné, expert en fusions-acquisitions dans les technologies du voyage chez Cambon Partners. Une vague de consolidation inévitable à la suite de Covid doit avoir lieu, tandis que dans le même temps, les taux d’intérêt élevés ont bloqué les levées de fonds des start-up, ce qui a conduit les gens à fusionner ou à faire face à la fermeture. »

1 commentaire
  1. Anonyme dit

    La majorité des fusions acquisitions sont des échecs. Pauvre CWT France qui aura fait tous les mauvais choix technologiques ces vingt dernières années.

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