Crash volontaire : l’aérien compte des précédents
En arrêt maladie le jour de l'accident, le copilote a autrefois souffert d'une grave dépression, selon le journal Bild. Quelques catastrophes aériennes, survenues bien avant le drame de Germanwings, sont attribuées à l’acte volontaire du pilote.
L'enquête avance, avec son lot de révélations troublantes. Le copilote de l'Airbus A320 de Germanwings a caché qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour de l'accident, a annoncé vendredi le parquet de Düsseldorf. Andreas Lubitz a traversé "un épisode dépressif lourd" en 2009, et avait suivi un traitement psychiatrique, affirme pour sa part le quotidien allemand Bild, qui a pu consulter des documents de l'autorité allemande de supervision du transport aérien (Luftfahrtbundesamt, LBA). Depuis, le jeune homme était sous traitement "médical particulier et régulier".
Ces informations ont été transmises par Lufthansa, maison mère de Germanwings, à la LBA. Un psychologue doit consulter aujourd'hui vendredi les documents des autorités de supervision du transport aérien, qui seront ensuite récupérés par les autorités judiciaires allemandes et les enquêteurs français, selon la même source.
Des précédents sur différentes compagnies
La justice française a affirmé, jeudi, que le copilote avait sans doute intentionnellement provoqué le crash de l'A320 de Germanwings mardi dans les Alpes françaises, qui a fait 150 morts. Avant ce drame, quelques catastrophes aériennes auraient été provoquées intentionnellement par le pilote de l'appareil.
29 novembre 2013
Le pilote d'un avion de la compagnie mozambicaine LAM précipite intentionnellement au sol son appareil, un Embraer 190 qui s'écrase dans le nord-est de la Namibie. Le vol avait décollé de Maputo, à destination de la capitale angolaise Luanda, avec 33 personnes à bord. Selon les résultats de l'enquête, le commandant s'était enfermé dans le cockpit, empêchant son copilote d'y revenir et avait ignoré les signaux d'alarme.
31 octobre 1999
Un Boeing 767 d'EgyptAir s'abîme dans l'Atlantique, peu après son décollage de New York à destination du Caire, faisant 217 morts. L'agence américaine de la sécurité dans les transports (NTSB) conclut à un suicide du copilote. L'analyse des boîtes noires a confirmé que celui-ci s'était retrouvé seul aux commandes pendant une pause du commandant de bord, alors que l'avion venait d'atteindre sa vitesse de croisière. Selon l'enregistreur des conversations, il aurait alors prononcé une courte prière: "Je m'en remets à Dieu". Immédiatement après, le pilote automatique était désengagé et l'avion plongeait pratiquement en piqué. Si les autorités égyptiennes ont toujours réfuté cette théorie, la presse américaine a rapporté que le copilote avait des problèmes financiers et était devenu "renfermé".
19 décembre 1997
Une demi-heure après son décollage de Jakarta à destination de Singapour, un Boeing 737 de la compagnie singapourienne SilkAir plonge dans une rivière et s'écrase près de Palembang, sur l'île de Sumatra, faisant 104 morts. Les enquêteurs américains concluent au suicide du pilote malgré des boîtes noires inutiles – celles-ci ayant été débranchées avant le crash – alors que rien, selon le bureau d'enquête indonésien, n'étaye cette version. La presse, qui avançait la thèse du suicide, avait précisé que le commandant de bord venait de faire l'objet d'une sanction disciplinaire, avait été rétrogradé, et croulait sous les dettes.
21 août 1994
Lors d'un vol Agadir-Casablanca, le pilote d'un ATR-42 de Royal Air Maroc écrase délibérément son appareil au sol, dans les montagnes de l'Atlas, faisant 44 morts. L'enquête, appuyée notamment sur les dernières paroles de la copilote qui s'étonne que le commandant de bord effectue des manœuvres non conformes à la règlementation aérienne, permet de conclure à un suicide. Ce dernier lui aurait répondu : "mourir, mourir…"
9 février 1982
Le pilote d'un DC-8 de la Japan Airlines met son appareil en piqué au moment de l'atterrissage près de Tokyo et s'écrase, faisant 24 morts. L'enquête conclut à une crise de folie suicidaire.
Par ailleurs, le suicide du pilote a été l'une des hypothèses avancées après la disparition en mars 2014 du vol MH370 de la Malaysia Airlines, avec 239 personnes à bord, les systèmes de communication ayant été délibérément désactivés et l'appareil ayant changé de cap.