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Corsair dans le vert en 2024, Pascal de Izaguirre détaille sa feuille de route

La compagnie française annonce un retour surprise aux bénéfices à l’issue de son exercice 2023-24. Décryptage et point d’actualité avec Pascal de Izaguirre, son PDG.

La direction de Corsair promettait un retour à l’équilibre pour 2024, c’est désormais chose faite. Sur son exercice 2023-2024, qui s’est achevé au 30 septembre 2024, la compagnie française dévoile même un résultat d’exploitation positif de 3 millions d’euros, et un résultat net lui aussi en hausse de 1,1 million d’euros. Sur l’exercice précédent, Corsair affichait pour rappel un résultat d’exploitation de -37 millions d’euros, consécutivement à plusieurs années de pertes. Des résultats surprises, obtenus dans un contexte politique et économique agité pour le secteur aérien, et qui ravissent évidemment son PDG, Pascal de Izaguirre. 

L’Echo touristique : Malgré le contexte, les JO, les pannes moteurs et autres, Corsair affiche des résultats dans le vert pour 2024, après plusieurs années de pertes. Comment l’expliquez-vous ? 

Pascal de Izaguirre : D’abord, grâce à une performance commerciale à nouveau en progression, puisque nous avons dépassé les 700 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une nouvelle progression de 9%. Avant le Covid, nous étions plutôt autour de 440 millions d’euros. Nous sommes désormais plus que jamais la deuxième compagnie long-courrier française.

Il faut ensuite signaler la croissance très importante du fret, à hauteur de 17%. Ceci depuis nos marchés extérieurs : au départ d’Abidjan, on transporte plus de fret qu’Air France qui a un programme bien plus important. Après, il y a une croissance des ventes d’ancillaires de 40%, que l’on market beaucoup mieux, et une augmentation de 5% des passagers transportés, qui s’établissent maintenant à 1,4 million. 

Tout ça n’est pas un miracle. Je constate avec satisfaction que l’on cueille les fruits du travail fait ces dernières années sur la restructuration de la compagnie. Dans l’aspect commercial, on a un programme beaucoup plus qualitatif qu’avant, avec au minimum des vols quotidiens sur Abidjan, Fort-de-France ou La Réunion, Pointe-à-Pitre, ce qui était inconcevable il y a encore peu avec une flotte comprenant trois 747 de 30 ans d’âge. On a rénové notre outil industriel en à peine trois ans et disposons mainteant d’une flotte entièrement neuve de huit A330neo aux standards de qualité élevés. Tout ça en très peu de temps puisque je rappelle que l’arrivée de la classe affaires chez Corsair ne remonte qu’à 2018. Notre clientèle et notre image de marque sont en train de se transformer. 

L’embellie se poursuit-elle sur l’exercice en cours ? 

Pascal de Izaguirre : Oui, la trajectoire de redressement se poursuit. On continue sur cette tendance sur le nouvel exercice, et on a notamment réalisé un très bon mois d’octobre 2024.

Sur le plan économique, Corsair a entamé ces dernières années une restructuration d’ampleur, dont les modalités sont en cours d’examen par la Commission européenne. Vos résultats peuvent-ils peser dans la balance ? 

Pascal de Izaguirre : On attend la décision de Bruxelles d’ici à la fin d’année, et les discussions entre l’État et la Commission européenne se poursuivent, sur l’effacement d’une partie de la dette et sur un crédit d’impôt qui ne résulte que du Covid. Nous avons de bons échos et je reste serein sur la question.

D’autant plus que nos résultats sont dans ce cadre des éléments très positifs, notre trajectoire économique en fort redressement montre que notre dossier est solide et que la compagnie est profondément saine. On a été impacté évidemment par le Covid, mais nos fondamentaux sont très solides. Il n’y a pas un prestataire ou fournisseur privé à qui nous devons ne serait-ce qu’un euro. 

La question que se pose Bruxelles est en résumé : est-ce que cette aide d’Etat va aider un canard boîteux qui de toute façon est condamné et donc on gaspille de l’argent ? Ou est-ce qu’au contraire cela vient en soutien d’une entreprise saine qui a connu un accident ? On fait la démonstration que l’on est bien dans cette deuxième catégorie. 

Laurent Abitbol deviendra le premier actionnaire privé de la compagnie de la holding BlueSky (sous réserve du Go de Bruxelles).

Quelle est votre vision sur le tour de table actionnarial en cours (soumis à l’approbation de Bruxelles) ? 

Pascal de Izaguirre : Il est très satisfaisant. Car à part 8% du conseil général de la Guadeloupe, 92% de notre capital appartiendra à des chefs d’entreprise privés qui sont connus pour leur sens des affaires et leur dynamisme, à l’instar de Laurent Abitbol qui deviendra le premier actionnaire privé de la compagnie. Ils forment un ensemble de chefs d’entreprise du privé, pur et dur, connu pour leur sens des affaires. Cela nous permet d’envisager l’avenir avec sérénité. 

Est-ce que de nouveaux actionnaires et une croissance retrouvée veulent dire réseau plus étendu et nouvelles lignes ? Comme l’ouverture annoncée d’un Paris-Brazzaville… 

Pascal de Izaguirre : Déjà cette année, l’objectif sera de se stabiliser et de consolider nos acquis. Surtout en capitalisant sur l’amélioration de l’image de marque et de notre qualité. Après seulement, on pourra envisager une nouvelle étape, avec peut-être des avions supplémentaires et donc des nouvelles lignes, mais on n’en est pas encore là. 

C’est vrai qu’on a toujours la perspective d’ouvrir à la fin du premier semestre 2025 le Congo, et peut-être envisager d’autres lignes ensuite. Mais « qui va piano, va sano », et notre objectif reste de continuer à être profitable. 

Enfin, comment se portent les relations avec vos navigants et plus globalement le climat social au sein des effectifs ? 

Pascal de Izaguirre : Avec les syndicats, il y a toujours des discussions, et toujours des points de divergence. C’est comme ça, ça fait partie du paysage social. Ce que je constate, c’est que le climat social est calme depuis pas mal de temps. Tout le monde est conscient qu’on est une petite compagnie, et donc fragile. Et je crois qu’à l’annonce de ces résultats, tout le monde sera très heureux et très fier que la compagnie soit devenue profitable et que nous avons réussi à traverser tous les déboires. 

 

La répartition du nouveau capital de Corsair

(soumise à l’approbation de Bruxelles)
Trois blocs composent le capital de la compagnie française :

  • Nouvel entrant, en remplacement de la République du Congo, la compagnie Geocoton (d’Abbas Jaber) possède environ 40% du capital.
  • Le conseil général de la Guadeloupe, 8%. 
  • Un bloc d’actionnaires privés à 52% via de la holding BlueSky, au premier rang duquel Laurent Abitbol.

 

Fin du gouvernement Barnier : pas de frein pour les « amendements Corsair » 

À la suite de la démission du gouvernement Barnier jeudi 5 décembre, la direction de Corsair explique à l’Echo touristique qu’au regard du contexte politique, « il est fort probable que le projet de loi de finances 2025 ne sera pas adopté avant la fin de l’année. De fait, les amendements concernant Corsair ne seront pas examinés, sans que cela représente un frein à l’évolution de la situation de la compagnie. En effet, dans le cadre des échanges avec Bercy, des accords avec l’Etat ont été passés permettant la poursuite de ce dossier en toute circonstance ». 

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