AWFT24 – Comment les hôtels Radisson réduisent leur empreinte carbone
Radisson compte diminuer, drastiquement, ses émissions de gaz à effet de serre. Une gageure pour un groupe hôtelier qui ne possède pas ses établissements, et doit donc convaincre les propriétaires. Quelle est sa méthode ? Nous avons interviewé Inge Huijbrechts, vice-présidente senior mondiale en charge du développement durable (1400 hôtels en exploitation), lors du forum A World For Travel.
L’Echo touristique : Vous promettez d’atteindre « la neutralité carbone d’ici 2050 ». C’est-à-dire ?
Inge Huijbrechts : Radisson s’engage à décarboner l’activité complète de ses hôtels en 2050. A l’horizon 2030, nous comptons diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre. Nous avons déjà bien avancé dans cette voie. Par rapport à notre année de référence, 2019, nous avons déjà réduit de 35% nos émissions de CO2 par mètre carré. Nous avons notamment intégré des hôtels plus durables. 53 d’entre eux sont d’ailleurs certifiés Leed, Bream ou Edge. Donc nous sommes en croissance de portefeuille, mais avec une réduction de l’empreinte carbone.
Vous allez donc réduire au maximum vos émissions et compenser les émissions incompressibles ?
Inge Huijbrechts : Oui. Dans notre méthodologie de net zéro, notre objectif est de réduire les émissions de 90%, et de compenser les 10% restants à l’horizon 2050.
En France, le groupe intégré Okko a pris la décision de ne renoncer aux hôtels d’aéroport, qui peuvent plomber le Scope 3 d’un bilan carbone. Pourriez-vous envisager une mesure aussi radicale ?
Inge Huijbrechts : Je ne pense pas. Nous devons être dans de nombreuses destinations pour répondre aux attentes des clientèles internationales. Nous échangeons avec les propriétaires d’hôtel pour qu’ils intègrent notre démarche durable, laquelle figure d’ailleurs dans notre contrat de bail. Environ 80% des bâtiments sont déjà construits, il faut donc les convertir en vue du net zéro.
Combien coûte cette « conversion » à la durabilité ?
Inge Huijbrechts : Dans les 70 hôtels avec lesquels nous avons un bail, il faut compter 1000 euros par chambre en moyenne. Ce n’est pas l’investissement nécessaire pour atteindre le net zéro, mais pour parvenir à un bon standard de durabilité.
Sachant que vous ne possédez pas les hôtels, comment motiver les hôtels à faire de tels investissements alors qu’ils ont parfois d’autres priorités et arbitrages budgétaires ?
Inge Huijbrechts : Même si un hôtel n’est pas très avancé dans la démarche, il peut s’améliorer. Il faut embarquer tout le monde dans une démarche de progression. Les clients souhaitent que les hôtels s’engagent dans des pratiques durables, les salariés aussi. La réglementation évolue dans le même sens. De plus, l’efficacité énergétique peut engendrer des gains d’efficacité énergétique. C’est le futur du business.
Vous avez 1400 hôtels en exploitation. Combien en France ?
Inge Huijbrechts : Radisson dispose en France de 20 hôtels. Cinq projets sont en cours. Un hôtel Radisson Collection doit ouvrir rue de Rivoli à Paris en 2026, après la rénovation du bâtiment. Un autre est en construction dans une tour, à La Défense. Un hôtel doit aussi voir le jour dans la cour des Loges à Lyon, en 2025, dans un bâtiment historique.