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Agences de voyages : une reprise en trompe-l’œil

Les ventes reprennent fort pour les vacances de la Toussaint et de Noël. Mais les agents de voyages manquent encore et toujours à l’appel.

La reprise des ventes de voyages cache des paradoxes. « Depuis le mois de juin, les agents de voyages connectés à notre solution MisterFlyPro vendent autant qu’il y a deux ans. Mais leur nombre a baissé de 40% par rapport à 2019 », souligne Frédéric Pilloud, directeur digital de MisterFly. La faillite de Thomas Cook en septembre 2019 explique en partie seulement une telle érosion du nombre de vendeurs utilisant le site B2B de l’entreprise au moins une fois par semaine.

« Il y a moins d’agents de voyages par point de vente, ajoute Frédéric Pilloud. Parfois, souvent même, les effectifs ont été réduits de moitié. Des réseaux nous ont indiqué qu’ils avaient une seule personne pour ouvrir l’agence, contre deux par le passé. Le staff a fondu. » La faute au chômage partiel, mais pas seulement. Avec la crise sanitaire, de nombreux professionnels ont quitté le secteur : départs volontaires, départs subis, reconversions ont égrené les derniers mois. « Si le secteur n’arrive pas à recruter, la reprise va être difficile. » Une remarque que formulent aussi de nombreux patrons du tourisme.

La « peur de l’inconnue »

Frédéric Pilloud craint une autre tendance : « Un nombre croissant d’agences ne veulent plus vendre de vols secs, pour éviter des galères suite à l’annulation de vols. Elles préfèrent se recentrer sur les voyages à forfait. » L’annulation d’un vol s’inscrivant dans le cadre d’un séjour ou d’un circuit est moins compliquée à gérer, le voyagiste étant appelé à la rescousse.

La distribution n’a pas repris le rythme de croisière de 2019, confirme aussi Laurent Briquet, directeur du développement de Resaneo/SpeedMedia, « certaines agences de voyages ont fermé. Des mini-réseaux ont réduit leur nombre de points de vente. »

La pandémie a laissé des traces. « Au début de la crise, nous avons perdu 30% de clients, qui se sont désabonnés de notre solution, par peur de l’inconnu, et ne sont pas revenus. Je pense que la moitié d’entre eux risquent de disparaître : il est presque impossible d’être invisible pendant plus de 18 mois, puis de revenir sur le marché. » « Comment ne pas maintenir au moins une présence digitale ? », s’étonne-t-il. Depuis le mois de mars 2020, SpeedMedia a aussi séduit de nouveaux clients, ce qui lui a permis de compenser en grande partie le trou d’air. « Certains sont pressés de passer d’un site vitrine à un site marchand », se réjouit Laurent Briquet.

Pas de radiations en masse, mais peu de nouveaux immatriculés

En manque d’effectifs, la distribution montre toutefois une forte résilience. « Le marché ne montre pas du tout de signe hémorragique », rassure Valérie Boned, secrétaire générale des Entreprises du Voyage. Chiffres d’Atout France à l’appui.

La France compte 6765 immatriculés à l’heure actuelle dont 4000 agences et apparentés, contre 7000 en 2019. « Nous avons perdu 300 immatriculés, dont une minorité d’agents de voyages. » Le volume de défaillances est resté faible, grâce à l’Etat-Providence. « Les opérateurs du secteur ont été fortement aidés, nous bénéficions d’une vraie reconnaissance. Et nous avons d’ailleurs gagné des adhérents aux Entreprises du Voyage, comme le CDMV et les franchisés TUI. »

Mais Valérie Boned reconnaît que des points de vente gardent les rideaux baissés : « Certaines agences n’ont pas rouvert. Aux EdV, nous encourageons de mettre en place l’APLD, comme outil de redémarrage. Les distributeurs perdent de leur attractivité s’ils ne rouvrent pas. »

« Ce qui est surtout frappant, poursuit Valérie Boned, c’est la baisse importante de nouveaux immatriculés. » Pour une raison bien connue : il était très difficile, pendant neuf mois, d’obtenir une garantie financière. » En 2021, le marché a accueilli une cinquantaine d’agences de voyages (sur 128 nouveaux immatriculés), soit deux fois moins qu’en 2019. 2022 sera-t-elle l’année du rattrapage ?

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