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A l’aéroport de Roissy, il ne reste plus que les « derniers naufragés »

Avec le coronavirus, l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle se met en mode avion. Il n’accueille plus que les passagers essentiels et les derniers rapatriés.

« Il n’y a pas un bruit » à Roissy-Charles-de-Gaulle et Malik, bagagiste, n’a « jamais vu ça en 20 ans ». Dans le deuxième aéroport d’Europe, vidé de ses passagers en raison du coronavirus, seuls errent quelques derniers vacanciers qui tentent péniblement de trouver un vol pour rentrer chez eux. Le calme règne dans les allées de l’aéroport parisien. Boutiques, restaurants, nombreux cafés: tout est fermé sur la plateforme, sauf deux pharmacies et un kiosque à journaux bien achalandés.

Depuis l’arrêt des vols en provenance de Chine en février et la fermeture des frontières, la fréquentation de l’aéroport n’a cessé de dégringoler. « On est tombé à 16 000 passagers mercredi, c’est du jamais vu », explique une source aéroportuaire, en soulignant que d’ordinaire, « une journée à Roissy, c’est 150 000 à 200 000 passagers ».

Dans l’autre aéroport parisien, Orly, le trafic s’est effondré de plus de 90%, obligeant le groupe ADP, gestionnaire du site, à le fermer temporairement à compter du 31 mars. Roissy restera lui ouvert, a minima. « Je travaille une semaine sur deux, je n’ai presque aucun bagage à gérer, et j’espère que ça ne va pas durer », soupire Malik le bagagiste, 50 ans.

« Les derniers naufragés »

« Nous n’acceptons plus de touristes », explique la police aux frontières, et seules les personnes ayant « un impératif médical ou une activité professionnelle qui le justifierait » peuvent encore entrer sur le territoire. Si les compagnies aériennes filtrent les passagers, certains passent encore entre les mailles du filet, comme cet Anglais venu rendre visite à sa soeur qui vit en France. « Il vient de se faire refouler et renvoyer chez lui », confie un brigadier.

A l’aéroport ne se croisent plus que des passagers français soulagés d’être rapatriés et des vacanciers étrangers qui tentent de regagner leurs pays. « Les derniers naufragés », ironise un policier. Tel Sam Mederat, qui « cherche désespérément un vol ». Cet américain de San Francisco et sa compagne avaient décidé de faire « le tour de l’Europe » avec leur chien. Mais depuis que le Vieux Continent est devenu l’épicentre de la pandémie du coronavirus, il souhaite écourter son voyage. Comme lui, une dizaine de personnes attendent fébrilement leur tour devant le comptoir Air France, l’une des dernières compagnies à opérer des vols à Roissy, pour tenter de trouver un billet d’avion.

Une gestion « absurde » de l’épidémie

Sur le tableau des départs, les vols pour New York, Rio, Amsterdam ou Tel Aviv affichent tous « annulé ». Mais pas celui de l’après-midi pour Tokyo, pour le plus grand bonheur de Mirei Sugimachi. « J’étais toute seule dans mon studio à Paris et mon stage a été repoussé, donc je préfère rentrer », explique cette étudiante en master de design.

Dès son arrivée au Japon, elle va se mettre de sa propre initiative « en quarantaine » et « louer un appartement » avant de retrouver ses parents. « Je n’ai aucun symptôme mais on ne sait jamais, et puis ma grand-mère vit avec nous ». Pour Mirei, les pays européens gèrent la pandémie de façon « complètement absurde ». Alors qu' »en Asie, notamment au Japon et en Corée du Sud où les gens font gaffe, ça marche super bien, pas besoin de confinement ».

Pression diplomatique

Non loin, toujours dans l’aéroport, un groupe d’une dizaine d’Ukrainiens campent depuis quelques jours en attendant sans grande conviction un vol pour rentrer. « Les autorités françaises font pression sur leurs homologues européens pour qu’ils récupèrent leurs ressortissants », note une source aéroportuaire.

Elle cite le cas de ces quelque 200 Serbes qui se sont retrouvés isolés plusieurs jours à l’aéroport : « Leur ambassade faisait livrer des plateaux repas, puis il y a eu une pression diplomatique pour que la Serbie affrète un avion ». A Roissy, dit-elle, « nous avons l’habitude d’une gestion industrielle des passagers ». Mais « maintenant on fait du cas par cas, ce qui est plus complexe quand il n’y a plus d’avion ».

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