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Air Méditerranée : Antoine Ferretti règle ses comptes

 » Plus de deux mois après la liquidation d’Air Méditerranée, son fondateur Antoine Ferretti revient sur la fin houleuse de la compagnie. Il dénonce le "mal français" et le poids des syndicats qui font peser une "menace permanente" sur les compagnies aérie

L'Echo Touristique : La liquidation judiciaire d’Air Méditerranée a été prononcée le 15 février. Que sont devenus aujourd’hui ses 220 salariés ?

Au sol, la très grande majorité du personnel s'est replacée, soit une centaine de personnes. Il en va de même pour les pilotes. J’ai en revanche moins d’informations concernant les PNC. Certains navigants ont intégré rapidement des compagnies étrangères qui recrutent en France comme Inter Air, Travel Service, ou Volotea, mais pas toujours dans de bonnes conditions.

Et les avions de la flotte, où sont-ils ?

Au total, entre Air Méditerranée et Hermès, nous avions neuf appareils. Sept d’entre eux ont été repris en février par le loueur AerCap. Les deux Boeing 737 que nous possédions sont actuellement en vente, en attente sur le parking de l’aéroport de Tarbes.

"J'espère qu'Hermès va vivre"

A ce jour, tous les passagers qui avaient réservé leur billet ont-ils été remboursés ?

Tous les passagers en direct, ce qui représentait le gros du chiffre, ont été remboursés. Pour les quelque 300 agences de voyage avec lesquelles nous avons traité, c’est maintenant une histoire de jours pour que le remboursement soit effectif. Il a fallu tout démêler avec Iata et la BSP, et voir individuellement avec chaque point de vente ce à quoi il avait droit. Il reste toujours des agences avec lesquelles nous sommes en discussion mais ça représente 1% de l’effectif total.

Qu’en est-il d’Hermès, la filiale que vous avez créée en Grèce en 2011 ?

Aujourd'hui, Hermès est en sommeil et n'a plus d'avion en opération. En tant qu'actif d'Air Méditerranée, il faut la vendre. C’est en cours, et ça devrait aboutir très vite. J’espère qu’Hermès va vivre, elle embauche 200 salariés. Elle était bien tenue jusqu’à fin 2014 mais l’exercice 2015 a été difficile, elle a perdu de l’argent et a été très affectée par la situation d’Air Méditerranée.

Selon nos confrères de TourMag.com, le premier avion d’Olympus Airways, un Boeing 737-500, proviendrait d’Hermès. Avez-vous un lien avec cette compagnie en cours de construction ?

Aucun. Ce que j'en sais, c'est que des pilotes ainsi qu’un dirigeant d'Hermès ont intégré cette compagnie. C’est tout. Quant à l’avion, il faut savoir qu’en été Hermès hébergeait quatre avions pour le loueur Aerovista. Ils étaient sur le CTA (Certificat de transporteur aérien, ndlr) d'Hermès qui fournissait les équipages. Aerovista est un loueur d'avions, il les met là où il veut, qu’il les loue ou qu’il les vende. C’est ainsi qu’un appareil a terminé chez Olympus.

"Les derniers candidats à la reprise sont des personnes dangereuses"

La liquidation aurait pu être évitée avec un repreneur. Comment expliquez-vous l’échec de la reprise ?

Nous avons tous fait le maximum pour que ça se passe bien. Tout le monde a pris des risques, à commencer par l'administrateur. Et le tribunal a été extrêmement bienveillant pour trouver une solution. Je n'ai pas de rancoeur à avoir de ce côté-là. En revanche, je pense que les derniers candidats à la reprise, ceux qui ont fait des offres fermes alors qu’ils n’en avaient en fait pas les moyens, sont des personnes dangereuses, un peu mythomanes, et complètement inconséquentes. Je suis attristé par cette attitude car cela a peut-être découragé d'autres repreneurs qui auraient voulu faire une offre de reprise sur un volume beaucoup plus modeste. Pourtant, imaginer un re-départ d'Air Méditerranée d'une petite taille, c'était très envisageable.

Avant tout cet épisode judiciaire, par quoi Air Méditerranée a-t-elle été minée ?

La première chose, c'est évidemment les événements géopolitiques avec l'effet d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique qui s'est fait ressentir notamment sur notre activité en Afrique de l'Ouest, puis l'effet des Printemps arabes. Si bien qu’entre la fin de l'année 2009 et 2011, notre activité a été bouleversée. Mais la seconde chose, et c’est ce que je regrette le plus, c'est le fonds social qui fait qu'un équilibre social n'a pas pu être trouvé à Air Méditerranée. Et je crains que ce soit le lot de toutes les compagnies aériennes françaises, qui doivent composer avec un cadre légal qui impose un véritable déséquilibre social.

Voulez-vous dire que les syndicats ont une part de responsabilité dans la faillite de la compagnie ?

Evidemment ! Je l’ai déjà dit, et je n’ai pas fini de le dire, ce qu’ils ne me pardonnent pas d’ailleurs. Il faut s’intéresser par exemple à la manière dont les délégués syndicaux sont désignés, et à qui devient délégué syndical. Je constate que dans mon entreprise, les plus acharnés n’étaient  pas des gens avec une vraie vocation sociale, mais des gens qui avaient un dossier à la DRH et qui étaient, pour l’un, sur le point d'être licencié, pour l'autre un co-pilote frustré qui ne pouvait pas passer commandant de bord parce qu'il n’en n’avait pas les aptitudes. Il s’agissait de personnes qui avaient une énorme revanche à prendre sur l'entreprise. Le problème, c’est qu’une entreprise de transport aérien, pour la clouer au sol, il ne faut pas mobiliser 50% de l'effectif. A Air Méditerranée, il suffisait de convaincre dix personnes et les avions étaient par terre. Il y a donc un chantage permanent.

"Dans le cadre légal actuel, une poignée de personnes animées par un esprit de vengeance arrive à détruire une entreprise"

Un exemple concret ?

En plein redressement judiciaire, j’ai voulu que tout le monde travaille davantage pour montrer à un repreneur que la compagnie pouvait revenir à la rentabilité. Cet effort concernait aussi les pilotes, qui volaient en moyenne 600 heures par an alors que la loi autorise à voler 900 heures sur l’année… Comme j’ai voulu changé ça et qu’ils n’étaient pas d’accord, ils m’ont posé un préavis de grève en plein mois de juillet. Autre exemple qui doit interroger : lors d'une grève en 2009, j'étais convié au siège du SNPL. En face de moi, je n'avais que des salariés d'Air France, les salariés d'Air Méditerranée étaient en bout de table. Il me semble que ce n'est pas normal ! Mais aujourd’hui, la majorité des représentants syndicaux sont des salariés Air France qui défendent avant tout leurs intérêts. Peut-on être juge et partie… ? Tout ça pour dire que dans le cadre légal actuel, une poignée de personnes animées par un esprit de vengeance arrive à détruire une entreprise. Les compagnies sont toutes sous la menace permanente des grèves des syndicats. C'est le "mal français". Et ça, ce n’est pas possible, il faut interpeller le législateur, ce que je pense d’ailleurs faire en écrivant à quelques députés. 

Quels sont vos projets personnels ?

Mon avenir est très clair, je suis entrepreneur. Même si j'ai une idée encore assez floue de ce que je ferai, je sais que je créerai des activités économiques, c'est le sens de ma vie.

Dans l’aérien ?

Je n’ai pas pour projet de remonter une compagnie demain, m

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