Ventes TO, migrants, hôtels : le point avec la ministre grecque du Tourisme
L'impact de la crise migratoire est finalement resté limité à quelques destinations en Grèce. Le pays a vu cet été sa fréquentation repartir à la hausse. La ministre du Tourisme en poste depuis 2015, avec le gouvernement d'Alexis Tsipras, revient sur cette performance inattendue.
L'Echo touristique : On croyait la Grèce sous tension. La fréquentation touristique a pourtant été solide en 2016. Comment l'expliquez-vous ?
Elena Kountoura : Nous battons record sur record ! Les ventes de forfaits touristiques depuis la France sont en augmentation de 8% pour l'été 2016, sur l'ensemble de la Grèce, îles et continent confondus. En 2015 déjà, ce marché avait connu une croissance de 4%. La hausse de fréquentation n'est pas seulement liée à un report des touristes depuis les autres destinations de la Méditerranée. En Grèce, nous avons décidé de prolonger la saison d'avril à novembre. Les saisons précédentes s'étalaient seulement de mai à septembre. Nous avons organisé la promotion de nouvelles destinations moins chères et à la beauté naturelle, notamment dans le Péloponnèse, en aidant les tour-opérateurs à mettre en place des vols directs.
Quelles sont vos résultats sur les autres pays émetteurs ?
Nous avons ouvert de nouveaux marchés en Russie, Chine, en Corée du Sud et au Moyen-Orient. Sur cette zone du globe, les réservations sont en hausse de 55%. Le marché nord-américain a été relancé. Avec la mise en place de vols directs depuis les Etats-Unis par American Airlines et United Airlines, en complément de Delta Air Lines, la clientèle a progressé de 40% cet été.
Pendant la crise de l'Euro, les investissements étrangers ont été ralentis par la situation particulière de la Grèce. Comment entendez-vous relancer des projets internationaux dans votre économie touristique ?
Depuis 2015, le gouvernement a réalisé les réformes qu'il avait promises. Les projets d'investissements étrangers effectuent un retour massif en Grèce. Nous instruisons actuellement 150 dossiers d'hôtels 4* et 5* et 15 projets de resorts sur capitaux étrangers. Ces projets aboutiront dans les cinq prochaines années.
Quel est l'impact de la crise migratoire sur l'économie touristique de votre pays ?
La Grèce est fière d'avoir porté un message de solidarité et de culture pendant cette période difficile. L'accord entre l'Union européenne et la Turquie a permis de réguler ces flux de migrants. Les destinations touristiques touchées par cette crise sont finalement minoritaires, avec un impact concentré sur des îles comme Kos, Lesbos ou Samos. Kos a rapidement retrouvé ses niveaux de fréquentation habituels. En collaboration avec le ministère du Travail, j'ai élaboré un programme de soutien pour ces îles. Il consiste à payer des vacances à 200 000 citoyens grecs entre septembre et novembre, sous conditions de revenus et sur critères sociaux. Les compagnies maritimes ont accepté de réduire leurs prix de 30% à 50%. Nous bénéficions de fonds européens pour financer tout cela.