Train de nuit : sans argent, Midnight Trains jette l’éponge
Après avoir tenté pendant quatre années de faire circuler ses « hôtels sur rails », Midnight Trains a jeté l’éponge ce samedi 1er juin.
Après Railcoop, c’est une autre start-up ferroviaire qui jette l’éponge. Midnight Trains, une entreprise qui souhaitait lancer des trains de nuit avec chambres privatives ne verra pas le jour. « Depuis quatre ans, nous avons mis toute notre énergie à réinventer le train de nuit pour en faire un moyen de transport en phase avec notre époque, capable de concurrencer l’aviation moyen-courrier et d’offrir une alternative désirable à tous ceux qui souhaitent continuer de voyager sans bousiller la planète », ont expliqué samedi les meneurs du projet dans un long texte publié sur leur site.
Mais la société, qui avait effectué une première levée de fonds soutenue par une quarantaine d’investisseurs « business angels », n’a pu boucler la seconde pour acquérir deux premières rames et lancer sa première liaison. « Aucun acteur financier n’a le ferroviaire » dans ses perspectives aujourd’hui, a expliqué samedi à l’AFP l’un des trois porteurs du projet, Adrien Aumont, précédemment cofondateur de la plateforme de financement participatif KissKissBankBank.
Midnihgt Trains prévoyait de relier Paris à de grandes villes européennes situées de 800 à 1 500 km, au-delà de la zone de pertinence des trains à grande vitesse, avec une première liaison-test Paris-Milan-Venise.
Midnight Trains s’est éteint entouré de ses proches et de ses amis.
Nous faisons le bilan de cet échec dans le dernier épisode de nos mémoires : https://t.co/ui56RiAq5E
Merci à tous d’avoir partagé notre rêve et d’avoir cru en nous.
Adrien, Romain et Nicolas#icimeurtlanuit pic.twitter.com/1LOWHKVi4K
— Midnight Trains (@MidnightRails) June 1, 2024
Midnight Trains fâché contre le gouvernement
« Pour que les acteurs économiques s’intéressent à un secteur d’activité, il faut une incitation des pouvoirs publics ou un mécanisme pour dérisquer », souligne-t-il, ce qui existe aujourd’hui dans les énergies renouvelables, les batteries, etc. Mais « il n’y a rien pour les nouveaux entrants ferroviaires ». « On aurait dû suffisamment se rendre compte qu’on ne pouvait pas en quatre ans changer la stratégie des Etats membres (de l’UE). Nous n’avons pas su lire en amont que ce secteur n’était pas pénétrable », a-t-il ajouté.
Pour l’équipe de Midnight Trains, « l’argent et l’énergie des pouvoirs publics sont concentrés sur les énergies, et donc dans notre cas sur l’avion propre plus que sur des usages ou l’amélioration de ce qui existe ».
Selon eux, « la réalité de l’ouverture à la concurrence » est que « le marché du ferroviaire s’est surtout ouvert à lui-même. Ce marché a été organisé par les pouvoirs publics pour leurs propres opérateurs historiques ». « Nous pensions aussi que le gouvernement français actuel, pro start-up, aurait souhaité démontrer que chaque secteur doit être ouvert aux entreprises innovantes », ajoutent-ils dans leur message.
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