T. Morand : « LATAM a décroché 2,45 milliards de dollars pour repartir »
En grande difficulté l’année dernière, la compagnie sud-américaine semble bien partie pour revoler. Non sans avoir dû s’alléger au passage…
L’Echo touristique : Pour LATAM, la crise a commencé de manière très violente, dès mai. Où en est la compagnie désormais ?
Thibaud Morand, directeur général de LATAM Europe : En effet, nous avons été obligés d’arrêter complétement l’activité entre avril et mai. Et contrairement à ce qui se passe en Europe ou aux Etats-Unis, LATAM n’a reçu aucune aide d’Etat. Nous nous sommes donc mis dans une réorganisation volontaire sous la protection du chapitre 11 aux États-Unis pour chercher des financements. Très souvent, les gens associent cela à une faillite mais ce n’est pas forcément le cas. Loin de là. Cela nous a permis d’obtenir récemment 2,45 milliards de dollars en liquidités auprès de deux fonds américains (Oaktree Capital Management et Knighthead Capital) et des actionnaires (Qatar Airways, groupes Cueto et Eblen, Knighthead Capital, Toesca SA).
Cette rallonge financière arrive forcément avec des contreparties. Comment va se restructurer votre groupe ?
Thibaud Morand : Il faut travailler à une restructuration complète de l’entreprise. Nous devons présenter un plan de sortie de crise en septembre prochain afin d’en être effectivement sorti fin 2021. Pour l’instant, un tiers des salariés a déjà quitté la compagnie… Nous avons réduit les coûts de 40%, ce qui est énorme pour une entreprise comme la nôtre. Nous avons aussi malheureusement dû stopper notre activité en Argentine en domestique. Nous ne revolerons pas avec la flotte d’A350 (11 appareils NDLR). La reprise des vols en juin 2020 a été compliquée pour nous parce qu’elle concernait surtout des vols domestiques. Or nous sommes un groupe de compagnies qui effectuent surtout du moyen et long-courrier sur le continent sud-américain, vers l’Europe et les Etats-Unis.
Nous lançons dès le 5 juillet le Paris-Sao Paulo avec continuation vers Santiago.
Observez vous quelques signes de reprise ?
Thibaud Morand : Notre activité est actuellement à 40% d’activité par rapport à 2019. On espère la faire grimper à 70% d’ici décembre 2021. Ce qui marche fort, ce sont les lignes Pérou-USA ou aussi Brésil-Mexique-USA. Vers l’Europe nous proposons seulement 10 lignes par semaine, au lieu de 80 habituellement. Nous lançons dès le 5 juillet le Paris-Sao Paulo avec continuation vers Santiago (3 fois par semaine, NDLR). A plus long terme, nous visons une augmentation progressive à partir de septembre pour atteindre le quotidien en novembre.
Justement, la décision par le gouvernement français de mettre toute l’Amérique du Sud en orange doit vous compliquer la tâche ?
Thibaud Morand : Concernant la carte des destinations, c’est sans doute un peu politique. On voit que l’Espagne a rouvert l’Amérique du Sud… L’hiver arrive sur le continent sud-américain. Le Chili a un taux de vaccination parmi les plus élevés du monde. Plus de 50% de la population a déjà eu deux doses. D’ici deux mois, l’épidémie sera là-bas totalement sous contrôle. Je pense que l’été va être dur, mais que la rentrée sera bonne. Nous devrons nous battre contre les low-cost sur le domestique intra sud-américain. Et plus contre les legacies sur les lignes transatlantiques et celles entre les deux Amériques. Nous ne voulons pas devenir une low-cost mais nous devons maintenant proposer des prestations dépouillées de service. Il va falloir stimuler l’offre mais nous sommes prêts à le faire.