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Report des JO de Tokyo : un nouveau choc pour le tourisme japonais

Le report des JO est un nouveau coup dur pour le tourisme japonais qui comptait, il y a encore peu, sur les Jeux pour compenser ses pertes. Et le chantier s’annonce titanesque pour tout décaler d’une année.

Pendant des semaines, ils ont espéré que les jeux pourraient se dérouler normalement, et compenser les pertes liées à l’effondrement de la demande, depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Les espoirs des professionnels du tourisme ont été douchés la semaine dernière, quand le CIO a finalement accepté de reporter les JO à 2021, une première dans l’histoire des Jeux, qui ont été annulés, suspendus ou bouycottés… mais jamais reportés. C’est dire l’énorme logistique qui devra être déployée par les organisateurs et toute la chaîne touristique pour décaler la grand-messe du sport à l’année prochaine, notamment pour les hôteliers.

Des hôteliers déjà plongés dans d’immenses difficultés depuis le début de l’épidémie de coronavirus. Comme dans le reste du monde, les hôtels japonais ont vu les réservations dégringoler de 30% à 90% en mars et avril par rapport à la même période l’an dernier, selon un sondage de l’Agence japonaise du tourisme (JTA). « C’est un choc énorme pour nous, car les recettes de beaucoup de nos hôtels ont déjà diminué de moitié à la suite de l’effondrement de la demande touristique, non seulement venue de l’étranger mais aussi de l’intérieur du Japon, à cause du coronavirus », explique à l’AFP Shigemi Sudo, secrétaire général de l’Association des hôtels et ryokan (auberges traditionnelles, ndlr) de Tokyo. « Beaucoup de réservations de chambres vont être annulées, et il sera difficile de les remplir avec de nouveaux clients vu la situation », craint-il.

Les hôteliers dans l’expectative

L’hôtel Keio Plaza — qui a accueilli les Springboks, vainqueurs de la Coupe du monde de rugby –, dans le quartier tokyoïte très fréquenté de Shinjuku, indique avoir commencé à recevoir des demandes d’annulation peu après l’annonce du report des JO. Les difficultés de l’établissement sont encore aggravées par le fait qu’un employé a été testé positif au coronavirus, conduisant à nettoyer le vaste édifice de 47 étages de fond en comble. L’Imperial Hotel, dans le centre de Tokyo, avait lui été entièrement réservé par les organisateurs des JO pendant la période où devait avoir lieu l’événement, à partir du 24 juillet, et dit attendre de nouvelles directives. Avant même l’annonce du report olympique, l’établissement avait revu à la baisse de 37% ses prévisions de bénéfice net pour l’exercice achevé fin mars, par rapport au précédent, indique-t-il. Les hôtels comme ceux de la chaîne Via Inn, qui possède six établissements à Tokyo, se trouvent face à un dilemme sans précédent. « En temps normal, nous ferions payer des frais d’annulation, mais dans ce cas nous ne pouvons pas, car ce n’est pas de la faute des clients », explique à l’AFP un porte-parole du groupe. « Je ne sais pas si nous pourrons négocier un dédommagement avec les organisateurs des JO », ajoute-t-il. 

L’agence JTB, qui commercialisait les forfaits olympiques comprenant le voyage jusqu’à Tokyo et des billets pour les épreuves, attend à présent des directives des organisateurs pour savoir que répondre à ses clients.

Une course contre la montre

Le comité organisateur est bien conscient de la tâche titanesque qui est devant lui, et du nombre d’entreprises qui attendent ses décisions. « C’est une course contre la montre », a déclaré jeudi le directeur général du comité d’organisation de Tokyo 2020, Toshiro Muto, lors de la première réunion du groupe de travail chargé de gérer les conséquences du report. Réserver de nouveau les chambres l’an prochain, une fois la date des JO fixée, ne sera pas tâche aisée. Une décision sur le planning pourrait être annoncée dans les trois prochaines semaines, selon les médias. « Généralement, les réservations de salles — par exemple pour les mariages — commencent six à douze mois à l’avance », met en garde le porte-parole de Via Inn. Seule lueur au bout du tunnel, les établissements espèrent recouvrer une partie de leurs pertes quand les JO auront enfin lieu. « On ne peut s’en prendre à personne, et nous pensons que le report était une meilleure décision que l’annulation », convient M. Sudo, de l’Association des hôtels et ryokan de Tokyo. 

Une chose est certaine : le report des Jeux aura un coût colossal. Selon le quotidien économique japonais Nikkei, il pourrait coûter 300 milliards de yens (près de 2,5 milliards d’euros), en incluant notamment la modification des réservations hôtelières, les frais de location de sites, la ou l’emploi prolongé du personnel de l’organisation et d’agents de sécurité. 

Lundi, les nouvelles dates ont finalement été annoncées : les Jeux de Tokyo auront lieu du 23 juillet au 8 août 2021.

Article actualisé le mardi 31 mars à 9h52.

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