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Privatisation des TER : la région PACA se jette à l’eau

La SNCF s’apprête à ouvrir à la concurrence pour les TER. La région Provence Alpes-Côte-d’Azur est la première à lancer un appel d’offres.

La région Provence Alpes-Côte-d’Azur s’est lancée concrètement vendredi dans l’ouverture à la concurrence de ses TER. Une première qui sera scrutée par les autres régions et les opérateurs publics et privés qui lorgnent sur le monopole de la SNCF. L’exécutif régional, dirigé par Renaud Muselier (LR), a voté une « procédure de délégation de service public » d’une partie de ses TER. Début 2020, la région compte lancer les appels d’offres pour deux lots de liaisons, Marseille-Toulon-Nice d’une part. Et les lignes autour de Nice d’autre part.

« On va avoir des prix ‘canonissimes' » proposés par les opérateurs publics ou privés, français ou étrangers, qui répondront à ces appels d’offres, a affirmé Renaud Muselier (LR). « On va avoir les trains à l’heure, on va avoir des rabais, avec une qualité de service! Je vous le parie aujourd’hui! ». Le choix de l’opérateur retenu pour chaque lot sera connu en juin 2021, le démarrage de l’exploitation l’année suivante sur Marseille-Toulon-Nice (7 allers-retours quotidiens actuellement) et en 2024 autour de Nice (58 allers-retours sur différentes dessertes).

Les contrats seront signés pour 10 ans. Ils représentent une valeur estimée sur la période d’environ 1,78 milliard d’euros. Huit opérateurs, dont deux français, ont déjà fait part de leur intérêt pour les lots ouverts par la région.

Provence-Alpes-Côte-d’Azur, qui clame depuis des mois vouloir être la première région à ouvrir ses trains à la concurrence, n’a pas perdu de temps. La loi ne permet que depuis le 1er décembre de passer des appels d’offre pour confier les TER à d’autres opérateurs que la SNCF.

« Récupérer de l ‘argent public »

La France se conforme ainsi au droit européen, en optant pour une suppression progressive du monopole de l’entreprise publique dans les transports ferroviaires régionaux. La mise en concurrence sera obligatoire pour toutes les régions à partir de décembre 2023, à la fin du contrat les liant au groupe public.

« Les autres régions sont à l’affût pour voir ce qu’il se passe », a assuré M. Muselier qui est également président de l’Association des régions de France. « On veut être les premiers », et « on veut payer le bon prix, pour le bon service », a-t-il ajouté. La région Paca consacre chaque année 285 millions d’euros à ses transports ferroviaires et l’ouverture à la concurrence permettra de « récupérer de l’argent public » sans « supprimer aucune ligne, ni aucune gare », a-t-il promis.

Un réel bénéfice pour les usagers ?

Une vision qui fait bondir les cheminots de la CGT : « L’ouverture à la concurrence n’apportera aucune amélioration. On a pu voir dans d’autres pays que ça signifiait moins de trains, des trains plus chers, et moins de trains à l’heure », a réagi auprès de l’AFP Rémy Hours, le responsable local du syndicat.

« Les profits seront privatisés pour des actionnaires, mais les coûts d’investissement dans les infrastructures resteront pour le contribuable », un point sensible dans une région où elles sont saturées et vieillissantes, a-t-il dénoncé. « Comme pour la réforme des retraites, il s’agit d’une casse du service public », a ajouté le syndicaliste qui redoute une remise en cause des conditions d’emploi des cheminots si les lignes sont privatisées. On verra si l’histoire lui donnera raison. Si l’on observe ce qui s’est passé en Allemagne ou en Angleterre, il semblerait que ses projections soient justes. Dans ces deux pays les usagers souhaitent renationaliser les chemins de fer.

Au-delà de la région Paca, l’enjeu est de taille pour la SNCF. Trois autres régions sont susceptibles de suivre : Grand Est, les Hauts-de-France, et les Pays de la Loire. L’État, qui est soumis à la même règle pour les Intercités qu’il subventionne, veut de son côté ouvrir les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon à la concurrence.

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