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Point-Afrique : à bord du dernier vol pour Mopti

Les mauvais remplissages, conjugués aux pressions gouvernementales, ont eu raison de l’obstination de l’affréteur. L’arrêt des vols pour Mopti signe, avec deux mois d’avance, la fin de la saison touristique au Mali.

Dimanche 16 janvier, comme chaque semaine depuis le 24 octobre, un B737-300 d’Europe Airpost affrété par Point-Afrique s’envole pour Mopti. Il n’y a que 41 passagers à bord. Des membres d’ONG, mais aussi quelques touristes que les avertissements de leurs gouvernements n’ont pas découragés. Plus de la moitié des voyageurs sont belges. Parmi eux, Fernand Maréchal, un habitué. Il accompagne une dizaine de ses compatriotes pour un voyage à vélo au pays dogon : « Je viens depuis 2003 et j’ai créé une association impliquée dans des projets de développement ; la position du gouvernement belge, alignée sur celle de la France, m’irrite un peu. AQMI, ça existe évidemment, mais le pays dogon n’est pas concerné, c’est comme si on interdisait les voyages en Belgique parce qu’il y a eu un attentat à Metz ! ». Tous les passagers disent avoir eu des pressions « fortes » de la part de leurs familles et amis qui les ont incités à annuler, mais ceux qui sont là ne sont pas inquiets. « Je n’avais qu’une peur, c’est qu’Acabao annule », confie Annie Moragrera.

« LES MALIENS SONT TRÈS INQUIETS »

Elle fait partie des 11 clients (au lieu de 13 initialement inscrits) de la filiale chic et confort du Point-Afrique, qui sont venus « quand même ». Leur première étape est prévue à la Maison Rouge, un hôtel de charme construit par Amédée, un architecte français tombé sous le charme de Mopti. « Le taux d’occupation depuis le début de la saison ne dépasse pas 25 %, c’est catastrophique. Je peux tenir encore quelques semaines, après… ». À une centaine de kilomètres plus au sud, la cité millénaire de Djenné, blottie autour de sa majestueuse mosquée de terre, est classée par l’Unesco. À la Maison du Patrimoine, un panneau nous interpelle : « Le tourisme peut-il constituer pour la ville une fenêtre vers l’avenir ? » Sophie Sarin-Keyta, la propriétaire du joli hôtel Djenné Djenno, confirme que c’est « une économie vitale pour la région », que « les Maliens sont très inquiets ». Car « des touristes, il n’y en a presque pas cette année », se désole Nouhem Dio, guide local. Vital, le tourisme l’est tout autant pour le pays dogon. À Endé, nos voyageurs s’installent à l’auberge d’Ali : « La saison n’est pas bonne, tout le monde le ressent ici, pas seulement les campements et les guides. S’il n’y a pas de touristes, plus rien ne se vend, ni les poulets, ni la bière de mil », détaille-t-il, très digne. Le lendemain, au campement communautaire du village perché de Youga-Nah, l’instituteur propose une visite de l’école, construite avec l’argent des touristes… Tout semble si tranquille, difficile de croire que la zone est classée orange par le Quai d’Orsay et que, pour cette seule raison, le tourisme s’arrête, laissant les populations désemparées. Dimanche 23 janvier, deux mois plus tôt que d’habitude, c’est pourtant le dernier vol de la saison qui décolle avec 88 passagers à bord, les clients partis pour deux semaines s’étant joints à ceux partis le 16. Tous se disent ravis de leur voyage et infiniment désolés pour ceux qui restent, dans l’attente de la prochaine saison. Pas avant fin octobre, si tout va bien. « Inch Allah », selon la formule consacrée.

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