Ministre du Tourisme de la Jordanie : « Le tourisme, ce n’est pas que de la promotion et du marketing »

Destination d’honneur lors du dernier IFTM Top Resa, la Jordanie était bien décidée à se faire entendre auprès des professionnels du secteur. Et ce ne sont pas les déambulations du groupe folklorique Ma’an dans les allées du salon qui seront venues contredire de telles ambitions. Après le coup d’arrêt donné par le Covid, la Jordanie fait en effet un retour en force sur le marché français. 

Sur le salon, c’est le ministre du Tourisme en personne, Makram Mustafa Queisi, qui est venu dérouler l’argumentaire lors d’une conférence de presse donnée sous une grande tente bédouine. « La Jordanie est un musée à ciel ouvert », a-t-il rappelé en préambule, avant d’évoquer pêle-mêle les atouts de la destination : son patrimoine archéologique, en premier lieu, mais aussi sa gastronomie, son hospitalité, ses traditions… Le ministre a aussi insisté sur le positionnement de la destination sur le tourisme d’aventure, spirituel ou religieux, quand le directeur de l’Office de Tourisme mettait en avant le lancement de nouvelles offres autour du bien-être.

36 000 voyageurs français de janvier à août

« De janvier à août 2023, nous avons reçu 36 000 voyageurs français, a détaillé Makram Mustafa Queisi. Par rapport à 2022, cela représente une augmentation de 87%. La France est l’un de nos marchés prioritaires”. En 2019, un peu plus de 70000 touristes français avaient fait le voyage en Jordanie, un chiffre alors en hausse de 47%. 

« Le tourisme représente 14,6% de notre PIB, a rappelé le ministre. Notre rôle aujourd’hui, c’est de faire en sorte que les Jordaniens bénéficient de l’impact positif du flux de touristes et des recettes qu’ils génèrent. Je sais que sur ce salon, il est beaucoup question de marketing et de promotion. Mais pour moi, en tant que ministre, le tourisme ne se limite pas à ça. Le tourisme, c’et aussi la préservation, la protection et parfois la reconstruction de notre patrimoine archéologique. Le tourisme, et l’on en vient à l’aspect le plus « sustainable », ce sont aussi les gens qui travaillent dans le secteur, et nous devons prendre soin d’eux, les former et les faire monter en compétences. Parce que quand je parle de tourisme, je ne parle pas d’un plan sur cinq ou dix ans. Je parle de la façon dont ce secteur va soutenir notre pays et son économie dans les décennies à venir. » La Jordanie entend ainsi notamment mener des actions de long terme, notamment en formant davantage de guides capable d’accueillir les voyageurs dans toutes les langues.

« Nous avons rencontré énormément de professionnels sur le salon », a souligné le Makram Mustafa Queisi. C’est d’ailleurs sur le stand de la Jordanie que Top of Travel a renouvelé son accord de partenariat avec le directeur général de l’Office de tourisme de Jordanie, ajoutant 5600 sièges supplémentaires vers Aqaba. « Nous avons fait voyager 7000 clients en Jordanie en 2023. Nous visons les 15 000 en 2024. La Jordanie est désormais une destination mature. Si avant nous pensions qu’elle n’était pas assez mûre pour les clubs, désormais nous avons décidé de relever le challenge », a souligné Cyril Roucout, directeur du développement de Top of Travel. Le TO a en effet décidé de programmer deux clubs de la gamme Top Club, à Aqaba.

Guerre en Israël, des répercussions possibles ?

Mais à peine deux jours après la fin de l’IFTM, la donne a brutalement changé dans cette région du monde. La situation en Israël risque-t-elle d’avoir des répercussions sur la Jordanie en raison de sa proximité géographique ? « Je ne suis pas inquiète, assure Adeline Kurban Fiani, à la tête de KTS France, qui a lancé il y a une dizaine de jours une nouvelle brochure mettant l’accent sur le Moyen-Orient. Les deux destinations phares du TO, l’Egypte et la Jordanie, possèdent toutes les deux une frontière commune avec Israël. « Quand il y a eu des événements en Israël et en Palestine, il n’y a jamais eu de conséquences sur l’Egypte ou la Jordanie. »

Le risque : que les destinations proches soit boudées par les voyageurs les plus craintifs. Mais la dirigeante ne craint pas cet effet d’amalgame. « Cela fait plus de 15 ans que nous vivons les problèmes en Syrie et ça n’a empêché en rien la Jordanie de développer massivement son tourisme. Pour le moment, ça ne change absolument rien. Nous avons beaucoup de clients actuellement sur place et les voyageurs ne montrent aucun signe d’inquiétude particulière. »

La Jordanie accueillera d’ailleurs le prochain congrès Selectour. Les agences et les partenaires du réseau présidé par Laurent Abitbol s’y retrouveront du 29 novembre au 3 décembre 2023. Plus de 400 professionnels sont inscrits.