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Greenwashing : Skyscanner se prend les pieds dans le tapis

Afficher l’empreinte carbone des vols, c’est une démarche de transparence très louable. Encore faut-il que les données soient fiables…

« Un vol Paris-Nantes via Barcelone en avion est un trajet éco-responsable. Vous trouvez cela absurde ? Nous aussi ! C’est pourtant ce que revendique Skyscanner sur son site internet », raconte GreenGo pour motiver les internautes à dire « stop au greenwashing de Skyscanner ». Une pétition portée par Guillaume Jouffre, ingénieur et cofondateur de GreenGo, qui a sorti sa calculette. Le vol Paris-Nantes a 394 fois plus d’impact carbone que le même trajet – direct bien sûr – en train.

Depuis, la pétition a recueilli 10 800 signatures, avec un objectif de 15 000. Un début de victoire pour Guillaume Jouffre, qui regrette l’affichage malheureux du comparateur, sur fond de dérèglement climatique. D’autant que les messages du comparateur britannique Skyscanner, racheté par le chinois Ctrip en 2016, ne passent pas inaperçus. Le site affiche 5 millions de visites par mois en France, d’après Similarweb.

Face aux critiques, Skyscanner semble désormais sur ses gardes. Lors de nos récentes recherches sur son site français, plus l’ombre d’une mention sur les émissions de CO2… « Le changement d’affichage a été concomitant avec mon interpellation de Skyscanner sur LinkedIn », remarque Guillaume Jouffre. 

Skyscanner change d’affichage en France, mais pas au Royaume-Uni

Mais en indiquant que nos recherches sont effectuées depuis le Royaume-Uni, surprise… Des détails de bilan carbone s’affichent bel et bien. Exemple, avec ces captures d’écran réalisées le 8 et le 9 février 2023. Plusieurs vols Paris-Nantes avec escale, à Lyon ou à Nice, sont identifiés comme des vols « émettant moins de CO₂ » que la moyenne de la recherche. En anglais, le vol avec escale à Lyon est même qualifié de « greener choice » (« choix plus écologique »).

En l’occurrence, le Paris-Londres ci-après, avec un aller de 9h10 incluant une escale à Lyon, peut difficilement être 25% plus vertueux que la moyenne des vols… C’est pourtant la conclusion que soutient Skyscanner. Vous avez dit greenwashing ?

 

Comme nous sommes joueurs, nous avons « domicilié » nos recherches depuis l’Espagne. Nous n’avons pas été déçus. Skyscanner nous invite à passer par Amsterdam au retour. Bilan un vol qui « émet 8% en moins », malgré le kilométrage parcouru ainsi que le décollage et l’atterrissage supplémentaires. L’affichage du bilan carbone représente une information intéressante, pour autant qu’il ne soit pas trompeur. 

Une plainte déposée auprès de l’ARPP

« Je ne suis pas de ceux qui disent qu’il faut arrêter de voyager, commente pour sa part Guillaume Jouffre. Mais je pense qu’il faut être bien informé sur le réchauffement climatique. Certaines entreprises font des choses de manière sincère, d’autres sont opportunistes. Je dénonce le greenwashing, surtout quand il est pratiqué à grande échelle. » D’ailleurs, le patron de GreenGo a déposé une plainte, auprès du jury de déontologie publicitaire de l’ARPP, dans l’espoir de faire interdire la pratique de Skyscanner.

Le sujet est très sensible. L’aérien, qui génère entre 2% et 5% des gaz à effet de serre selon les études, est particulièrement montré du doigt pour son empreinte écologique. Et des compagnies aériennes, accusées de verdir leur communication. Gare à elles, comme à toutes les entreprises : depuis le 1er janvier 2023, un décret d’application de l’article 12 de la loi Climat et résilience encadre sévèrement l’utilisation des termes liés à la « neutralité carbone » dans les publicités.

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La position de Skyscanner, sur la fonctionnalité « Greener Choices »

« Notre traduction pour ledit filtre ‘Greener Choices’ en français pouvait véhiculer un sens différent de la formulation initialement choisie en anglais, est-il expliqué sur le blog du comparateur. Nous avons donc décidé de procéder à une révision complète et immédiate de la terminologie utilisée et avons choisi de retirer la mention de notre site français jusqu’à ce que cette révision soit finalisée. » 

4 commentaires
  1. Marine L. dit

    Ce Greengo (encore un nom en ‘Green’ pff) utilise cela comme un levier pour faire sa propre communication de buzz pour son site mais en fait, il est juste sorti de l’école avec ses 4 potes, a vu l’opportunité de ce ‘green effect’ et s’est jeté dessus; le marketing de son site le montre bien; mais derrière, ce n’est encore qu’une startup de plus qui lève des fonds avec des fonds d’investissement uniquement pour s’enrichir et rien de plus donc qu’il arrête d’attaquer ses confrères et qu’il fasse peut-être un autre métier ou qu’il gagne d’abord en expérience;

  2. Anonyme dit

    Bonjour

    Ce monsieur Guillaume Jouffre se comporte comme une partie civile pro. qu’on retrouve dans les tribunaux (comme la 17 em chambre correctionnelle)….est ce comme cela qu’il gagne sa vie ?

  3. Claudee Relles dit

    Bonjour
    Cette course au green est ridicule. Chacun se cache sous des vertus qu’il ne possède pas mais qui font sérieux. GreenGo fait le pari de la France mais ne démontre pas son talent à l’international. Facile alors de s’attaquer à tous les sites qui font différemment de lui ! Soyons sérieux, le consommateur n’est pas stupide au point de faire plus de 9 heures de voyage pour un Paris-Nantes ! Cette vision « communicante » de GreenGo est sans intérêt ! Les professionnels du voyage sont au bord du précipice mais sourient en allant de l’avant. Cela me rappelle les concours de cours d’école. Je ne détaille pas ?

  4. J'enaimarre dit

    Je conseille au gens de voyager à pieds au moins comme ça il n’y aura plus de pollution. Si certaines personnes pouvaient aussi arrêter de vivre ce serait vraiment chouette et un beau geste pour la planète…

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