G4 Voyages, un mariage de réseaux

Quatre mois après l’annonce de sa création, G4 Voyages est officiellement sur les rails. Le Groupement d’intérêt économique (GIE), qui réunit les réseaux Afat Voyages, American Express Voyages d’affaires, Manor et Thomas Cook, a tenu sa première réunion publique le 5 juillet, le jour même où la marque G4 Voyages était officiellement déposée. L’occasion de faire taire toutes les rumeurs qui annonçaient ce regroupement comme mort-né, suite aux interrogations sur la viabilité de Manor (après le départ de Protravel) et aux rumeurs de vente du réseau Thomas Cook France, relancées depuis l’éviction d’Antoine Cachin de la présidence du directoire. Son successeur, Roland Dumont du Voitel, a ainsi tenu à préciser que la création du G4 correspondait aux attentes du groupe Thomas Cook. Il nous permettra d’être potentiellement plus rentable et de dynamiser notre développement sur le marché français, que nous n’entendons pas abandonner.

Les quatre partenaires reconnaissent en effet l’importance et la nécessité de réaliser ce GIE. C’est un accord stratégique pour notre profession et nos réseaux respectifs. Dans un environnement en pleine mutation avec la disparition des commissions, nous allons pouvoir optimiser les coûts centraux de nos entreprises et réaliser des économies en matière d’achats, que cela soit avec les transporteurs, les hôteliers, les assureurs…, insiste Régis Chambert, directeur général d’American Express Voyages d’affaires. Sans pour autant chiffrer ces économies potentielles.

Une base de données tarifaire commune à la rentrée

Et Jean-Pierre Mas, président d’Afat Voyages, de reconnaître la nécessité pour son réseau, dans le contexte actuel, de s’adosser à un poids lourd en termes d’achats. Des négociations communes devraient ainsi débuter dès septembre pour le voyage d’affaires, et se poursuivront avec les voyagistes à la fin de l’année. D’ici là, une base de données tarifaire commune est d’ores et déjà annoncée pour la rentrée.

L’objectif est de signer des accords globaux avec les fournisseurs, tout en conservant les spécificités des quatre réseaux, qui demeurent concurrents sur le terrain avec des agences parfois très proches les unes des autres. Si les membres du G4 s’engagent avec un partenaire, il faut qu’ils obtiennent une rémunération digne de ce nom, prévient Régis Chambert. Nous allons ainsi étudier ensemble les modalités de négociations avec Air France, afin de parvenir au meilleur accord possible. Et d’insister sur le fait que le G4 ne se crée pas en réaction à Air France ou à tout autre fournisseur, mais pour travailler avec eux en améliorant la performance et les services offerts par chaque réseau. G4 Voyages considère ainsi être l’un des interlocuteurs incontournables des GDS dans leur recherche d’un nouveau modèle économique.

La finalité du regroupement réside donc pour l’essentiel dans les activités de back-office. Les achats et la mutualisation des investissements en matière de technologie et de formation des vendeurs constituent les principaux chantiers. Dès la rentrée prochaine, les écoles de formation existantes des uns et des autres pourront accueillir des vendeurs d’autres réseaux. Elles incluront par ailleurs dans leurs programmes des cessions pour apprendre à mieux vendre la valeur ajoutée des agences aux clients. Une première !, selon Jean-Pierre Mas.

Une même plateforme pour la vente en ligne

La vente en ligne constitue également l’un des axes de réflexion, avec l’élaboration d’une plateforme commune, dont l’habillage sera propre à chaque distributeur. Nous profiterons de l’avance de certains membres dans ce domaine, se réjouit Jean Korcia, président de Manor.

En matière de tour-operating enfin, un état des référencements sera réalisé pour établir une liste des tour-opérateurs qu’il est possible de référencer de façon conjointe. Ils pourraient être une quinzaine. Thomas Cook espère bien y faire figurer Neckermann, sa marque entrée de gamme, dont la distribution est ouverte à toutes les agences. Dès la prochaine saison d’hiver, Afat Voyages (qui a choisi de ne pas référencer TUI France) devrait d’ailleurs proposer à ses clients les produits de Neckermann. Manor, qui représente de l’ordre de 2 à 3 % des ventes de TUI France, estime pour sa part que ce dernier représenterait une perte négligeable si son réseau devait arrêter de distribuer ses produits, sans en dire plus pour le moment.

Pour autant, les quatre partenaires rejettent l’idée de la partition du tourisme français en deux pôles touristiques, l’un avec l’Alliance.T-TUI, l’autre autour de G4-Neckermann. Ils préfèrent parler de rééquilibrage de la distribution, avec la réunion de deux réseaux intégrés et deux réseaux volontaires, de deux distributeurs à dominante tourisme et de deux spécialistes du voyage d’affaires. A signaler que ce rapprochement coûtera sa place à BTI France. Ce dernier perdra en effet, à la fin 2004, son statut de membre associé d’Afat Voyages, afin de ne pas froisser American Express Voyages d’affaires.

Rien ne sert de courir… faisons vivre un bon accord en France

Même si la marque G4 Voyages a été déposée, celle-ci se veut la plus discrète possible afin que chaque réseau continue à communiquer sur ses spécificités, conserve sa culture d’entreprise et, surtout, demeure concurrent l’un de l’autre. Ils seront d’ailleurs présents les uns à côté des autres à Top Resa, et non sur le même stand, comme leurs confrères de l’Alliance.T. En outre, contrairement au groupement initié par Selectour et Carlson Wagonlit Travel qui s’est développé à l’étranger (avec des accords en Italie, Espagne, Allemagne…), aucun développement n’est prévu à l’international. Rien ne sert d’aller trop vite. Mieux vaut d’abord faire vivre un bon accord en France, estime Régis Chambert.

La porte est cependant laissée ouverte pour accueillir des partenaires susceptibles de venir conforter le poids du G4. Cette intégration ne pourra cependant se faire que via l’un des membres du GIE, dont le nombre demeurera à quatre. Afat Voyages comme Manor seraient particulièrement satisfaits d’accueillir le réseau Fram Agences, avec lequel des discussions sont en cours depuis plusieurs semaines. Bien évidemment, le groupe Fram trouverait également par ce biais un moyen de pousser les ventes de son TO.