Fan de Bretagne

Peur du chômage suite. Et la suite, c’est la colère. Elle gronde dans le secteur du tourisme comme on peut le voir dans les aéroports ou aux portes des grands TO : TUI bien sûr, mais précédé un mois plus tôt par Fram. Si les salariés occupent aujourd’hui les halls, les bureaux, les tarmacs, c’est parce qu’ils croient encore en la valeur du travail et qu’ils ont en négatif, la crainte, quand cette valeur est bradée ou menacée, du déclassement, de la relégation économique et sociale. Mais ce sentiment est tout de même relatif. Pour les salariés d’Air France notamment, la grève contre le service garanti ressemble beaucoup à un tour de chauffe avant le grand match autour de la renégociation des accords d’entreprises au terme de laquelle ils craignent de voir peu à peu détricoter leur statut acquis au fil des années 80-90 et des aides de l’État. Pour les salariés de TUI, la crainte n’est pas d’avoir à faire de trop fortes concessions à sa direction, mais d’éviter la file d’attente chez Pôle Emploi. L’inquiétude se mesure à l’aune de ce que chacun craint de perdre. Ils ont pourtant un point commun : tous présentent leur emploi ou leur statut sur le même autel de la compétitivité, sans trop savoir d’ailleurs où se trouve le Saint-Siège de cette nouvelle église. Pas à Pont-de-Buis en tout cas. Pour un directeur financier orthodoxe, ce lieu est en effet un foyer d’hérétiques aux économies d’échelles. Ce petit village, qui résiste encore à l’envahisseur, est situé au fin fond de la Bretagne (tiens, tiens) et accueille le siège du groupe Salaün. Vous verrez, à travers notre interview en page 26 et 27 que son modèle n’a rien de commun avec ceux contestés par les salariés qui en dépendent. Et pourtant, il tourne très bien. Le grand âge de Salaün, 80 ans, qui en rappelle un autre, celui de Richou et ses 60 ans, montre que c’est de la diversité des modèles économiques et/ou de l’agilité des PME que naît la croissance durable.

Un petit village, qui résiste encore à l’envahisseur.