EDITO. Sobriété aérienne ? Oui Gérard !
Prendre moins souvent l’avion, pour être aligné avec les Accords de Paris* ? C’est une question taboue, polémique, indispensable.
C’est une petite phrase qui a couru plus vite que son ombre dans les allées de l’IFTM Top Resa à Paris. « Il faudra inviter les gens à être plus raisonnables dans le voyage aérien », a lâché lundi Augustin de Romanet, le PDG, d’Aéroports de Paris, sur BFM Business. De quoi provoquer l’ire de René-Marc Chikli (Seto) lors de la conférence « Destinations : les tops et les flops en 2022 », en partenariat avec L’Echo touristique.
Pour ma part, j’aime bien quand Gérard Feldzer, ancien pilote d’Air France, dit dans notre magazine trimestriel qu’il n’est plus possible de partir en avion en week-end à Lisbonne ou à Florence. Quand les Entreprises du Voyage (EdV) mais aussi Jean-Pierre Nadir (Fairmoove) appellent à voyager moins souvent et plus longtemps.
J’aime moins quand les EdV organisent, deux années consécutives, un congrès dans une destination long-courrier (même si le syndicat a la bonne idée d’absorber les émissions de CO2). Pourtant, je n’ai rien contre l’île Maurice, destination très appréciée des Français, où de nombreux emplois sont liés au tourisme. Et je serai la première à m’inscrire à cet événement B2B incontournable de l’année, le meilleur dans notre profession. Jean-Pierre Mas, Valérie Boned et leurs équipes des EdV font un travail remarquable pour réunir la profession et débattre d’enjeux majeurs comme l’attractivité et désormais le tourisme responsable avec une commission dédiée dirigée par Lionel Rabiet.
Nous ne pouvons pas nous chauffer à 19 degrés d’un côté, et prendre l’avion au même rythme qu’avant de l’autre.
Mais, en tant que syndicat référent de l’industrie du voyage (avec le Seto), pourquoi ne pas alterner long-courrier et moyen-courrier, ce qui représente aussi un choix plus sobre ? Nous ne pouvons pas nous chauffer à 19 degrés d’un côté, et prendre l’avion au même rythme qu’avant de l’autre. Le réseau Selectour partira cette année en congrès à Athènes, et c’est un choix business malin pour Laurent Abitbol et son métier de voyagiste, mais aussi cohérent pour notre industrie qui vend si bien l’Europe du sud. La Grèce est la deuxième destination de l’été 2022, juste derrière l’Espagne.
=>A lire sur le même sujet : Congrès des EdV : pourquoi le choix de l’île Maurice
Au risque de me faire quelques (gentils) ennemis, les pros du voyage doivent plus que jamais montrer la voie. S’ils ne le font pas, les écologistes les plus radicaux vont les rattraper, en agitant le chiffon rouge d’une réglementation contraignante. Une loi qui risque de mettre de grands bâtons dans les roues d’un secteur synonyme – n’en déplaise à ses détracteurs – d’ouverture, d’emplois, de paix dans le monde.
Saluons au passage la création d’un Espace tourisme durable à l’IFTM 2022 et les conférences sur le sujet. La sobriété aérienne, de nombreux pros du voyage rencontrés lors du salon soutiennent l’idée – reste à davantage passer à l’acte.
Ce qui ne doit d’ailleurs pas dispenser le patron des aéroports parisiens, Augustin de Romanet, de se pencher sur les problèmes endémiques de Roissy, voire d’Orly, comme les retards et les longues files d’attente avant l’embarquement. Insupportables.
Linda Lainé, rédactrice en chef de L’Echo touristique
*Selon les Accords de Paris, pour être carbone neutres en 2050, les Français devraient émettre environ 2 tonnes de gaz à effet de serre par an (cinq fois moins qu’aujourd’hui). Soit l’équivalent d’un vol AR Paris-New York.
Il ne faut plus parler il faut agir ! Quand on ne pourra plus voyager du tout à cause des risques climatiques ou géopolitiques la profession n aura que ses yeux pour pleurer !