Delphine Pons (Parc Astérix) : « Les hôtels attirent une clientèle plus exigeante »
Delphine Pons, la directrice générale du Parc Astérix, dresse le bilan d’une saison 2024 à l’issue de laquelle le plus gaulois des parcs de loisirs a battu son record de fréquentation.
L’Echo touristique : Le Parc Astérix a battu son record de fréquentation, malgré un contexte global plutôt défavorable pour les parcs de loisirs. Comment l’expliquez-vous ?
Delphine Pons : Nous avons très bien commencé l’année, avec une saison de Peur sur le Parc toujours en croissance, comme celle des arbres de Noël ou l’événement dédié au grand public, le Noël Gaulois. Nous étions donc sereins et en avance sur nos objectifs, en chiffre d’affaires comme en nombre de visiteurs. D’autant plus que l’année 2024, avec les 35 ans du Parc Astérix et de nombreuses nouveautés, nous donnait beaucoup de matière pour faire vivre le produit. Mais l’ouverture de la saison, en avril, a été très mauvaise, en raison principalement d’une météo très défavorable. Le reste du printemps s’est beaucoup mieux passé, avec, notamment, un excellent week-end de l’Ascension.
De nombreux sites franciliens ont vu leur fréquentation impactée par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (JOP). C’est le cas du Parc Astérix ?
Delphine Pons : En amont de la saison, nous avions évidemment repéré que cette période serait marquée par les JOP. On avait du mal à mesurer l’impact que ça aurait, mais nous avons identifié l’événement comme un risque plutôt qu’une opportunité. En région Île-de-France, il y a eu toute une communication qui a pu paraître anxiogène sur la façon d’anticiper ce moment : réduire ses déplacements, favoriser le télétravail, etc… Toute cette ambiance a sans doute été un frein à la réservation. Comme nous l’avions anticipé, nous avons activé des leviers commerciaux. Et, si le mois de juillet a été plus calme que prévu, nous avons réalisé un mois d’août record. Au moment de dresser le bilan, on peut donc dire que le Parc Astérix, fidèle à sa réputation, a bien su résister au contexte global.
Le secteur, de façon générale, s’est plutôt bien maintenu. Certains de vos concurrents ont, eux aussi, annoncé des records de fréquentation.
Delphine Pons : Nous sommes très heureux de constater que le secteur se porte bien. Et ça n’est pas surprenant. En France et en Europe, le marché des parcs de loisirs est en plein développement. Les acteurs investissent massivement dans de nouveaux produits pour porter la croissance de la fréquentation : c’est un objectif que nous partageons tous. Et ils veulent se démarquer, ce qui incite à l’innovation. Ce sont donc des investissements vertueux car, tous ensemble, nous contribuons à créer ce marché des parcs de loisirs, à convaincre les familles de venir passer une journée ou un week-end chez nous. Et ce sont les parcs les plus innovants qui en profitent le plus.
Nous estimons que nos tarifs demeurent raisonnables par rapport à nos principaux concurrents
Le dynamisme du secteur s’accompagne d’une inflation marquée. Aller au parc de loisirs doit nécessairement coûter cher désormais ?
Delphine Pons : Les prix augmentent tous les ans, c’est vrai. D’abord parce que nous sommes confrontés, comme tous les autres secteurs, à une forte inflation depuis trois ans. Nous répercutons donc mécaniquement sur nos prix de vente la hausse de nos prix d’achats. La nouveauté impacte aussi la valeur du billet, et c’est logique : tous ces investissements doivent être rentabilisés. Toutefois, nous faisons en sorte que le Parc Astérix reste populaire et accessible. Il y a toujours des possibilités d’obtenir des billets à des tarifs intéressants via différents canaux (site web, partenaires…) et nous continuerons de mener cette politique d’activation commerciale. Nous estimons aussi que nos tarifs demeurent raisonnables par rapport à nos principaux concurrents.
Vos hôtels affichent un taux de remplissage supérieur à 90% sur l’été. Quelle place prend désormais l’activité liée aux séjours dans vos performances ?
Delphine Pons : Les hôtels participent pleinement à la transformation du Parc Astérix. Nous avons augmenté significativement notre capacité hôtelière en peu de temps (de 150 à 450 chambres en deux ans, NDLR). Ils attirent une clientèle un peu différente, plus exigeante, qui vient de plus loin, qui est plus « CSP+ » comme on dit. Et qui cherchent des expériences plus immersives, plus Premium. Sans communiquer de chiffre précis, l’activité liée au séjour pèse de plus en plus lourd d’année en année. Même si l’activité « Billetterie » reste largement majoritaire dans le chiffre d’affaires du parc, qui comprend aussi l’activité conventions/séminaires. Ca prouve que nous pouvons continuer d’accueillir la clientèle historique du Parc Astérix, et cette nouvelle clientèle.
Nous accueillerons une nouveauté majeure en 2025
La restauration est notamment concernée par cette montée en gamme.
Delphine Pons : Nous proposons des endroits qui allient restauration et spectacles, comme le Banquet Gaulois ou le Buffet de l’Horreur. La restauration fait partie intégrante de l’expérience vécue au Parc Astérix. Mais, là encore, c’est valable pour tous les budgets. Le restaurant que nous avons ouvert cette année, Poz’Kebab, n’est pas le plus cher proposé dans le parc. Mais il est thématisé, immersif et s’intègre à l’histoire que raconte notre zone Egypte. Ca symbolise ce que nous voulons faire avec la restauration. Et c’est mécanique : pour attirer plus de monde, nous devons être en mesure de servir plus de repas, qu’il soit de type fast food ou plus élaborés. Dès l’année prochaine, nous en ouvrirons d’ailleurs un nouveau dans la zone « Rue de Paris ».
2025 aura encore droit à son lot de nouveautés ?
Delphine Pons : Nous accueillerons une nouveauté majeure, sur laquelle nous commençons à communiquer puisque l’avancée des travaux se voit depuis les allées du Parc Astérix. En avril, nous inaugurerons donc Cétautomatix, une montagne russe familiale du constructeur Gerstlauer. Le célèbre forgeron du village d’Astérix invitera nos visiteurs à tester un nouveau type de char sorti tout droit de son imagination. Les trains de l’attraction pivoteront sur eux-mêmes le long d’un parcours fait de courbes, de virages en épingles et d’accélérations. Cétautomatix offrira des sensations qui n’existent pas encore au Parc Astérix, et qui seront accessibles à toute la famille. Son ouverture sera, évidemment, notre grosse actualité de l’année 2025. Même s’il faut d’abord réussir les saisons 2025 de Peur sur le Parc et du Noël Gaulois.
Les premiers chiffres de fréquentation sont bons ?
Delphine Pons : Peur sur le Parc est déjà un succès. D’ailleurs, nous avons rajouté un week-end (9,10 et 11 novembre) par rapport aux années précédentes. Nous avions aussi deux nocturnes supplémentaires, soit 9 au total, et elles affichent toutes complet. C’est un produit dont nous sommes très fiers et qui permet de bien démarrer l’exercice. Chaque année, nous y apportons de la nouveauté avec, par exemple, les Enfers de Pompéi, une nouvelle maison hantée. Puis viendra très rapidement le Noël Gaulois, que nous voulons continuer d’enrichir car nous sommes convaincus d’avoir un levier de croissance de la fréquentation avec cette saison. Elle aura aussi droit à sa nouveauté, que nous gardons secrète pour le moment.