Coup de froid sur les Etats-Unis
L’obligation de visa pour les clients qui ne possèdent pas de passeport à lecture optique émis avant le 26 octobre dernier génère une baisse des réservations dans le pays de l’Oncle Sam.
Nouveau revers pour la destination Etats-Unis. Alors que les Français avaient retrouvé le chemin du pays de l’Oncle Sam en 2005 après trois années de forte décrue (-37 % entre 2000 et 2003), les spécialistes de la destination accusent depuis deux mois un net fléchissement des réservations.
La raison de ce dévissage ? Les autorités françaises n’étant pas en mesure de délivrer des passeports individuels à lecture optique avec photo imprimée numériquement (pour des raisons techniques, mais aussi administratives) comme l’exigent désormais les Etats-Unis, y compris pour les enfants, toute personne qui fait renouveler son passeport depuis le 26 octobre est dans l’obligation d’obtenir un visa. Or il faut entre six semaines et trois mois pour obtenir ce sésame, délivré uniquement par le consulat américain à Paris. Sans parler du coût dudit visa : 85 E, auxquels il faut ajouter 14,50 E de frais de rendez-vous avec un officier américain du consulat et les coûts de déplacement à Paris pour les candidats au départ résidant en province…
La situation est jugée catastrophique par l’ensemble des professionnels de la destination, qui n’avaient pas manqué de tirer la sonnette d’alarme dès le mois de juin dernier. Les ventes globales pour la billetterie aérienne vers les Etats-Unis ont chuté de 25 % en novembre, selon le BSP, alors qu’elles étaient en progression de 13 % sur les 10 premiers mois de l’année, déplore Isabelle Gelée, présidente de l’Office de tourisme des Etats-Unis (Visit USA Comittee). Même son de cloche du côté des tour-opérateurs. Après un début d’année sur les chapeaux de roue, Kuoni-Vacances Fabuleuses a terminé 2005 avec une hausse de seulement 20 % de ses ventes sur les Etats-Unis, contre 30 % à 40 % escomptés au premier semestre. En novembre, nos prises de commande ont chuté de 50 % et depuis le début de l’année, la tendance reste négative, constate amèrement Maureen Lachant, directrice de production USA.
Les ventes de dernière minute pénalisées
La nécessité d’obtenir un visa pour ceux qui ne sont pas titulaires d’un passeport à lecture optique émis avant le 26 octobre pénalise tout particulièrement les ventes de dernière minute, souligne pour sa part Jetset, qui fait état d’une quinzaine d’annulations de séjours individuels ainsi que de quelques groupes, pour le réveillon et un concert de Céline Dion à Las Vegas…
Pour sa part, Directours (qui réalise 23 % de son chiffre d’affaires avec les Etats-Unis) annonce ne plus être en mesure d’accepter des clients ayant besoin d’un visa. Après une belle année 2005 qui s’est soldée par une hausse de 27,7 % des ventes de forfaits au départ de France, Michel-Yves Labbé, PDG du TO, ne cache pas son pessimisme. L’hiver est plutôt une saison de voyages à deux à Miami ou New York, avec une clientèle titulaire de passeports valides. La situation devrait être autrement plus difficile cet été, quand les gens partent en famille découvrir les parcs de l’Ouest américain. Un avis partagé par Christophe Rodin, chef de produit Etats-Unis chez Jet tours, qui fait état de trois dossiers annulés du fait de problèmes de passeport, exclusivement pour des voyages en famille au printemps.
Des conséquences à long terme
Si, dans l’ensemble, les tour-opérateurs se montrent compréhensifs envers leurs clients en acceptant des annulations sans frais ou en facilitant des reports sur d’autres destinations, tout comme les compagnies aériennes (qui proposent des reports, à l’image d’American Airlines, aux passagers se présentant à l’aéroport sans les bons papiers), beaucoup s’inquiètent des conséquences à long terme. Ainsi, l’ambassade des Etats-Unis estime à 250 000 le nombre de passagers français qui ne se rendront pas dans le pays en 2006 (environ 30 % du total de 2005), soit une perte estimée à 450 ME.
