Corse : les compagnies de ferries sous tension

Mardi 15 février, cinq navires de la Société nationale maritime Corse Méditerranée (SNCM) se trouvaient toujours bloqués à Marseille et Bastia par une grève des marins, pour le quinzième jour d’affilée. Raison du conflit : la baisse du nombre de rotations entre Nice et la Corse, qui devrait s’accompagner de la réduction de la flotte de dix à neuf navires. La mesure, imposée par le port de Nice qui souhaite ainsi diminuer les nuisances dont se plaignent les riverains, ne concerne pas que la SNCM. Corsica Ferries est elle aussi forcée de réduire la voilure : deux bateaux et une centaine de traversées en moins au départ de la baie des Anges cette année.

Mais la diminution du trafic n’est peut être pas une si mauvaise nouvelle pour les deux compagnies. Car en 2010, la croissance de l’offre, à Nice mais aussi à Toulon, a clairement mis le marché en état de surcapacité. La demande n’a pas suivi, les taux de remplissage ont dévissé, la guerre des prix a fait rage… et tout le monde a perdu de l’argent.

LA PRUDENCE EST DE MISE

C’est la SNCM qui a le plus souffert, voyant son trafic passagers vers la Corse reculer de 7,6 % l’an dernier. Mais Corsica Ferries, malgré une hausse de 6,9 %, et Moby Line, qui a fait un peu moins bien que ses objectifs, ont aussi pâti de l’excès d’offre. Résultat : les compagnies abordent 2011 avec davantage de prudence, d’autant plus que la hausse des prix des carburants met leurs finances sous haute tension.

La flambée du prix du pétrole est d’ailleurs l’une des raisons invoquées par Moby Line pour justifier sa décision, pas encore définitive, d’arrêter sa ligne Toulon-Bastia. C’est aussi celle pour laquelle Corsica Ferries a relevé ses prix, quand la SNCM tente, au contraire, de réduire les siens. Avec succès : malgré la grève de ses marins, la compagnie enregistre, pour l’instant, une hausse de 25 % des réservations par rapport à 2010.