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Comment l’aéroport de Dakar veut devenir le plus gros d’Afrique de l’Ouest

Le nouvel aéroport de Dakar a désormais un peu plus d’un an d’exploitation. Nous avons pu rencontré son directeur et échanger sur les points forts mais aussi les points faibles de son infrastructure. Et surtout envisager l’avenir.

Alors bien sûr, sa construction aura pris plus d’une dizaine d’années et nécessité environ 424 milliards de francs CFA  (645 millions d’euros) d’investissement. Mais ce nouvel aéroport donne désormais au Sénégal un formidable outil pour concurrencer ses voisins sur le marché des plateformes aéroportuaires en Afrique de l’Ouest. Situé dans la région de Thiès, il est cinq fois plus grand que l’ancien aéroport de Dakar. C’est LAS, une société de gestion créée par l’Etat sénégalais en mai 2017 qui est en charge de faire de cette nouvelle infrastructure le hub principal de la région.

« LAS est un consortium Sénégalo-Turc qui regroupe trois entreprises. Les deux premières, Limak (un opérateur aéroportuaire turc) et Summa (entreprise BTP turque qui a construit l’aéroport), possèdent 66 % des parts de l’aéroport.  AIBD-SA est la société à participation publique minoritaire qui a été mise en place en février 2006 par le Sénégal. Elle possède 33 % des parts de l’aéroport», explique Xavier Mary, le directeur général de LAS.

Objectif : 3 millions de passagers

Ouvert depuis le 7 décembre 2017, le tarmac sénégalais accueil désormais 36 compagnies, dessert 40 destinations dans 33 pays et sur 4 continents. Avec 20 pays, l’Afrique est le continent mieux représenté. « Il nous manque simplement l’Amérique Latine », précise Xavier Mary.

En 2018, l’aéroport a accueilli 2,3 millions de passagers, contre 2,1 millions dans l’ancien aéroport en moyenne. Soit une augmentation de 10 %. Et l’année 2019 devrait être elle aussi un succès. Après 3 mois, la croissance est de 6,81 %. A terme, il devrait atteindre sa pleine capacité actuelle qui est de 3 millions par an. « On met tout en place pour faire venir des ligne et des compagnies. »

Etre prêt pour l’ouverture du marché pétrolier

Et le pays compte beaucoup sur le démarrage de l’exploitation de ses ressources pétrolières en 2021. « Le gaz et le pétrole vont forcément nous amener un nombre important de passagers », poursuit le directeur de l’aéroport.

Le dirigeant peut être serein. Il a de gros atouts, à commencer par un foncier important. « Actuellement, nous exploitons seulement 1 200 hectares des 4 500 disponibles. L’aéroport est totalement modulable avec deux pans de verre aux extrémités, qui peuvent facilement être enlevés pour rajouter des terminaux de chaque côté. A très long terme, l’aéroport devrait pouvoir attirer 24 millions de passagers, car il est possible de dupliquer l’existant de l’autre côté de la piste », ajoute Xavier Mary.

Et avec ses trois salons « infinite » de très bonne qualité, son salon VVIP et un autre d’honneur, l’infrastructure aéroportuaire a tout pour accueillir la clientèle pétrolière habituée aux aéroports d’Afrique. Pour les satisfaire, « une nouvelle galerie commerciale va ouvrir d’ici peu et le projet d’une ville autour de l’aéroport est à l’étude ».

Connectivité et prix : les petits bémols

Petit bémol tout de même : la connectivité reste imparfaite, même si elle va s’améliorer. Une autoroute relie désormais l’aéroport à Saly Portudal, ce qui est un gain de temps énorme et un don du ciel pour le tourisme. Mais Dakar reste à 45 minutes de trajet (au minimum). Le prix d’un aérocab est de 28 000 CFA de jours (42,5 €) et de 35 000 de nuit (53,30 €). En taxi local, le trajet coûte 13 000 le jour et 18 000 la nuit. « Un TER va également voir le jour à l’ horizon 2021. Il joindra Dakar à l’aéroport. Pour l’instant il fait déjà la jonction jusqu’à Diamniadio ».

Malgré sa modernité, l’aéroport sénégalais ne peut pas se reposer sur ses lauriers. Actuellement, la Gambie (Banjul) et la Côte d’Ivoire (Abidjan) ont des infrastructures qui gagnent des parts de marché. « Tout d’abord, ils facilitent toutes les démarches aériennes, ce qui n’est pas le cas du Sénégal, notamment au niveau des certifications des pilotes. Et surtout ils ont des prix beaucoup moins importants. Les taxes sont très fortes ici, ce qui entraîne un surcoût par rapport aux concurrents » , nous indique le dirigeant d’une compagnie. « S’ils veulent gagner des parts de marché, il faudra qu’ils baissent leurs taxes. » Rappelons que le 1 mars dernier, l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Dakar a décidé de faire grimper, à compter du 1er mars 2019, les taxes de sécurité (de 6.000 à 10.000 F CFA) et celles appliquées sur les passagers (de 2.000 F Cfa à 3000 FCFA).

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