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Comment la guerre en Russie envenime les liaisons (aériennes) France-Chine

Depuis la réouverture de la Chine, seules les compagnies chinoises semblent en profiter grâce à l’avantage de pouvoir survoler la Russie.

Depuis 1966, un accord bilatéral prévoit les modalités des liaisons aériennes entre la Chine et la France. Ce dernier, modifié pour la dernière fois en 2017, permet à quatre compagnies chinoises d’assurer jusqu’à 128 rotations par semaine entre leur pays et la France, alors qu’Air France en effectuait 32 auparavant. Ce texte prévoyait en outre une suspension au cas où le survol de la Russie serait affecté, selon la même source.

Or, les Russes et les Européens se sont réciproquement interdit leurs espaces aériens après l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Une contrainte à laquelle les avions chinois ne sont pas soumis.

Voilà pourquoi Paris et Pékin négocient la remontée en cadence de leurs liaisons aériennes après le Covid-19, un dossier compliqué par la guerre en Ukraine alors que le secteur touristique français veut retrouver les prodigues touristes chinois. « Il y a des discussions robustes entre les gouvernements français et chinois sur un accord bilatéral. Nous devons attendre la conclusion de ces négociations », a expliqué mercredi Philippe Pascal, directeur financier du Groupe ADP, lors de la présentation des résultats du gestionnaire des aéroports parisiens.

La France pas vraiment a égalité avec la Chine 

En jeu, la remontée du rythme des liaisons aériennes entre la France, première destination touristique mondiale, et la Chine, deuxième économie du globe, sur fond d’intérêts divergents entre Air France et d’autres entreprises françaises.

Selon l’AFP, cette situation est perçue comme une distorsion de concurrence manifeste, les compagnies aériennes européennes devant consentir à des temps de vol supérieurs de 2 à 3 heures. Certains acteurs du secteur souhaiteraient ainsi que la montée en cadence se fasse d’égal à égal entre compagnies françaises et chinoises.

« Le contournement de la Russie est un problème majeur pour la desserte de l’Asie par les compagnies européennes, en raison des coûts de kérosène et des problématiques de rotation des équipages », a remarqué la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

Emmanuel Macron a calmé le jeu

Selon une source diplomatique, « il n’est pas question de renégocier l’accord bilatéral de 1966, mais simplement de discuter avec la partie chinoise d’un retour à sa pleine mise en oeuvre à la suite du Covid ». « Cela correspond au souhait exprimé par les deux présidents (Emmanuel Macron et Xi Jinping, NDLR) d’une reprise de la connectivité aérienne en vue de relancer les échanges humains entre nos deux pays », a ajouté cette source.

La déclaration finale à l’issue du voyage de Emmanuel Macron en Chine début avril mentionnait en effet ce dossier. « L’accord aérien franco-chinois de 1966, le plus ancien des pays occidentaux, a pour principe cardinal les « possibilités justes et égales » entre les deux pavillons », a souligné la DGAC, qui mène les tractations avec son homologue chinoise.

De son côté, un porte-parole d’Air France a rappelé que la compagnie « avait annoncé en début d’année qu’elle allait augmenter ses capacités vers la Chine sous réserve d’obtenir les droits de trafic nécessaires, avec pour cible de revenir à un vol quotidien sur Pékin et un vol quotidien sur Shanghai à compter de juillet ».

50 rotations vers la Chine en juin

« Cette remontée des capacités a été amorcée : sur le mois de mai, nous revenons à trois vols par semaine à Pékin et trois à Shanghai, alors qu’au début de l’année nous assurions seulement un vol par semaine sur Pékin », a-t-il souligné. Dès cet été, la fréquence de liaisons vers ces deux métropoles chinoises passera à 7 vols par semaine et pourrait continuer de monter sur la saison hivernale en fonction de l’évolution de la situation vis-à-vis de la Russie.

« Au mercredi 3 mai, le nombre de rotations est de 16 par semaine, et cela montera à 50 rotations par semaine à compter de juin, soit 51% des vols autorisés durant l’été 2019. L’augmentation depuis le début de l’année est donc rapide », a plaidé la DGAC.

Mais de même source, « une ouverture totale du trafic pourrait engendrer des conséquences délétères. En effet, la distorsion de concurrence induite par l’impossibilité de survoler la Russie pour le seul pavillon français a des conséquences importantes ».

Des entreprises françaises s’impatientent

Eviter l’espace aérien russe rallonge en effet le trajet Paris-Pékin d’environ deux heures et signifie bien sûr un budget carburant alourdi. Mais entre Air France et d’autres acteurs français du tourisme, les intérêts semblent diverger : plusieurs entreprises avaient interpellé le chef de l’Etat avant son voyage en Chine, dans une lettre dont l’AFP a obtenu copie

Le groupe ADP, le groupe hôtelier Accor et le Club Med y appelaient à « un assouplissement des restrictions à l’endroit des compagnies aériennes chinoises, limitant le nombre de lignes à celui de celles opérées par des compagnies aériennes françaises ». « Ces mesures freinent la reprise du trafic et concourent au retard de la France à profiter de la réouverture de la Chine avec la même vigueur que nos grands concurrents européens et internationaux », selon ces sociétés.

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