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Bataille sur les lignes corses

La concurrence féroce sur les lignes vers l’île de Beauté tire les tarifs vers le bas, obligeant les transporteurs à ajuster leur politique commerciale, notamment vis-à-vis des agences de voyages.

Le 30 janvier, la SNCM faisait sensation à la Convention nationale du Snav de Biarritz, en annonçant que sa rémunération aux agences baisserait à partir du 1er avril. A cette date, le taux de base de la compagnie devrait être ramené de 8 à 5 %. Nous mettrons toutefois en place des incentives avec des objectifs de progression de chiffre d’affaires, qui permettront aux agences les plus performantes de ne pas perdre de rémunération. Nous aurons en plus des négociations de gré à gré avec certains distributeurs, qui leur permettront encore de récupérer quelques points précise Pierre Marcy, directeur commercial. La SNCM espère ainsi pousser de manière plus efficace la billetterie dans les agences, qui représente à ce jour 21 % de son activité pour les lignes Corse-continent. Vers le Maghreb, le taux de commission devrait osciller dans une fourchette de 5 à 7 %, contre 8 % actuellement. En juin, le transporteur devrait par ailleurs inaugurer une nouvelle grille tarifaire qui, à la manière des compagnies aériennes low cost, donnera la prime aux réservations anticipées, avec des réductions allant jusqu’à 50 % par rapport au prix de base.

Corsica versus SNCM

Rendant coup pour coup à sa concurrente, Corsica Ferries a annoncé à son tour qu’elle envisageait de revoir son taux de rémunération aux agences dans l’année. Les distributeurs sont donc les premiers à faire les frais de la rude compétition que se livrent les deux transporteurs sur les lignes vers la Corse. Nous accordons actuellement une commission de base de 7,5 %, avec des incentives sur les volumes, permettant de faire grimper ce taux à 10 %. Nous envisageons de mettre en place une commission différenciée, selon le mode de réservation utilisé. Nous devrions par ailleurs garder un système d’incentives, récompensant les agences utilisant notre site professionnel www.corsicaferries.biz, explique Pierre Mattei, DG de Corsica Ferries.

Côté prix, la compagnie propose toujours une traversée à partir de 5 E par personne (moins de 25 ans, plus de 60 ans…) hors taxes portuaires, et a même lancé un tarif à 1 E pour une voiture ! Dans ce cadre, Corsica Ferries a un schéma de fonctionnement proche des transporteurs low cost, avec des billets non remboursables, mais modifiables moyennant un supplément de 9 E. Elle prévoit aussi un surcoût de 5 E en cas de réservation par téléphone, histoire de pousser ses ventes en ligne.

Mais Corsica veut encore aller plus loin sur le front des bas tarifs. Nous allons proposer la gratuité pour les résidents de l’île de Beauté pendant la saison d’hiver, et nous envisageons de faire la même chose pour les sportifs qui sont amenés à venir régulièrement sur le continent, durant toute l’année, précise Pierre Mattei. Cette politique agressive contribue aux excellentes performances de la compagnie, qui a transporté 2,1 millions de passagers en 2006 pour l’ensemble de ses lignes vers la Corse, dont 1,4 million au départ de France, ce qui fait d’elle le leader sur ce marché. Cette année, Corsica proposera 266 traversées supplémentaires vers l’île de Beauté, en augmentant les départs de Toulon de près de 30 %. Ce développement est facilité par l’arrivée de deux nouveaux navires Mega Express (dont la capacité varie de 1 500 à 2 000 passagers), le Mega Express IV qui a démarré ses rotations le 6 novembre et le Mega Express V, à flots depuis le début de l’année.

De son côté, la SNCM a repris du poil de la bête. Alors que nous étions tombés à 765 000 passagers fin 2005, au plus fort de la crise qui a agité la compagnie lors de sa privatisation, nous avons redressé la barre en 2006, avec 950 000 passagers entre le Continent et la Corse (+20 %), se réjouit Pierre Marcy. Une belle performance, complétée par les bons chiffres du trafic vers le Maghreb (Algérie et Tunisie) qui a augmenté de 8 % l’année dernière, à 320 000 passagers.

La SNCM voudrait désormais accélérer sa reconquête, en travaillant notamment sur la qualité de service, écornée par les grèves à répétition de ces dernières années. Objectif : se différencier plus clairement de Corsica Ferries et de sa stratégie low cost. Nous avons signé un partenariat avec l’Académie Accor pour qu’elle nous aide à revoir les standards de service à bord. Il devrait nous permettre d’être référencé à l’été 2008, comme le sont les enseignes du groupe hôtelier.

La SNCM va par ailleurs travailler pour la saison d’été sur la multiplication des services à bord : mise en place d’un comptoir d’informations sur le tourisme en Corse, animations pour les enfants, etc. Enfin, via son tour-opérateur Ferrytour, le transporteur a pour ambition de développer des forfaits week-ends en Corse, spécialement étudiés pour les couples, afin de rendre encore plus attractives ses traversées, notamment en dehors des pics de saison. Cette offre viendra compléter une brochure croisières que la compagnie a lancée fin 2006, avec notamment des escapades et des tours de Corse de deux à cinq jours au printemps et à l’automne au départ de Marseille, à bord du Napoléon Bonaparte. Autant de nouveautés qui devraient lui permettre de diversifier ses activités et de redorer son image.

La délégation de service public en question

Reste à savoir si son coeur de marché, à savoir l’activité transport vers la Corse, pourra retrouver un peu de quiétude après l’attribution de la délégation de service public pour 2007-2012. L’avenir de la SNCM en dépend en partie. Suite à l’appel d’offres qui avait été annulé à la fin du mois de décembre 2006 par le Conseil d’Etat, une nouvelle procédure a été lancée. Le début de la nouvelle délégation a été reporté au 1er mai, par décision de l’Assemblée générale de Corse. Corsica Ferries (qui navigue depuis Toulon et Nice) s’est opposée à cette décision, au motif que l’attribution du marché prévue le 10 avril avec, à la clé, une juteuse enveloppe de 95 ME de subventions publiques pour le vainqueur, lui laissait trop peu de temps pour s’installer à Marseille, où elle souhaite proposer des départs.

L’enjeu est colossal. D’après les chiffres de la Direction régionale de l’Equipement, le trafic vers l’île de Beauté a dépassé les 6,3 millions de passagers l’an dernier, un record absolu, avec un bond de 8,5 % par rapport à 2005. Une tendance qui devrait se confirmer cette année. A moins que de nouvelles grèves viennent enrayer la reprise…

L’an dernier, le trafic vers la Corse a dépassé les 6,3 millions de passagers. Un record absolu !

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