Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

APG World Connect : le nombre de passagers devrait doubler d’ici 2030

La 11e édition de l’APG World Connect s’est tenue ce week-end. L’événement réuni 520 professionnels du transport aérien venant de 90 pays.

L’APG Word Connect* était placé cette année sous le thème du « défi risqué » des 8 milliards de passagers en 2030. Pour mémoire, le nombre de voyageurs aériens n’excédait pas le milliard en 1990. On en compte quatre fois plus aujourd’hui (4,2 exactement). Et certains spécialistes avancent désormais le record de huit milliards de passagers en 2030 (**) !

Richard Burgess, président d’APG Network, a d’abord rappelé que cette croissance du trafic aérien allait surtout être portée par les immenses marchés chinois et indien. En nombre de passagers, la Chine va supplanter les États-Unis à la première place d’ici cinq ans, et l’Inde passer devant le Royaume-Uni à la troisième place. Selon IATA, la région Asie-Pacifique comptera pour la moitié des nouveaux voyageurs aériens d’ici vingt ans. Tewolde Gebremariam, CEO d’Ethiopian Airlines, a vanté aussi l’exceptionnel potentiel du continent africain, tout autant que la position géographique privilégiée de son pays : 70% des passagers de la compagnie éthiopienne sont en correspondance à Addis-Abeba.

12 milliards de passagers d’ici 3 ans

Le dynamisme des compagnies low cost va continuer à soutenir cette croissance, a poursuivi Eric Schulz, président de SHZ Consulting. En témoigne la toute récente commande de 300 Airbus par la compagnie à bas coûts indienne IndiGo.

Marc Rochet se montre lui aussi optimiste sur l’avenir du secteur, au point d’avancer dès à présent le chiffre de 12 milliards de passagers dans les deux à trois prochaines décennies. Le patron de la low-cost French Bee observe en effet les progrès déjà réalisés ces trente ou quarante dernières années, notamment au niveau de la sécurité, et constate la spectaculaire baisse des prix des billets. «Le secteur doit bien sûr se mobiliser sur les questions des émissions de carbone et les infrastructures aéroportuaires. Mais les moyens sont là et la technologie va aider à franchir des paliers», souligne-t-il.

Saturation des hubs internationaux

Sur la question des aéroports, John Melchior d’APG World Connect a rappelé que de nombreux «hubs» étaient proches de la saturation. Eric Schulz prévoit pour sa part que la croissance des grandes plates-formes sera globalement moindre par rapport à celle des aéroports de taille moyenne. Ces derniers devraient en effet connaître une expansion soutenue avec la multiplication des vols de point à point et l’arrivée d’une nouvelle génération de mono-couloirs capables de voler sur des distances plus longues. Des améliorations notables devraient aussi concerner la sécurité dans les aéroports, et rendre quasi invisibles les mesures de sûreté.

Mike Premo, CEO d’Airlines Reporting Corporation, a noté que le secteur du transport aérien était incroyablement résiliant, quand John Melchior soulignait sa grande fragilité. Et certains intervenants de citer en exemple les difficultés du B737MAX, les défaillances constatées sur des moteurs d’avions, les risques de mesures protectionnistes, de guerres commerciales, de nouvelles taxes et réglementations. Le plus préoccupant semble toutefois être le phénomène croissant du «flygskam» ou la honte de voler, la forme la plus visible d’une prise de conscience environnementale dont l’impact reste encore difficile à mesurer.

Renouvellement obligatoire des flottes

Pour Peter Bootsma, Executive Vice-président Commercial & Revenue chez Air France-KLM, le plus gros défi est probablement la réduction de l’empreinte carbone. «Notre secteur doit engager des changements significatifs, ce qui nécessite du temps. Or, ce temps-là nous ne l’avons pas ! Je suis néanmoins optimiste car nous disposons d’une large variété d’options, entre le renouvellement des flottes, l’amélioration des opérations, les fuels durables, la compensation, la création d’un contrôle aérien européen, l’amélioration de la circulation au sol des avions…».

Le renouvellement des flottes permet dès à présent de se doter d’avions plus légers, avec des moteurs plus économes, permettant de consommer 25% de kérosène en moins. Le biofuel suscite en revanche davantage de réserves car il coûte aujourd’hui cinq fois plus cher que le fuel normal et reste difficile à trouver. Peter Bootsma a toutefois tenu à rappeler le volontarisme d’une compagnie comme Air France, ayant mis en place une filière de biocarburants aéronautiques durables, en partenariat avec Total et Suez. Beaucoup pensent qu’il faut aller plus vite et plus loin. Yannick Assouad, directrice générale du groupe Latécoère, ne prévoit toutefois pas l’arrivée de l’avion hybride ou électrique avant 20 à 25 ans.

Les GAFA bien présents

«D’autres progrès technologiques devraient aider à atteindre ce cap des 8 milliards de passagers. Les datas et l’intelligence artificielle auront un impact dans des domaines aussi divers que les calculs de plans de vol, la recherche et la réservation de voyage, les chatbots, les analyses prédictives, les pubs ciblées…», a souligné Johnny Thorsen, VP de Mezi, une application d’assistant de voyage personnel basée sur l’IA.

Les compagnies pourraient profiter de nouveaux outils pour se désintermédier, notamment des OTA, et dégager des revenus additionnels. Pour Didier Bréchemier de la société de consulting Roland Berger, «l’industrie du transport aérien doit évoluer plus vite et multiplier les partenariats avec des sociétés technologiques». Avec à la clé de nouvelles opportunités offertes aux GAFA, dont Amazon et Google de plus en plus présents dans la revente de billets d’avion.

* IATA table sur 8,2 milliards de voyageurs aériens en 2037

**Le World Connect est organisé par APG, réseau mondial de représentants de compagnies aériennes, avec plus de 100 membres actifs, présents dans 176 pays, et plus de 200 compagnies aériennes clientes.

Les commentaires sont fermés.

Dans la même rubrique