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[Tribune] « Objectif de 100 millions de touristes en France ? Mr le Ministre, les plates-formes peuvent vous aider ! »

Dans une tribune, Timothée De Roux, président de l’UNPLV, pense que les plates-formes de locations d’appartements peuvent aider le gouvernement à atteindre ses objectifs touristiques, à condition d’assouplir la réglementation.

« Le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’exprimait récemment sur la difficulté pour la France d’atteindre l’objectif de 100 millions de touristes internationaux en 2020, qui a finalement été repoussé à 2022. Il a présenté par ailleurs les nouveaux défis de la politique du tourisme : la personnalisation des offres, l’adaptation à la nouvelle donne numérique et la diversification des produits.  L’UNPLV, l’association qui regroupe les principales plates-formes de la location de vacances (Airbnb, HomeAway Abritel, Leboncoin, TripAdvisor, Interhome, Clévacances, SeLoger Vacances, Poplidays), rappelle son savoir-faire en matière de promotion touristique et propose au gouvernement de mieux coopérer avec les plates-formes pour se rapprocher de cet objectif.

Les plates-formes de location en ligne représentent une partie de la solution. Les acteurs de la location saisonnière en ligne contribuent fortement à la croissance de l’industrie touristique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 36 millions de nuitées en 2018 dans des hébergements touristiques proposés par des particuliers via des plates-formes Internet (Insee Focus n°158 18/06/2019) et une fréquentation en hausse de 15% ! Ce secteur représente le mode d’hébergement touristique le plus dynamique du pays. Atout essentiel de la démocratisation des vacances, il répond notamment aux attentes des familles, des groupes d’amis, des étudiants, etc – autant de publics qui ne seraient pas nécessairement en mesure de séjourner en France s’ils devaient se loger à l’hôtel. A ce titre, la location constitue une solution idéale, parfois la seule, pour des publics à la recherche de solutions pratiques, abordables, pour des séjours plus longs. De plus, la location de vacances étant répartie sur l’ensemble du territoire (rappelons que 83% des logements loués sont situés en régions), elle représente un atout essentiel pour le développement de l’offre touristique dans certaines zones rurales où l’hôtellerie est peu ou pas présente. Elle est aussi une solution indispensable dans les périodes de très forte affluence touristique, que ce soit durant les vacances scolaires ou lors de grands événements organisés en France, qu’ils soient institutionnels, professionnels, culturels ou sportifs. Ces caractéristiques propres à ce secteur en font un levier formidable pour relever les défis de la personnalisation des offres et de la diversification touristique.

La puissance des plates-formes est par ailleurs indéniable s’agissant de la promotion et de l’attractivité des destinations françaises hors de nos frontières. Ces dernières utilisent toutes les ressources disponibles pour répondre aux évolutions des modes de consommation des vacanciers, ayant anticipé et accompagné la révolution induite par le numérique. Les plates-formes s’engagent déjà, via des partenariats privés/publics avec les régions, les villes et Atout France pour assurer une meilleure visibilité de certains territoires et permettre à la France de tenir la corde sur un marché global du tourisme qui est en forte croissance et qui connait une forte concurrence entre les destinations.

Mais l’empilement successif des réglementations entrave la capacité des plates-formes d’hébergements touristiques entre particuliers et pénalise la compétitivité de la destination France. Les plates-formes de location doivent en effet se conformer à des lois de plus en plus compliquées et qui ne cessent de s’accumuler (2 lois logement, une loi numérique, des lois de finances chaque année depuis 2014) suscitant interrogations et confusions chez les propriétaires d’hébergements et pour les communes qui sont chargées de mettre en œuvre la loi, conduisant à des situations ubuesques.

– Les plates-formes s’acquittent de l’obligation de collecter la taxe de séjour à la place des propriétaires mais doivent jongler entre autant de taux différents qu’il y a de communes, des classements en étoiles qui n’ont plus grande importance pour les touristes et constatent à quel point la location de vacances est discriminée au profit de l’hôtellerie au travers de barèmes qui ont bondi ces dernières années (multipliée par 3 au Grand Bornand, presque 4 à Cannes et par 6 à Dijon Métropole !).

Certaines communes qui ne sont pas sujettes à des problèmes de logement, ont recours à une réglementation qui n’est pas faite pour elles et imposent aux propriétaires un changement d’usage des résidences secondaires et un numéro d’enregistrement des meublés de tourisme quand elles feraient mieux de favoriser une activité qui attire les touristes.

-Les plates-formes doivent renseigner l’administration fiscale sur les revenus de leurs utilisateurs. Dans ce contexte, les plates-formes doivent collecter un autre numéro, le numéro d’identifiant fiscal.

– Elles doivent aussi transmettre des données aux villes, dans plusieurs formats différents correspondant à la qualité de leur interlocuteur, que ce dernier s’occupe de fiscalité ou de réglementation locale, au risque de se transformer en guichet administratif. Nos entreprises doivent constamment investir dans la mise en conformité avec les nouvelles réglementations, sans visibilité sur l’avenir et au détriment d’autres opérations de promotion qui permettraient de contribuer plutôt à l’attractivité touristique française.

L’UNPLV appelle donc à une pause et une simplification réglementaire pour que la France ne soit pas considérée, une fois encore, comme le pays à la législation la plus compliquée tant pour les entreprises que pour les particuliers qui souhaitent un complément de revenus en louant occasionnellement leur maison.

L’UNPLV appelle également à plus d’équité de la part du Gouvernement dans le traitement des acteurs touristiques afin de ne pas freiner un secteur dynamique et complémentaire de l’hôtellerie. Ce vœu passe par une meilleure intégration des plates-formes de locations aux discussions relatives à la politique du tourisme et aux comités de réflexion, pour qu’elles y aient toute leur place, comme les autres acteurs du tourisme en France.

Tous les acteurs du tourisme pourront alors soutenir l’effort commun de maintenir la France au premier rang des destinations touristiques mondiales et en accroître les retombées économiques ».

Timothée De Roux, président de l’ Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV) et directeur général d’Abritel.

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