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Tourisme durable : le juste prix

Le prix des produits touristiques devrait intégrer les coûts qu'ils font supporter à l'environnement et à la société, notamment les rejets de CO2 et pollutions diverses.

Trop de taxes, trop d'impôts, trop d'Etat… Les industriels de tout poil – le tourisme ne faisant pas exception comme en témoignent les levées de boucliers contre la taxe carbone – multiplient les arguments en faveur de l'allégement de leurs charges.

Plus largement, les partisans du libéralisme économique citent à foison Adam Smith et sa théorie de la main invisible. Mais ont-ils bien lu ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ? Il faut en douter.

La théorie d’Adam Smith se base sur le postulat d'une concurrence pure et parfaite. Or, dans ce système, pour que les agents économiques soient à égalité, il doit notamment être pris en compte ce que l'on appelle les externalités.

Aggravation du changement climatique

Le prix d'un produit devrait donc tenir compte des conséquences de sa fabrication, de son utilisation et de sa fin de vie, qu'elles soient positives ou négatives, sur l'ensemble des autres acteurs économiques, c'est-à-dire la société ou l'environnement.

Ce qui signifie que le prix d'un billet d'avion Paris-New York devrait intégrer le coût équivalent au rejet d'une tonne de CO2. Or, qui supporte les conséquences de l'aggravation du changement climatique avec ces 50 millions de réfugiés prévus d'ici 2020 ? Non pas le voyageur, mais la société dans son ensemble.

L'île Maurice et d'autres destinations balnéaires sont touchées par un recul des plages, une hypersédimentation et une destruction des coraux entraînant la disparition de la biodiversité et la ruine des pêcheurs. Or le prix des chambres d'hôtels ne prend pas compte les dégâts liés au développement hôtelier incontrôlé. Et là encore, c'est la société dans son ensemble qui paye, non le touriste.

Les investissements durables soumis à la rentabilité

Certes, certains acteurs du tourisme ont adopté des démarches durables. Le groupe Accor s'engage ainsi régulièrement à diminuer ses consommations d'eau et d'énergie, ses rejets de CO2, etc. Mais les aménagements pour y parvenir – isolation ou panneaux solaires – sont autant d'investissements soumis à des impératifs de rentabilité. Même constat pour les compagnies aériennes : la recherche de l'efficacité énergétique des avions répond avant tout à une maîtrise des coûts.

Soyons réalistes : aucune entreprise ne peut s'affranchir des lois du marché. Comme l'expliquait Yves Godeau, d'ATR, il y a quelques mois, "l'idéal, bien sûr, serait de limiter davatange la taille des groupes de touristes pour réduire l'impact sur l'environnement et favoriser les rencontres. Mais on ne peut s'aligner sur les prix des autres TO avec trois fois plus de chauffeurs et de guides". "Comment mettre en place des politiques sociales dans ses clubs à l'étranger ou investir dans le traitement des déchets si ces coûts supplémentaires nous placent hors marché", expliquait aussi le responsable du développement durable d'un voyagiste français ?

Solution : des règles au niveau mondial

De fait, tant que les entreprises ne seront pas soumises à des taxes sur leurs pollutions ayant un impact suffisant sur les prix (ou récompensés par des aides pour leurs investissements durables), elles n'auront aucun intérêt à faire des efforts en faveur de la protection de l’environnement, si ce n'est le souci de leur image de marque.

Certains expliqueront que la France est déjà la championne des taxes et que de nouveaux prélèvements n’aboutiront qu’à affaiblir les entreprises françaises et la destination, en créant de nouvelles distorsions de concurrence. C'est vrai. La seule solution, pour éviter toute distorsion de concurence et une délocalisation des pollutions, serait donc la mise en place de règles au niveau mondial. Mais l'OMT comme IATA sont pour l'instant les lobbies les plus puissants contre de telles mesures.

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