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SeaFrance joue sa dernière cartouche

Placée en liquidation, la compagnie de ferries bénéficie d’un ultime sursis pour trouver un repreneur. Si sa possible disparition n’enchante personne, ses concurrentes reconnaissent qu’elle serait une bouffée d’oxygène tant la guerre des prix est devenue intenable.

Liquidée mais pas coulée. En prononçant, le 16 novembre dernier, la liquidation judiciaire de SeaFrance tout en maintenant son activité jusqu’au 28 janvier et en autorisant jusqu’au 12 décembre le dépôt de nouveaux dossiers de reprise, le tribunal de commerce de Paris a choisi de donner une ultime chance à la compagnie. Une décision surtout destinée à laisser les repreneurs déjà déclarés de revoir une dernière fois leurs offres. En l’état, le juge a en effet rejeté les deux dossiers présentés. Celui associant la française LD Lines et le danois DFDS a été considéré comme susceptible d’entraîner un « risque de conflit social grave » au vu de l’hostilité des salariés. Le projet de Scop (société coopérative et participative) porté par la CFDT a au contraire le soutien de ces derniers mais il lui manquerait 20 à 25 millions d’euros de financement.

DES TRACTATIONS TRÈS DÉLICATES

Depuis le prononcé du jugement, les tractations vont donc bon train. Le 18 novembre, la région Nord-Pas-de-Calais a fait savoir qu’elle travaillait à une éventuelle participation d’environ 10 millions d’euros dans la Scop. Pour éviter d’enfreindre les règles européennes, ce soutien pourrait passer par une avance remboursable ou l’achat d’un bateau qui serait ensuite loué à la compagnie. Une initiative saluée par le secrétaire d’État aux Transports, Thierry Mariani, qui a également demandé la participation de la SNCF, maison-mère de SeaFrance, et l’introduction d’un « troisième partenaire privé ». Il devait aussi rencontrer à nouveau les promoteurs de la Scop cette semaine. Le montage promet toutefois d’être particulièrement délicat tant la réglementation en matière de concurrence est restrictive. Les transporteurs rivaux de SeaFrance en ont d’ailleurs fait l’une de leurs principales armes. Eurotunnel, qui exploite le tunnel sous la Manche, a ouvert le feu le 2 novembre en saisissant l’Autorité de la concurrence, estimant que l’offre de reprise de LD Lines et DFDS permettrait à ceux-ci de bénéficier des aides publiques versées par la SNCF à SeaFrance depuis l’an dernier. P&O Ferries a suivi en déposant une plainte auprès du Conseil de la concurrence de l’Union européenne, contestant le fait que les candidats à la reprise puissent acquérir à prix réduit les actifs de la compagnie et laisser la SNCF, groupe public, assumer la charge de la dette, évaluée à plus de 150 millions d’euros.

LES COMPAGNIES RIVALES INVOQUENT LA SURCAPACITÉ

Les concurrents chercheraient-ils à clouer SeaFrance au pilori ? « Nous ne pouvons pas souhaiter la disparition d’un des derniers armements français, mais c’est vrai que le marché transmanche est en surcapacité », reconnaît la porte-parole d’une compagnie rivale. Selon elle, la conséquence est une « guerre des prix qui s’est encore aggravée cette année », au risque de devenir intenable pour les opérateurs maritimes. Sur le trafic passager, ces derniers affichent pourtant des chiffres globalement corrects. LD Lines est en progression par rapport à l’an dernier sur Le Havre-Portsmouth et Dieppe-Newhaven, tout comme DFDS sur Dunkerque-Douvres (environ +3 %). P&O, de son côté, décrit un trafic à l’équilibre sur la ligne Calais-Douvres (celle qu’opère aussi SeaFrance), de même que Brittany Ferries sur ses liaisons France-Angleterre. La compagnie bretonne a toutefois décidé de réduire la voilure cet hiver, en suspendant ses départs de Cherbourg jusqu’à mars, ce qui va conduire à la mise au chômage partiel d’une centaine de salariés.

Les bateaux de SeaFrance, quant à eux, restent pour l’instant bloqués à quai. Un arrêt des opérations décidé par la direction, officiellement pour des raisons de sécurité, et qui doit être examiné par un médiateur nommé le 22 novembre par le tribunal de grande instance de Paris. Mais selon des proches du dossier, c’est surtout par manque d’argent que les bateaux ne naviguent plus. Il n’y aurait plus que quelques jours de trésorerie dans les caisses de la compagnie…

La DSP attribuée à la SNCM et à la Méridionale a été constestée par Corsica Ferries. La justice lui a donné raison en appel.

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